Prise en charge de la démodécie - La Semaine Vétérinaire n° 1670 du 15/04/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1670 du 15/04/2016

CONFÉRENCE

Pratique canine

FORMATION

Auteur(s) : William Bordeau*, Charlotte Devaux**

Fonctions :
*Cabinet VetDerm, Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Article rédigé d’après une webconférence de mars 2015, organisée en partenariat avec Merial et le Gedac.

Certains éléments de l’anamnèse peuvent être en faveur d’une démodécie. Ainsi, une dermatose peu prurigineuse apparue après un traitement aux corticoïdes, sans variation saisonnière et présentant une amélioration partielle sous antibiotique doit faire penser à une démodécie. Le diagnostic repose sur l’observation des Demodex ou des œufs, reconnaissables à leur forme de citron étiré sur les côtés, sur un raclage cutané. Une démodécie chez l’adulte doit, par ailleurs, amener à rechercher des causes sous-jacentes (syndrome de Cushing, administration de corticoïdes, hypothyroïdie), qu’il conviendra de traiter pour pouvoir contrôler la démodécie.

Traitement

Le traitement est toujours long. La guérison clinique précédant la guérison parasitaire, il est poursuivi jusqu’à l’obtention de deux raclages cutanés négatifs à un mois d’intervalle. Associer un traitement topique et systémique ne présente pas d’intérêt thérapeutique : la guérison n’est pas plus rapide et le risque d’intoxication est augmenté. Le choix de la molécule est à réfléchir en fonction du propriétaire, du chien, de l’étendue et de la gravité des lésions. Une molécule qui dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) doit toujours être employée en première intention.

La moxidectine (Advocate(r)) est appliquée une fois par mois à une fois par semaine. Elle est à réserver aux démodécies peu évoluées (car elle n’est efficace que dans 40 à 50 % des cas) et aux propriétaires avec peu de moyens. Elle ne doit pas être utilisée chez le chiot de moins de 7 semaines. En cas d’absence d’efficacité après 2 mois de traitement, il convient de changer de molécule.

L’amitraz (Ectodex(r)) est à appliquer tous les 5 à 7 jours, après avoir préparé de façon extemporanée une solution concen?trée à 0,05 %. Le risque d’intoxication, avec troubles neurologiques, doit être pris en compte. Ses contre-indications sont la présence de lésions suppurées ou ulcérées, une atteinte faciale ou un diabète. Il est déconseillé de l’employer chez le chihuahua et le chiot de moins de 3 mois. Enfin, il convient de s’assurer que le propriétaire sera en mesure de réaliser les soins correctement. L’amitraz est aussi présent dans Promeris Duo(r) (application mensuelle, ne pas utiliser chez le chiot de moins de 2 mois), mais peu d’études sont disponibles.

La milbémycine oxime (Interceptor(r)) présente l’intérêt d’être très efficace, avec une grande marge de sécurité, même chez le colley. Elle est employée à la dose de 1 mg/kg/j. Son inconvénient est son prix prohibitif.

L’ivermectine (Ivomec(r)) n’est à utiliser qu’en dernier recours. Cette molécule fonctionne très bien mais peut présenter des effets secondaires neurologiques. Les individus des races à risque de mutation MDR1 doivent être testés génétiquement avant utilisation. Dans les autres races, une intoxication liée à la dose peut aussi être observée. Il est conseillé d’augmenter graduellement la dose sur plusieurs jours et de surveiller l’apparition d’effets secondaires. L’intoxication peut survenir au bout de plusieurs mois. L’utilisation se fait par voie orale. L’efficacité n’est pas démontrée par injection ou en pour on.

Prévention

Les chiennes démodéciques sont écartées de la reproduction et stérilisées pour éviter la transmission aux descendants. Même après guérison, un chien démodécique ne doit pas recevoir de corticoïdes, même topiques, sous peine de voir réapparaître sa démodécie.

QUE FAIRE EN CAS DE PYODÉMODÉCIE ?

Le premier geste à accomplir est une tonte des lésions qui permet de mieux les observer et de faciliter les examens complémentaires et les traitements. Des calques cutanés sont réalisés sur les lésions suppuratives. Si des coques sont identifiées, une antibiothérapie probabiliste peut être entreprise. En revanche, dans le cas de bacilles ou si un traitement antibiotique a déjà été administré auparavant, il convient d’effectuer une bactériologie et un antibiogramme. L’antibiothérapie est poursuivie 15?jours à 3?semaines après la disparition des lésions (un risque de récidive existe si l’arrêt est trop précoce). Lors de pyodémodécie, il importe d’effectuer des shampoings à la chlorhexidine. Quand des comédons sont présents (souvent chez le carlin), un shampoing antiséborrhéique est employé. La gestion de l’aspect bactérien ne doit pas faire oublier que, si la démodécie n’est pas gérée, la pyodermite ne pourra pas être contrôlée.

Le premier geste à réaliser lors de pyodémodécie est une tonte des lésions qui permet de mieux les observer et de faciliter les examens complémentaires (calques) et les traitements. Il importe d’effectuer des shampoings avec de la chlorhexidine.

DEMODEX INJAI, UNE FORME ÉMERGENTE

La démodécie canine est surtout représentée par Demodex canis, mais, depuis quelques années, d’autres espèces sont régulièrement identifiées. D. cornei, qui serait une forme courte de D. canis, se localise dans la couche cornée de l’épiderme. D. injai vit au sein des follicules pileux et des glandes sébacées. La démodécie à Demodex injai touche préférentiellement les terriers (westie, fox-terrier, yorkshire, scottish, etc.), chez des chiens généralement âgés de plus de 3?ans, sans prédisposition sexuelle. Les lésions sont principalement localisées sur la ligne du dos, mais aussi sur les extrêmités podales et les conduits auditifs. Elles se traduisent par un état kératoséborrhéique chronique (peau huileuse), un érythème visible surtout après la tonte, un prurit plutôt intense. Le diagnostic est difficile et exige des raclages profonds et nombreux (parasites présents en faible quantité). Les biopsies concluent à une dermatite péri-annexielle lymphoplasmocytaire. Le traitement repose sur les antidémodéciques habituels sur une longue période (2 à 7?mois en moyenne).

LAURENT MASSON

Source : conférence d’Éric Guaguère (DESV de dermatologie vétérinaire, praticien à Lomme dans le Nord) présentée au congrès du Gedac en mars 2015, à Paris.

DES PARTICULARITÉS RACIALES

Un polymorphisme clinique racial est observé, avec notamment des formes nummulaires dans les races à poil ras, un squamosis intense et généralisé chez le scottish-terrier, des formes comédoneuses chez le carlin ou le yorkshire, en manchons pilaires dans les races à poil long, pustuleuses dans les grandes races comme le mâtin de Naples.

L. M.

Source : conférence d’Éric Guaguère présentée au congrès du Gedac en mars 2015, à Paris.

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