Des poules fermières atteintes de pseudo-gale déplumante à Megninia spp.

En octobre 2015, sur la côte vendéenne, quatre poules pondeuses fermières sont élevées sur un parcours d’environ 10 m² contenant un poulailler en bois. Elles présentent sur leur plumage un « sable squameux blanchâtre » important, qui recouvre partiellement certaines plumes. Une kératinisation de la face forçant les paupières à se fermer est également observée. L’un des oiseaux amené en consultation est anémié et ne pond plus. Une poule est morte, deux sont sacrifiées par le propriétaire.

La diagnose passe par l’observation

Une plume est raclée à sa base et le produit de raclage est mis entre lame et lamelle dans une goutte d’eau. Au grossissement 200 puis 500, avec et sans préparation dans du chlorolactophénol, des organismes au corps non segmenté ayant quatre paires de pattes mais pas d’aile sont observés. Certains sont dotés de pattes assez longues, les autres de pattes un peu plus courtes. Les plus gros mesurent 275 µm de long pour 175 µm de large, versus les plus petits, 265 µm pour 145 µm. Les corps sont ovalaires et aucun stigmate n’est visible. Les pédipalpes sont petits. Les pattes sont réparties par paires symétriquement, en deux groupes. Elles dépassent le rostre à l’avant et le bord postérieur du corps à l’arrière. Elles se terminent par une ventouse portée par un pédicule court ou une griffe. Les pattes I et II présentent des protubérances triangulaires. Est également notée la présence de plaques chitineuses dorsales en bouclier. Les éléments de diagnose recueillis orientent vers un acarien du genre Megninia. La diagnose d’espèce semble plus difficile avec une simple observation.

Tout le cycle se déroule sur les plumes

Le cycle de Megninia se déroule sur l’hôte, le parasite restant caché dans le plumage toute sa vie. Les œufs, pondus sur les plumes, donnent naissance à des larves, qui évoluent à différents stades (protonymphes, deutonymphes), jusqu’à devenir des adultes sexués.

Traiter sans jeter les œufs des poules : un vrai challenge

Dans le cas présenté, les poules sont destinées à pondre des œufs de consommation pour la famille. Le traitement antiparasitaire doit donc être compati?ble avec la ponte. Il est difficile de trouver une spécialité vétérinaire acaricide ayant un temps d’attente nul pour les œufs. Un traitement a donc été conseillé avec un topique (poudre antiparasitaire à base d’essence de géranium (contenant 0,1 % de géraniol) à mettre directement sur les plumes à raison de une application par jour pendant 6 jours.

La paille a été brûlée et le poulailler en bois traité avec une spécialité organophosphorée à base de phoxime (500 mg/ml) qui a un temps d’attente de 12 heures pour les œufs. La solution dosée à 2 000 ppm a été pulvérisée sur toutes les surfaces boisées intérieure et extérieure.

Les œufs ont été retirés avant l’application du traitement et cassés le lendemain. Le surlendemain, ils ont été consommés.

Une semaine après le traitement, les oiseaux ne présentent presque plus de squames blanchâtres et le prélèvement de plumes ne permet plus de mettre en évidence de parasite. Les poules ont retrouvé un bon habitus, mangent et caquettent normalement.

Conclusion

Les parasites du genre Megninia, acariens plumicoles agents de pseudo-gale, sont rencontrés chez de nombreuses espèces d’oiseaux sauvages ou domesti?ques. Ils provoquent des chutes de ponte à la suite d’une spoliation entraînant une malnutrition, des pertes de plumes et des dermatites. Chez les poulets domestiques peuvent être trouvées ces trois espèces du genre Megninia : M. cubitalis, M. ginglymura et M. ortari.

La pseudo-gale à Megninia est extrêmement rare en France chez les oiseaux vivant dans les exploitations hors sol. Elle est parfois observée sur des poules fermières qui ont des contacts avec des oiseaux sauvages. La difficulté ne réside pas seulement dans la diagnose d’espèce, mais aussi dans le traitement qui est difficilement compatible avec la consommation des œufs issus des poules traitées.