CURSUS BELGE : RETOURS D’EXPÉRIENCES - La Semaine Vétérinaire n° 1666 du 18/03/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1666 du 18/03/2016

Dossier

Auteur(s) : Sophie Komaroff

Chaque année, environ 1 000 Français tentent d’intégrer les universités francophones vétérinaires belges. Leur accès est ouvert à tous, mais les non-résidents sont soumis à un quota. Pour ceux qui font partie des heureux élus tirés au sort, c’est l’assurance de devenir vétérinaire en six ans, sous réserve de résultats corrects à chaque semestre. Zoom sur la formation des vétérinaires français diplômés de Liège.

En Belgique, la formation vétérinaire est universitaire. Organisée en six années, elle n’est pas soumise à une entrée sur concours, contrairement à la France. Cela n’en reste pas moins un cursus exigeant, sanctionné par des examens à chaque semestre qui, en cas de moyenne insuffisante, peuvent conduire à l’exclusion de l’étudiant.

Les modalités des études en Belgique

Les études de médecine vétérinaire durent six ans en Belgique. Elles démarrent par un cycle de trois années qui débouche sur le titre de bachelier en sciences vétérinaires, puis se poursuivent par un master en médecine vétérinaire de trois ans à l’université de Liège, qui permet d’obtenir le titre de docteur en médecine vétérinaire. Les universités francophones sont au nombre de quatre : l’université libre de Bruxelles, l’université de Namur et l’université catholique de Louvain proposent le cycle bachelier francophone. Seule la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Liège dispense le cycle complet en langue française. À noter que le diplôme délivré par l’université belge bénéficie d’une reconnaissance automatique en France.

Un cursus prisé, au détriment de la pratique

Actuellement, il n’y a pas de concours d’entrée aux études de médecine vétérinaire en Belgique. Le faible coût des études (environ 800 €/an, qui ne couvrent que le minerval, c’est-à-dire le droit d’inscription) est également attractif. « La vague d’étudiants à laquelle nous faisons face n’est aujourd’hui plus liée aux étrangers, mais bel et bien à la volonté de nombreux Belges d’embrasser la carrière vétérinaire », indique Georges Daube, doyen de la faculté de médecine vétérinaire de Liège. Les quatre universités francophones comptent environ 1 000 étudiants en première année. Celle de Liège est souvent qualifiée de première école française en nombre d’étudiants. Le principe européen de la libre circulation des étudiants fait donc l’objet d’une dérogation compte tenu de la pléthore d’étudiants en Belgique, où, chaque année, environ 1 000 Français tentent d’intégrer le cursus vétérinaire : cette admission est soumise à un tirage au sort et l’effectif est limité à 20 % du nombre total d’étudiants. Ainsi, 130 non-résidents, toutes universités francophones confondues, sont désignés de cette façon chaque année. Conséquence de cette affluence, des structures d’enseignement parfois saturées et une qualité d’enseignement qui en pâtit durant le deuxième cycle : auditoriums bondés, classes de travaux pratiques surchargées, encadrement limité, etc. « Les étudiants n’ont pas assez de cas cliniques, et certains diplômés n’ont pas réalisé toute une série d’actes, confie un praticien canin wallon. Cela soulève aussi le problème de la sécurité, quand 15 personnes se retrouvent autour d’un cheval. Enfin, la valeur du diplôme peut être remise en cause si l’AEEEV1 décidait de ne plus l’accréditer2. »

La philosophie du cursus belge

Les études sont ouvertes à tous les titulaires d’un diplôme du secondaire ou équivalent. « La doctrine du gouvernement socialiste consiste à laisser une chance à tous les jeunes de suivre les études de leur choix, souligne Georges Daube. Une sélection ferait que seules certaines classes de la population y parviendraient. » Si le principe de sélection n’existe pas au départ, il s’applique tout au long du cursus. En effet, les examens organisés à chaque fin de semestre valident ou non le passage à l’année suivante. « La charge de travail est conséquente, souligne Nathalie Kirschvink, directrice du département de médecine vétérinaire à Namur. La difficulté de l’approche pédagogique est également à prendre en compte car il est demandé à l’étudiant d’être acteur de sa formation. »

La pression de la réussite aux examens est donc importante et il est aisé de comprendre que le redoublement et la réorientation sont bien plus fréquents que dans la formation vétérinaire française. La transmission du savoir et l’entraide des étudiants plus aguerris envers les plus jeunes sont également plébiscitées par les universités belges. Dans ce système, les Français tirent bien leur épingle du jeu, d’une part grâce à « leur maturité et leur détermination : ils font des centaines de kilomètres pour étudier et rentrent rarement chez eux », observe Nathalie Kirschvink. D’autre part, « avec le système du baccalauréat et des classes préparatoires, ils sont davantage habitués à préparer des examens et leur formation scientifique de base est meilleure », note Thierry Tramasure, président du Conseil régional francophone de l’Ordre des médecins vétérinaires. « Les Français ont un taux de réussite légèrement plus élevé que les Belges », confirme Georges Daube.

Le diplôme, et après ?

Une fois le diplôme en poche, la majorité des étudiants français retournent dans leur pays d’origine. Ces jeunes professionnels sont généralement bien accueillis. « En zone frontalière, nous assistons à un afflux de candidats sans expérience et sans élément réellement différenciant sur le CV, note Cyril Chovet, praticien à Loos (Nord). Au démarrage, les confrères formés en Belgique présentent en général une formation pratique moins approfondie, une autonomie moindre face à la clientèle. Ils ne sont pas tant habitués au discours et à la vulgarisation, et ils ont un peu plus de difficultés à gérer en autonomie le propriétaire. Mais ces points s’estompent rapidement ! Leur background théorique est plus costaud que celui des vétérinaires formés en France. Le cursus belge a fait ses preuves, même si la surcharge d’étudiants lui porte préjudice. »

Pour les vétérinaires qui emploient des diplômés de Belgique, un encadrement accru de la part de leurs confrères plus expérimentés se révèle parfois nécessaire durant les premiers mois d’exercice. « Le manque de pratique fait que, souvent, ils ne sont pas à l’aise, estime Jérôme Marcel, praticien à Flers-en-Escrebieux (Nord). Nous devons être observateurs au départ pour évaluer leur capacité à cerner les personnes, à pratiquer une chirurgie sans stress… Après, oui, il existe de petites différences dans l’approche de la profession, mais pas plus qu’entre chaque école française ! »

  • 1 Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire.

  • 2 Lire La Semaine Vétérinaire n° 1629 du 9/5/2015, page 13.

Sur 2 455 vétérinaires inscrits au tableau de l’Ordre francophone belge1, 2 154 sont belges et 121 sont français.

1 Il existe également un Ordre néerlandophone.

Source : Ordre francophone belge.

DES MODALITÉS PARTICULIÈRES POUR LES NON-RÉSIDENTS

• Les non-résidents ne peuvent présenter un dossier que dans une seule université.

• Le dossier est à déposer par l’étudiant personnellement.

• Ils doivent formuler une demande d’équivalence au diplôme secondaire belge.

À noter que les conditions pour être considéré comme résident belge ont été durcies : le délai de résidence est passé de 18 mois à 3 ans.

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