Les interactions entre les colonies d’abeilles et leur environnement sont mieux connues

Les équipes des laboratoires de recherche principalement français, en majorité de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), ainsi que les structures techniques liées à l’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation (Itsap) ont présenté leurs derniers travaux les 2 et 3 février à Paris. Leur financement (80 % par l’État français) a été triplé ces trois dernières années.

Dans le cadre actuel de la révision des méthodes d’évaluation (lignes directrices de l’Organisation de coopération et de développement économiques, OCDE) des risques liés aux pesticides pour l’abeille domestique, avant la mise des produits sur le marché, deux protocoles ont été évalués et sont en cours de validation, afin de tenir compte, à l’avenir, de l’impact négatif sur la santé des colonies de l’exposition répétée des abeilles adultes et du couvain aux faibles doses (sublétales) de pesticides. Le premier est le test larvaire en exposition répétée, de l’éclosion jusqu’à l’émergence de l’abeille adulte, et l’autre, la mesure des effets sur le vol de retour à la ruche des butineuses. Il a été rappelé l’importance de rechercher, lors d’une suspicion d’intoxication, les produits de dégradation et/ou de métabolisation des molécules pesticides mères avec lesquels les abeilles ont pu être en contact. De nombreuses données manquent aujourd’hui : nature et toxicité de ces substances, étalons analytiques, etc.

Du côté des bioagresseurs

L’augmentation de la prévalence de la loque européenne en Suisse (canton de Berne) cette dernière décennie serait liée à une toxine sécrétée par les souches particulièrement virulentes de la bactérie Melissococcus plutonius. La lutte contre Varroa s’oriente vers la sélection d’abeilles résistantes (VSH-SMR : Varroa sensitive hygienic-suppressed mite reproduction). Une étude a mis en évidence que ce caractère est fortement lié à la nature du transcriptome antennaire, ce qui pourrait permettre de définir des marqueurs facilement utilisables pour la sélection de colonies résistantes. Il a, par ailleurs, été montré que les antennes des abeilles non-VSH présentent des niveaux élevés de virus des ailes déformées (deformed wings virus ou DWV).

L’Anses a, pour sa part, présenté les résultats des deux années (2012-2014) de surveillance programmée de la mortalité des abeilles en France par Résabeilles (hors volet toxicologique). Les mortalités en sortie d’hivernage (environ 13,5 %) et en saison (entre 10 et 11 %) sont restées stables. La prévalence de la loque américaine est passée de 11,7 à 4,5 % entre les automnes 2012 et 2013 : la mise en place des mesures d’assainissement a été efficace. La prévalence de la loque européenne a également baissé au cours de l’étude : 7,58 % à l’automne 2012, 2,70 % à l’automne 2013. Les infections cliniques à Nosema sp. et au virus de la paralysie chronique de l’abeille (chronic bee paralysis virus ou CBPV) sont rares (prévalence autour de 1 %) et stables au cours des deux années.

Des outils pour améliorer les rendements agricoles et apicoles

La prestation de service de pollinisation est peu pratiquée par les apiculteurs français (étude de Gallai N. et coll.), bien que la demande agricole augmente, et qu’elle soit potentiellement rémunératrice. Des outils d’évaluation du nombre de ruches nécessaires par hectare pour optimiser les rendements agricoles et apicoles, de prédiction précoce des récoltes de miel et d’identification des facteurs de risque de mortalité hivernale, selon la zone géographique et la production végétale, ont été présentés lors de ces 4^es journées de la recherche apicole. L’ensemble de ces travaux aboutira, à terme, à l’établissement des référentiels nécessaires à la bonne gestion économique et sanitaire des exploitations apicoles.