Virus Zika : quel risque d’introduction en Europe ?

Le virus Zika est identifié dans plus d’une trentaine de pays d’Amérique latine et de la Caraïbe, et a affecté plus de 1,5 million de personnes depuis 2015. Corrélativement, le nombre de cas humains importés en Europe à partir du continent américain est, lui aussi, en nette augmentation. Ce virus¹, de la famille des Flaviridae, est transmis à l’homme par les moustiques du genre Aedes, A. albo pictus et/ou A. aegypti. Or, A. albopictus est présent dans 20 pays européens, notamment en France, dans 30 départements. Le risque d’une transmission locale du virus Zika en Europe est donc à craindre.

A. albopictus vs A. aegypti

Des chercheurs de l’Institut Pasteur se sont donc intéressés à évaluer la compétence vectorielle de quatre populations de moustiques Aedes, circulant sur l’île de Madère (Funchal et Paúl do Mar) et dans le sud de la France (Nice et Bar-sur-Loup). Leurs travaux révèlent que le moustique A. aegypti, présent à Madère, est plus enclin à soutenir une transmission locale du virus Zika qu’A. albopictus. Chez A. aegypti, le virus ne met que neuf jours à effectuer un cycle complet et à atteindre les glandes salivaires de l’insecte, prêt à être inoculé à un nouvel hôte lors d’une piqûre. A. albopictus, lui, réalise ce même cycle en 14 jours, ce qui limite de manière conséquente la transmission. Ceci suggère que « les risques d’épidémie de Zika en Europe continentale demeurent limités », selon des chercheurs de l’Institut Pasteur. Il semblerait ainsi que le moustique tigre du sud de la France (A. albopictus), et probablement d’Europe continentale, soit moins capable d’assurer une transmission locale du virus Zika, ce qui réduirait la menace aux régions où se trouve A. aegypti, soit sur l’île de Madère. Pour autant, des scénarios d’introduction de ce dernier ne sont pas à exclure, notamment par l’intermédiaire de voyageurs de retour des Jeux olympiques en août prochain, ajoutent les chercheurs.

• 1 À l’origine de fièvre, d’éruptions cutanées, de conjonctivite, de douleurs musculaires et articulaires, d’un état de malaise et de céphalées. Si ces symptômes restent, en général, bénins, des complications graves sont imputées au virus, telles que le syndrome de Guillain-Barré ou encore des nouveau-nés atteints de microcéphalie.