Paratuberculose ovine : vacciner à long terme les cheptels infectés est conseillé - La Semaine Vétérinaire n° 1671 du 22/04/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1671 du 22/04/2016

CONFÉRENCE

Pratique mixte

FORMATION

Auteur(s) : Yoann Mathevon*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*UMR 1225 IHAP, Inra-ENVT
(Haute-Garonne).
Article rédigé d’après une présentation
faite lors des 22es journées 3R à Paris,
les 2 et 3 décembre 2015.

Il est essentiel de maintenir la vaccination à long terme contre la paratuberculose dans les troupeaux ovins infectés, même après la disparition des symptômes, afin de maîtriser la maladie. C’est le résultat d’une étude menée entre 2009 et 2014 sur 19 cheptels sélectionneurs en race causse du Lot, dans lesquels l’infection par Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis (MAP) a été démontrée.

Réponse sérologique persistante

Les 19 élevages sont adhérents à l’organisation de producteurs Ovilot (Lot). Pour l’étude, les agnelles de renouvellement des neuf troupeaux où la séroprévalence est la plus élevée sont vaccinées tous les ans (vaccin Gudair®, par injection sous-cutanée d’une dose entre 4 et 6 mois d’âge), et aucune vaccination n’est pratiquée dans les 10 autres cheptels (séroprévalence initiale significativement plus faible).

Dans les élevages vaccinés, la réponse en anticorps (sérologie Elisa) est très élevée chez plus de 95 % des brebis (rapport S/P ou sample over positive de 158 % en moyenne, alors que le seuil de positivité du test est de 70 %). De plus, aucune décroissance significative n’est observée avec l’âge (animaux testés entre 1 et 5 ans d’âge).

Cette réponse sérologique postvaccinale, qui semble ainsi durable à un niveau élevé n’est pas en faveur de l’utilisation de la sérologie pour le suivi des nouvelles infections dans les troupeaux vaccinés. Ces résultats diffèrent de ceux de la bibliographie1, où la séroprévalence chute rapidement chez les animaux de plus de 2 ans. La raison de la persistance des réponses serait liée au protocole vaccinal appliqué dans les élevages lotois, car les agnelles sont vaccinées entre 4 et 6 mois, contrairement à la plupart des études publiées où l’âge à la vaccination est compris entre 1 et 3 mois, soit 1 à 3 mois plus tard que les animaux de la bibliographie, avec probablement une meilleure stimulation du système immunitaire.

Réduction de l’excrétion fécale

La prévalence d’excrétion de MAP, mise en évidence par quantitative polymerase chain reaction (qPCR), est apparue homogène pour les élevages vaccinés depuis 5 ans (inférieure à 4 % dans huit des neuf élevages). À l’inverse, dans le groupe des troupeaux non vaccinés, elle était très hétérogène (0 à 30 %, supérieure à 10 % dans quatre des 10 élevages). Cependant, compte tenu du faible nombre d’élevages, la prévalence d’excrétion de Map, n’était pas significativement différente entre les deux groupes. À l’échelle individuelle, les profils de dispersion des brebis positives en qPCR étaient similaires, avec environ une moitié d’animaux faiblement excréteurs (moins de 100 bactéries/g de fèces) et 5 % de fortement excréteurs (plus de 10 000 bactéries/g de fèces). En faisant l’hypothèse qu’une séroprévalence initiale plus élevée dans les troupeaux ayant mis en place une vaccination correspondait à une prévalence d’excrétion initiale aussi plus importante, ces résultats suggèrent que la vaccination réduit la prévalence d’excrétion. Cependant, l’excrétion n’est pas annulée. Il serait nécessaire de confirmer l’hypothèse d’une corrélation positive entre séroprévalence et excrétion fécale pour assurer que la vaccination réduit l’excrétion, donc la contamination envionnementale.

Enfin, les éleveurs témoignent d’une forte réduction des réformes précoces liées à la paratuberculose et de la mortalité dans les troupeaux vaccinés. D’après ce ressenti et les divers résultats présentés, il apparaît que la maîtrise de la paratuberculose ovine par vaccination est un processus à long terme qui doit être maintenu même après la disparition de tout trouble clinique lié à la maladie. Le coût est un frein majeur à la mise en place d’une telle stratégie (vacciner tous les ans les agnelles de renouvellement). L’impact économique de la vaccination doit être étudié, afin de déterminer le bénéfice que l’éleveur pourrait en retirer.

  • 1 Dhand N. K., Johnson W. O., Eppleston J. et coll. Comparison of pre- and post-vaccination ovine Johne’s disease prevalence using a Bayesian approach. Prev. Vet. Med. 2013;111 (1-2):81-91.

    Windsor P. A., Eppleston J., Dhand N. K. et coll. Effectiveness of Gudair® vaccine for the control of ovine Johne’s disease in flocks vaccinating for at least 5 years. Aust. Vet. J. 2014;92 (7):263-268.

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