Encéphalitozoonose du lapin : une maladie polymorphe - La Semaine Vétérinaire n° 1666 du 18/03/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1666 du 18/03/2016

CONFÉRENCE

Pratique canine

FORMATION

Auteur(s) : Minh Huynh*, Laurent Masson**

Fonctions :
*Diplomate ECZM, praticien au CHV
Frégis d’Arcueil (Val-de-Marne).
Article rédigé d’après une conférence
présentée lors des journées
du Gemi-Genac de l’Afvac à Avignon
(Vaucluse), en avril 2015.

L’infection à Encephalitozoon cuniculi est une maladie polymorphe du lapin. Son comportement est peu connu, malgré une littérature scientifique abondante. L’importance de ce parasite microsporozoaire est difficile à mettre en évidence, tout comme sa pathogénicité dans les différentes affections rencontrées, ce qui rend le diagnostic de certitude complexe. E. cuniculi est une zoonose, mais le risque de contamination à partir d’un lapin de compagnie est minime, voire négligeable. À l’inverse, une contamination par le chien a parfois été suspectée dans certains cas humains, car la contamination chez l’homme se fait par la même souche de type III (tableau).

Symptômes

Chez le lapin, la présentation clinique de E. cuniculi est polymorphe, avec trois formes classiques d’atteintes.

• La forme ophtalmique : c’est sans doute la plus caractéristique et celle dont le diagnostic est le plus certain. Les lapins présentent une cataracte juvénile, une uvéite phacoclastique ou un hypopion.

• La forme rénale : il s’agit le plus souvent d’atteinte chronique, dont le signe majeur est la perte de poids ou la polyuro-polydipsie. Une élévation marquée de l’urémie et de la créatininémie est présente, voire une hypercalcémie et une calcification tissulaire.

• La forme neurologique : l’infection à E. cuniculi est souvent incriminée pour des troubles vestibulaires, mais aussi pour des manifestations plus frustes, telles que des hochements de tête, une paralysie, une ataxie (avec ou sans atonie vésicale) et une incontinence urinaire.

Diagnostic

Le diagnostic de certitude de E. cuniculi est difficile, voire impossible ante-mortem. L’isolement du parasite en tant que tel n’est possible par polymerase chain reaction (PCR) que dans les urines (mais l’excrétion est intermittente), dans l’humeur aqueuse ou le cristallin lors de phacoémulsification induite par les microsporozoaires, et dans le tissu cérébral (post-mortem). En revanche, E. cuniculi n’est pas retrouvé dans le liquide céphalo-rachidien (LCR), même lors de symptômes nerveux. Le diagnostic histologique repose le plus souvent sur la découverte de lésions inflammatoires plutôt que sur la présence des microsporozoaires. En outre, la gravité histologique n’est pas corrélée à la sévérité clinique.

Le moyen diagnostique le plus simple, mais pas forcément le plus fiable, est le couplage entre la sérologie et l’électrophorèse pour montrer une réaction inflammatoire humorale, en plus d’un dosage de l’urémie et de la créatininémie en faveur d’une atteinte rénale due au parasite. Le diagnostic sérologique est discutable (70 % de la population française de lapin est séropositive). Le titre en anticorps peut être utile et est fortement corrélé aux lésions histologiques, mais il ne constitue pas un indicateur fiable de la gravité de la maladie ni de la symptomatologie. Inversement, une sérologie négative ne permet pas d’exclure totalement cette infection. Au final, le diagnostic d’encéphalitozoonose repose plutôt sur l’exclusion des autres causes : abcès à pasteurelles, traumatis?me oculaire, méningite virale (à herpès?virus, par contamination humaine), lymphome, otite moyenne, encéphalopathie hépatique, maladie dégénérative discale, traumatisme médullaire, hypocalcémie, hypoglycémie, endotoxémie, hémorragie traumatique, cardiopathie, insuffisance rénale secondaire à des lithiases, pyélonéphrite.

Traitement

Le traitement de référence chez le lapin repose sur l’utilisation de fenbendazole pendant 28 jours consécutifs (car parasite en dormance) à une dose de 20 mg/kg/j. D’autres produits ont été recommandés, comme l’oxytétracycline et la pyriméthamine ou des anticoccidiens. Toutefois, ils ne semblent pas efficaces in vivo. La dexaméthasone peut parfois être recommandée, mais n’influe pas sur le pronostic.

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