Présence et effets des mycotoxines “modifiées” dans l’alimentation des porcs - La Semaine Vétérinaire n° 1674 du 13/05/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1674 du 13/05/2016

conférence

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : Lorenza Richard

Des mycotoxines “modifiées” et “masquées” dans l’aliment peuvent exposer les porcs à une plus forte toxicité que celle qui est évaluée, car elles ne sont pas prises en compte dans les réglementations.

Formes modifiées

D’après une enquête récente, 70 % des échantillons d’aliments destinés aux animaux sont contaminés par des mycotoxines, qui ont des effets très divers sur le porc. Leur toxicité dépend notamment de la dose ingérée, de la durée d’exposition, de l’âge de l’animal, de son état de santé et de son statut hormonal et nutritionnel. Les recommandations pour l’alimentation animale sont édictées pour six mycotoxines : aflatoxines B1 et B2, déoxynivalénol, toxines T2 et HT2, fumonisines B1 et B2, ochratoxine A et zéaralénone. De nouvelles méthodes de détection ont mis en évidence des produits de transformation de ces molécules “natives”. Ces dérivés, dits mycotoxines modifiées ou masquées, sont issus de modifications des structures et peuvent également se retrouver dans l’alimentation des porcs (encadré). Peu de données sont encore disponibles, mais leur proportion par rapport à la mycotoxine native n’est souvent pas négligeable (de 20 à 30 % pour le déoxynivalénol et la zéaralénone).

Toxicité

Des études récentes se sont intéressées à la toxicité intrinsèque de ces composés et à leur métabolisation, afin de déterminer si elles sont reconverties en toxines natives chez l’animal. Elles ont porté essentiellement sur les dérivés du déoxynivalénol (12 recensés) et de la zéaralénone (neuf dénombrés), mycotoxines les plus susceptibles d’être retrouvées dans l’alimentation du porc. Les résultats obtenus montrent que les formes masquées (biotransformées par la plante) sont moins toxiques que les natives et plus facilement excrétées par les animaux. La toxicité intrinsèque des autres formes semble inexistante, bien que celle des dérivés de la zéaralénone puisse être augmentée.

Toutefois, la forme native de la zéaralénone est retrouvée dans les urines et les fèces de porcelets exposés oralement durant 2 semaines à l’un de ses dérivés modifiés. De même, une grande partie de la forme modifiée de déoxynivalénol administrée par voie orale est excrétée dans l’urine sous la forme native.

Reconversion en forme native

Certaines mycotoxines modifiées sont ainsi reconverties dans l’estomac, l’intestin grêle ou le côlon de l’animal en leur forme native, qui est réabsorbée au niveau intestinal. Cette transformation serait essentiellement réalisée par la flore digestive (notamment une hydrolyse par l’acide lactique produit par certaines bactéries). Elle pourrait ainsi augmenter de façon significative l’exposition de l’animal à la toxicité de la forme native. Afin de tester la sécurité des aliments pour les porcs à la suite de cette découverte, la caractérisation du risque associé à l’exposition des animaux à certaines mycotoxines modifiées de quatre groupes a été effectuée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en 2014. Il montre qu’il n’est pas suffisant pour remettre en cause les recommandations en vigueur dans l’alimentation porcine. Toutefois, une réévaluation est en cours pour la zéaralénone, les fumonisines et le déoxynivalénol, et aucune recherche n’a encore été menée pour l’ochratoxine et les aflatoxines.

Les différents types de mycotoxines


• Natives : structures de base des mycotoxines formées par les moisissures.
• Associées à une matrice ou cachées : lorsqu’elles sont liées à une matrice (polysaccharides, protéines, etc.).
• Modifiées biologiquement : composés issus d’une biotransformation (oxydation, réduction, hydrolyse ou conjugaison) par une moisissure, une plante ou un animal. Elles sont dites “masquées” lorsqu’elles sont issues d’une réaction de conjugaison dans la plante.
• Modifiées différemment : composés issus de la transformation par des bactéries.
• Modifiées chimiquement : thermoformées lors de la transformation alimentaire (cuisson, grillage, congélation, extrusion) ou non thermoformées (par les rayons UV, par exemple).
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