À l’épreuve de la réorientation

La question de l’adaptabilité se pose avec force quand, juste après les études ou après quelques années de pratique, le jeune vétérinaire prend réellement conscience qu’il a fait fausse route. Peut-être l’avait-il déjà pressenti, en doutant quelque peu du bien-fondé de son orientation professionnelle. Son estime de lui-même, cependant, avait jusque-là suffi à passer outre, entretenue qu’elle était par l’image valorisante que la société lui renvoyait de son métier. Il refusait la réalité.

Hélas n’était-il sans doute pas suffisamment armé pour affronter, avec l’enthousiasme et la confiance nécessaires, les contraintes de la pratique vétérinaire. Au fil des années, gagné par l’abattement, constatant un retour positif moindre de ses clients qui le perçoivent, son bilan lui apparaît désormais négatif ! Il file tout droit vers une phase de décompensation psychique.

Il lui faut alors envisager de changer de métier, et ce n’est pas simple. À la pression sociale, qui ne s’évacue pas aussi facilement, s’ajoute la pression familiale. Les implications que suppose cette réorientation (investissement en temps pour la réflexion et pour une éventuelle formation complémentaire, période de chute de revenus, inconfort de vie) affectent la famille qui doit également s’adapter. La capacité d’adaptation du vétérinaire est alors mise à rude épreuve.
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Sources : entretiens avec Laurent Jessenne (A 88), Emmanuel Thébaud (N 97) et Gil Wittke (A 88).