Les perspectives en cardiologie vétérinaire abordées lors d’un symposium

Échanger sur les maladies cardiovasculaires des animaux de compagnie était l’objectif d’un symposium organisé par Ceva le 19?février dernier à Paris, en croisant les connaissances en médecine humaine et vétérinaire, sous la présidence de notre confrère Clarke Atkins (université d’État de Caroline du Nord, États-Unis) et de Faiez Zannad (Centre d’investigation clinique de Nancy, Lorraine), tous deux impliqués à un niveau international dans la rédaction des recommandations pour le traitement de l’insuffisance cardiaque chez le chien et chez l’homme, respectivement. Concernant la maladie valvulaire dégénérative, « les chiens en stade préclinique B2 représentent un groupe très hétérogène », a déclaré notre confrère Michele Borgarelli (Virginia Tech, États-Unis). En effet, certains individus ainsi classés ont un risque accru de développer une insuffisance cardiaque congestive par rapport à d’autres. « La plupart de ces chiens devraient profiter d’un traitement précoce. Certaines études cliniques multicentriques, comme l’étude Delay¹, pourraient aider à identifier l’impact et le rôle d’un tel traitement. » Identifier les animaux en stade B2 qui devraient en bénéficier reste cependant un challenge.

Surmonter la résistance aux diurétiques

L’utilisation rationnelle et la résistance aux diurétiques ont fait l’objet de conférences. « Les signes cliniques d’une insuffisance cardiaque ne sont pas toujours causés par une surcharge volumique. Ainsi, si les diurétiques sont une part essentielle du traitement de première intention, l’objectif devrait être de toujours les utiliser avec la plus faible dose efficace possible dans le but de minimiser leurs effets secondaires sur la fonction rénale », a souligné notre consœur Nuala Summerfield (université de Zurich, Suisse, et centre hospitalier vétérinaire de Brighton, Royaume-Uni). Mark Oyama (université de Pennsylvanie, États-Unis) a présenté plusieurs stratégies pour sur?monter la résistance aux diurétiques, qui est associée à une augmentation du risque de morbidité et de mortalité. La non-observance exclue, l’utilisation de plusieurs diurétiques peut être envisagée. Si les effets du furosémide ne sont plus suffisants, il est possible d’y associer des diurétiques thiazidiques ou la spironolactone. Il est également possible de remplacer le furosémide par un autre diurétique de l’anse, comme le torasémide. Les dosages doivent toujours être optimisés (recherche de la dose minimale efficace). Enfin, les injections peuvent être utilisées lorsque la biodisponibilité par voie orale est diminuée.

Une forte prévalence du mécanisme d’échappement à l’aldostérone

Le phénomène d’échappement à l’aldo?stérone, qui intervient quand le système rénine-angiotensine-aldostérone ne peut pas être totalement bloqué par les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA), a été abordé par Marisa Ames (université d’État du Colorado, États-Unis). Ce phénomène (objectivé par le rapport aldostérone/créatinine urinaire) est fréquent, puisque sa prévalence est supérieure à 40 % dans une étude menée par notre consœur chez des chiens cardiaques traités par IECA. Elle en a conclu que ces animaux devraient bénéficier d’un antagoniste des récepteurs minéralo-corticoïdes (MRA), la spironolactone, qui bloque les effets néfastes d’un excès en aldostérone.

L’implication des récepteurs minéralo-corticoïdes est aussi particulièrement étudiée en néphrologie humaine, comme l’a expliqué Frédéric Jaisser (Institut national de la santé et de la recherche médicale, Inserm), spécialiste en physiologie rénale. « Les MRA ont une forte utilité, bien au-delà des objectifs classiques. Des études ont montré leur intérêt sur la fonction rénale et sur l’hypertension artérielle. » Ces dernières découvertes renforcent l’intérêt des MRA en médecine vétérinaire.

Jonathan Eliott (Royal Veterinary College de Londres, Royaume-Uni), qui mène de nombreux projets de recherche sur l’hypertension artérielle féline, a partagé ses dernières découvertes sur la gestion du chat hypertendu et sur l’importance d’un dépistage et d’une prise en charge précoce. « La corrélation entre l’âge, la maladie rénale chronique et l’augmentation de la pression artérielle chez les chats est désormais bien établie », a-t-il confirmé, avant de souligner l’intérêt de l’amlodipine pour le chat hypertendu.

• 1 En cours de réalisation.