Biosécurité : un concept nouveau à expliciter en élevage bovin - La Semaine Vétérinaire n° 1674 du 13/05/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1674 du 13/05/2016

Conférence

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : Lorenza Richard

L’amélioration de la biosécurité est l’un des objectifs du plan ÉcoAntibio 2017. Les mesures sont toutefois encore mal appliquées en élevage bovin. Afin de repenser les conseils à dispenser dans ce domaine, une enquête a été réalisée par l’Institut de l’élevage auprès de 45 éleveurs de bovins laitiers ou allaitants en 2014 et de 127 vétérinaires ruraux en 2015.

Un terme méconnu

Le mot “biosécurité”, relativement nouveau en élevage bovin, est méconnu par 77 % des éleveurs sondés. Il est associé par certains à l’élevage intensif ou à des risques industriels, et son image est négative. Les éleveurs possédant également un atelier hors-sol de porcs ou de volailles connaissent ce terme, mais il ne leur paraît pas s’appliquer à leur production bovine.

De plus, les vétérinaires ayant répondu à l’enquête confirment ne citer que rarement le mot biosécurité avec les éleveurs. Il est pourtant employé dans les revues professionnelles ou dans les plaquettes des groupements de défense sanitaire. Il doit ainsi être davantage expliqué, afin de faire évoluer les représentations des exploitants, en rappelant sa définition et les mesures applicables (voir ci-dessous).

Biosécurité externe : mieux appliquée

Les éleveurs sont plus sensibles aux risques de contamination externe. Le statut sanitaire pour les maladies réglementées des animaux échangés est classé parmi les trois mesures les plus importantes par 57 % des éleveurs. Les précautions concernant les autres maladies sont toutefois moins appliquées. Les vétérinaires sondés confirment que peu de prises de sang sont réalisées à l’introduction, et que les quarantaines sont rarement observées, notamment en raison des difficultés d’isolement des animaux dans les bâtiments. De plus, les pédiluves sont peu utilisés. Certaines pratiques de respect de l’hygiène, commel’utilisation de vêtements à usage unique, sont abandonnées dans la durée en raison de la routine de travail. Enfin, la limitation des contacts avec les troupeaux voisins est considérée comme contraignante en matériel et peu importante, comparée au contact avec la faune sauvage, contre laquelle les éleveurs se sentent souvent démunis.

Co-innover avec les éleveurs

Concernant les mesures internes, la gestion des animaux malades est importante pour plus de 60 % des éleveurs et l’hygiène des bâtiments pour la moitié d’entre eux. Les vétérinaires affirment toutefois que l’isolement total des malades est rare et que la désinfection complète des bâtiments n’est effectuée que lors de problème sanitaire. Les freins sont liés aux habitudes de travail et aux bâtiments existants.

La marche en avant est peu connue et les praticiens en parlent peu.

Enfin, la motivation principale des éleveurs pour appliquer la biosécurité est la réduction des frais vétérinaires (citée parmi les trois premières raisons par 93 % d’entre eux), loin devant les autres motifs. Les praticiens peuvent ainsi appuyer sur la prévention en santé. Toutefois, l’expérience d’autres éleveurs est souvent bien plus écoutée que les conseils des vétérinaires. Une perspective serait de les sensibiliser à partir de collectifs d’éleveurs et de co-innover avec eux pour des solutions pratiques de biosécurité.

1 Étude réalisée par Mounaix B., Thirion M., David V. La biosécurité vue par les éleveurs de bovins et leurs vétérinaires. Institut de l’élevage. 2015:4p. bit.ly/1T6PLIu.

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