Guy Malher, un chef d’entreprise visionnaire en santé animale - La Semaine Vétérinaire n° 1676 du 25/05/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1676 du 25/05/2016

HOMMAGE

ACTU

Auteur(s) : Anne-Claire Gagnon

Il a porté haut les couleurs des vétérinaires en faisant partie des dirigeants capables d’avoir une vision à 20 ans pour leur entreprise. Guy Malher (A 54) inspirait un profond respect à tous. Il nous a quittés le 18 mai.

Sorti de l’École nationale vétérinaire d’Alfort en 1954, Guy Malher a été un des premiers à compléter son diplôme vétérinaire par des études en économie à l’Institut d’études politiques de Paris et au Centre de perfectionnement aux Affaires de Lyon (Rhône).

Économiste et entrepreneur en santé animale

Charles Mérieux lui demande dès 1957 de le rejoindre comme directeur commercial pour lancer les fameux contrats de vaccination antiaphteuse à l’Institut Mérieux, à Lyon, où il passera 40 années à ses côtés, gravissant tous les échelons : vice-PDG de l’institut en 1990, puis PDG de Rhône-Mérieux jusqu’en 1997, poste qu’il quittera juste avant la création de Merial. C’est lui qui avait su anticiper la révolution technologique autant qu’internationale de son entreprise, et programmé la production à Porte des Alpes, sur la route de l’aéroport, hors du site historique de Gerland, où il avait fait construire le nouveau siège en 1990. Sa déconstruction récente l’avait attristé, en ancien patron respectueux des investissements.

Un passionné des moyens de transport

Dès 1974, il s’était engagé à la chambre de commerce et d’industrie de Lyon (CCI, dont il deviendra président de 1994 à 2000) avec le même talent de visionnaire qu’au sein de l’entreprise. C’est à lui que feu l’aéroport de Lyon-Satolas doit son développement sous le nom de Lyon-Saint-Exupéry, tout comme l’École supérieure de commerce de Lyon son essor à l’international. Il avait été chargé par le ministère des Transports, dès 1995, d’une mission de réflexion sur l’évolution des aéroports et des compagnies aériennes, qui lui valut d’être élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur en 2007. Il s’était passionné pour l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry, avec l’ouverture du hub Air France qui fit s’envoler le nombre de passagers de 4 à 6 millions en 5 ans.

Il a porté haut les couleurs des vétérinaires en faisant partie de ces patrons capables d’une vision à 20 ans, voire plus, non seulement pour son entreprise, mais également pour l’économie de sa région.

Un père attentionné

Son travail, c’était sa vie, témoigne Bertrand, un de ses fils, qui évoque ce père très attentionné, à l’humour pince-sans-rire : « Il se souvenait mieux des blagues que nous » et était toujours prêt à mettre les mains dans un moteur. « Il fallait qu’il démonte, qu’il comprenne et répare. » Il inspirait à tous un profond respect et savait parler avec la même humanité à ses collaborateurs, son assistante ou son chauffeur, avec lequel il partageait la passion des voitures, en collectionneur averti qu’il était. « Un véritable prince de la voiture, qui aurait pu être diplomate tant il savait formuler les choses avec tact. Il avait pour chacun l’attention d’un bon père de famille. Entre le D r Mérieux, qui voyait plus loin que l’horizon, et Guy Malher, j’ai été à très bonne école. »

Certains confrères se souviennent aussi de leur première rencontre avec Guy Malher en 1983 au Congrès mondial vétérinaire, en Australie. « Il était venu au-devant de la jeune génération quatre étudiants représentant chacune des écoles nationales vétérinaires pour nous convier à la soirée Mérieux au Royal yacht-club de Perth. Malgré la fatigue du décalage horaire et le rythme soutenu du docteur, toujours sur le pont dès 4 heures du matin avec de nouvelles idées, nous avait-il confié, Guy Malher gardait intacte cette profonde affabilité et ce sourire qui se prolongeait jusqu’au coin des yeux, avec une autorité et une élégance naturelles qu’il a conservées toute sa vie durant. »

Guy Malher s’est éteint, à l’âge de 84 ans, mercredi 18 mai à Paris, des suites d’une longue maladie. Un hommage unanime lui a été rendu à Lyon par la CCI, ainsi qu’à Paris à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

  • La rédaction de La Semaine Vétérinaire présente ses sincères condoléances à l’épouse de Guy Malher et à ses trois fils, ainsi qu’à toute sa famille.
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