Le recours limité ou interdit à certains antibiotiquescritiques va-t-il gêner votre pratique ? - La Semaine Vétérinaire n° 1670 du 15/04/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1670 du 15/04/2016

@… Vous !

FORUM

Auteur(s) : Michaella Igoho

Retour vers le passé !

Jean-Claude Dupas (L 75) Praticien rural aux Fins (Doubs).

J’ai 40 ans de métier derrière moi pour estimer la situation actuelle. Tous ces antibiotiques critiques sont “récents” et nouvellement commercialisés. Ces substances constituaient un progrès technique important, que ce soit pour l’efficacité, l’observance, et la gestion des délais d’attente pour les vétérinaires et les éleveurs. Avec les nouvelles règles, nous faisons un bond médical de 25?ans en arrière. Par ailleurs, les produits qui restent autorisés dans l’arsenal thérapeutique vétérinaire ont chacun des délais d’attente beaucoup plus longs qu’il y a 20?ans (exemple avec la spiramycine). En parallèle, le coût d’un antibiogramme normalisé LNE peut être inférieur à 80 € HT, prélèvement compris, et le délai de réponse est au minimum de cinq jours. De plus, il convient de gérer les ruptures de stocks nouvelles, mais permanentes, sur 10 % de la pharmacie, qui concernent même des produits dont la conception a plus de 30 ans. Les “anciens antibiotiques” ne sont pas toujours disponibles, même la pénicilline de base. Il est clair qu’on va subir les effets de cette nouvelle réglementation. Le vieux véto ressortira les vieux fusils, le jeune devra fondamentalement se remettre en cause. Et l’éleveur va encaisser un nouveau manque à gagner dès les prochaines semaines. Espérons que le bénéfice escompté sur la santé publique sera à la hauteur de ce chambardement.

La sémiologie reste primordiale

Guillaume Collignon (T 06) Praticien rural à Saint-Florentin (Yonne).

La réponse est plutôt oui. Parmi les prescripteurs d’antibiotiques, il y a les vétérinaires en élevages industriels qui traitent des cheptels entiers et, dans ce cas, ce sont les pratiques qui doivent être revues. Mais, en parallèle, les vétérinaires de proximité, comme moi, traitent l’animal individuellement, et délivrent les antibiotiques en fonction de leur jugement sur le cas. Lorsqu’on a besoin de ces produits, il faut pouvoir les avoir à pleine disposition, même si nous savons tous qu’ils ne doivent être utilisés qu’à bon escient. La sémiologie doit rester prépondérante sur l’examen complémentaire. Nous avons recours à un antibiotique critique parce que notre expérience de clinicien nous oriente ainsi, et non pour les considérations mercantiles que les dernières lois parues font plus que sous-entendre. L’antibiogramme nous aide pour choisir la molécule, mais ne doit pas nous brider dans ce choix. On parle aujourd’hui des éleveurs qui vivent une situation difficile, mais cela va nécessairement alourdir leurs factures… à moins que l’état ne prenne à sa charge les antibiogrammes ? En résumé, si le sujet des résistances aux antibiotiques mérite réflexion, pointer encore une fois du doigt la seule profession vétérinaire est malsain et délétère. Les autres acteurs (R&D des laboratoires, médecins humains, etc.) doivent aussi assumer leur part de responsabilité.

Je n’ai pas attendu pour limiter mon utilisation des antibiotiques

Nathalie Dufour (L 04) Praticien canin à Tallans (Doubs).

Personnellement, ça ne me change pas la vie. Je n’ai pas attendu la législation pour limiter l’utilisation des antibiotiques dans ma pratique canine. Mes problèmes principaux sont le traitement des nouveaux animaux de compagnie, pour lesquels les quinolones étaient indiquées et pratiques ; je vais revoir mes prescriptions. Le plus gros problème est que nous n’avons plus de pénicilline injectable en ce moment ! Pour les chats, personnellement, cela ne me pose pas vraiment de problème de ne pas en utiliser, en revanche, les médecins verront peut-être davantage de personnes mordues par leurs chats… Pour le reste, nous nous adapterons ! Mais je ne travaille qu’en canine, je pense que la situation doit être différente pour nos amis ruraux.

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