Le Gemi met à l’honneur la cancérologie et les urgences

Cette année, le groupe d’étude en médecine interne (Gemi) a convié non pas une mais deux autres entités de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), les groupes d’étude en oncologie (GEO) et en urgentologie et réanimation (GEUR) lors de ses journées annuelles, qui se sont déroulées du 7 au 9 avril à Avignon (Vaucluse). Cette approche multidisciplinaire a notamment permis d’aborder plusieurs situations d’urgence.

Obstruction urétrale : voir plus loin que l’urgence

La prise en charge d’un chat avec une obstruction urétrale doit être la plus rapide possible (15 minutes idéalement). Mais il convient aussi de prévenir dès le départ les propriétaires des risques importants de récidive : un tiers rechute lors de l’hospitalisation et la moitié nécessitera au final une urétrostomie. Outre la levée de l’obstacle, le traitement associe une fluidothérapie à base de Ringer lactate, la correction d’une éventuelle hyperkaliémie, un traitement antalgique, mais pas une antibiothérapie en première intention sans hyperthermie. Mais le praticien ne doit pas se limiter à la crise obstructive, car il est important de bien gérer “l’après” en recherchant l’origine de l’obstruction, puis en prenant en charge, notamment, la cystite idiopathique ou les calculs urinaires.

L’oxygène, premier médicament de la dyspnée

Autre situation : l’animal dyspnéique. L’oxygénothérapie est, dans ce cas, le premier médicament à utiliser. La sonde nasale est la technique de choix pour une oxygénothérapie de courte ou de longue durée. Peu onéreuse et facile à mettre en place, elle est généralement très bien tolérée. Les lunettes à oxygène sont une alternative intéressante chez les brachycéphales.

Catégoriser les anémies

Fréquemment rencontrées en pratique quotidienne, les anémies doivent être catégorisées selon leur caractère régénératif ou non, objectivé par un nombre de réticulocytes chez le chien et le chat supérieur respectivement à 60 000 et à 42 000 par mm³. L’anémie hémolytique est en général très régénérative, comme lors d’hémorragie. Cependant, ce caractère peut être absent au cours de la première semaine d’évolution, surtout chez le chat. Une splénomégalie et une hépatomégalie, un ictère, une bilirubinurie chez le chat suggèrent une anémie hémolytique extravasculaire. Lorsqu’elle est intravasculaire, les urines sont noires (couleur Coca-Cola) et le plasma rouge. Chez le chien, les anémies hémolytiques sont le plus souvent à médiation immune, alors qu’elles sont plutôt d’origine infectieuse chez le chat (virus de la leucose féline, hémobartonellose, notamment).

Consensus sur le lymphome

Comme tous les ans, le congrès s’est terminé par la réunion de consensus, consacrée cette année au lymphome canin, sous l’égide du GEO. Toujours en adoptant une approche de type evidence-based medicine à partir des données scientifiques actuelles, des recommandations sémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques ont été avancées. Entre autres recommandations, il convient de réaliser un examen complet avec un recensement des nœuds atteints, des examens ophtalmologique, sanguin (réalisation d’un frottis sanguin lors de modifications hématologiques) et urinaire. Un myélogramme n’est indispensable que pour les lymphomes B diffus à grandes cellules. Une échographie abdominale est intéressante lors de risque de syndrome de lyse tumorale notamment, tandis qu’une radiographie est réalisée lors de troubles respiratoires. Enfin, il est indispensable de demander un typage du lymphome à partir d’un examen cytologique ou histologique associé à des immunomarquages. En effet, la chimiothérapie peut ne présenter aucun intérêt dans certains lymphomes.

Pour la première année, des travaux pratiques ont été proposés à tous les participants, abordant tour à tour les cholangites au travers de cas cliniques, les bons gestes lors de la réalisation d’examens complémentaires en cancérologie ou encore le suivi d’un protocole de chimiothérapie en fonction des molécules employées.