Le Saut du lapin

L’art est le produit émotionnel de la nature, disait Amadeo de Souza-Cardoso (1887-1918). La nature est source de vie, de sensibilité, de couleur, de profondeur, d’action mentale, de puissance affective… » Pionnier de l’avant-garde portugaise, le peintre, méconnu du grand public, est resté dans l’ombre de la révolution artistique qui a secoué le début du xx^e siècle. Aussi intense que brève (il meurt en 1918, à 30 ans, de l’épidémie de grippe espagnole), sa carrière laisse pourtant une œuvre étourdissante, nourrie à diverses influences (dont tous les grands mouvements de rupture esthétiques : impressionnisme, fauvisme, cubisme, futurisme) et qui n’en trace pas moins une voie singulière, artistiquement exemplaire.

L’artiste, dont cette belle exposition du Grand Palais rassemble 300 œuvres, a partagé sa création entre deux mondes : le Paris des avant-gardes (1906-1914), dont il contribue activement à l’effervescence (proche de Modigliani, de Brancusi, du couple Delaunay), et le nord du Portugal, dont il est originaire et qui est également une matrice pour sa pensée plastique. Dans une même dynamique, Cardoso opère une fusion entre les thèmes locaux et le vertige du monde moderne citadin. Ses toiles, entre abstraction et figuration, ni narratives ni illustratives, détournent librement les significations et les formes. Simplicité des motifs et travail de la couleur traduisent paysages, animaux, objets - sans hiérarchie - en matière de mouvement et de vibration. Et les natures mortes prennent vie.

Amadeo de Souza-Cardoso, du 20 avril au 18 juillet 2016, Grand Palais à Paris (galeries nationales, entrée square Jean-Perrin), tous les jours, sauf le mardi, de 10 heures à 20 heures (mercredi jusqu’à 22 heures), www.grandpalais.fr.