115 ans au service de la santé animale

La création du laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort, en 1901, par Edmond Nocard, en collaboration avec Émile Roux, en fait l’un des plus anciens laboratoires au monde spécialisés dans l’étude des maladies infectieuses animales. Ce laboratoire de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dispose aujourd’hui de 23 mandats de référence, dont 8 internationaux et 15 nationaux, pour des maladies animales d’importance majeure, comme la tuberculose bovine ou la fièvre aphteuse. Patrick Dehaumont, directeur général de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), a profité de cette journée anniversaire pour remercier les experts qui y travaillent.

Les défis de la recherche

La réémergence de certaines maladies animales et l’émergence d’autres posent de nouveaux défis. Ainsi, la fièvre aphteuse, à l’origine de la création du laboratoire, sévit encore dans 130 pays. Un projet d’éradication d’ici à 2030 a été lancé. La réémergence de la fièvre catarrhale ovine l’année dernière a mobilisé les équipes du laboratoire, qui ont notamment isolé un nouveau sérotype du virus. Michel Cerres, éleveur et président d’Allice, fédération de coopératives de sélection et de reproduction animales, a témoigné des conséquences économiques pour l’élevage français de ces crises sanitaires, et insisté sur l’importance de la recherche appliquée.

Les maladies vectorielles sont au cœur des préoccupations du laboratoire, et la nouvelle plateforme d’infectiologie hautement sécurisée Icube, qui ouvrira ses portes dans les semaines à venir, comportera notamment un insectarium, afin de faciliter l’étude des tiques, des phlébotomes et des culicoïdes. Pascal Boireau, directeur du laboratoire, a d’ailleurs présenté la notion de “pathobiome”, et rappelé l’importance d’étudier les multiples interactions entre un agent pathogène et son hôte, pour identifier des cibles pertinentes pour le traitement et la vaccination.

Ces défis scientifiques et technologiques nécessitent des investissements continus, en matériel de pointe, comme l’a souligné Jean-Luc Angot, président de la commission européenne de lutte contre la fièvre aphteuse, tout comme en personnel compétent, comme l’a fait remarquer Gilles Salvat, directeur de la santé animale et du bien-être des animaux à l’Anses.

La force des partenariats

La mutualisation des compétences humaines et du matériel ainsi que le développement de partenariats avec des entreprises privées sont des voies pour aider à financer les investissements nécessaires pour soutenir l’innovation. Stephan Zientara, directeur adjoint du laboratoire, a souligné le dynamisme des échanges et des collaborations avec d’autres chercheurs de pays européens et de pays tiers, et l’appartenance du laboratoire à de nombreux réseaux, dont Epizone et MedVetNet. Les partenariats sont également forts à l’échelle locale. Renaud Tissier, directeur scientifique de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), a mis en valeur l’intérêt de l’adossement de la recherche et de l’enseignement, l’émulation créée par la présence du laboratoire dans l’enceinte de l’ENVA. Cette émulation a également été soulignée par Françoise Botterel, médecin et professeur en parasitologie-microbiologie au centre hospitalier universitaire Henri-Mondor, à Créteil (Val-de-Marne). L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) est également fortement impliqué au sein des unités mixtes de recherche, comme l’a rappelé Thierry Pineau, chef du département de la santé animale à l’Inra.
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