Indications du laser thérapeutique - La Semaine Vétérinaire n° 1658 du 22/01/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1658 du 22/01/2016

CONFÉRENCE

Pratique canine

FORMATION

Auteur(s) : Ségolène Minster*, Thierry Poitte**

Fonctions :
*Praticien canin à l’île de Ré

Souvent abordées rapidement en fin de consultation, les techniques de physiothérapie méritent pourtant l’attention des praticiens. Elles apportent un confort indéniable à l’animal, notamment dans la prise en charge des affections au long cours. Le laser thérapeutique se distingue de ceux employés en ophtalmologie et en chirurgie par les puissances et longueurs d’ondes utilisées. D’un apprentissage relativement aisé, il associe des effets analgésiques, anti-inflammatoires, décontracturants et cicatrisants.

Principe

La photobiostimulation consiste à apporter de l’énergie aux cellules, afin d’en accroître l’activité. Le laser est un faisceau cohérent de lumière, doté de forte énergie. Les lasers commercialisés émettent plusieurs longueurs d’ondes, absorbées préférentiellement par un chromophore différent : l’eau (970 nanomètres), l’hémoglobine (905 nm), le cytochrome C (800 nm) ou la mélanine (660 nm). L’action sur l’eau permet une augmentation locale de température cellulaire et donc de la microcirculation sanguine, celle sur l’hémoglobine, une augmentation du métabolisme, celle sur la mélanine favorise la cicatrisation. L’absorption d’énergie par le cytochrome C relance la synthèse de l’adénosine triphosphate (ATP), l’élimination des radicaux libres, le métabolisme du monoxyde d’azote et donc la vasodilatation. L’augmentation de la prolifération des fibroblastes et de la détoxification est à l’origine de l’effet cicatrisant. L’effet décontracturant provient de la production augmentée d’ATP. L’effet anti-inflammatoire est dû à l’augmentation du drainage lymphatique, à la baisse de production des cytokines, ce qui diminue la sensibilisation des terminaisons nerveuses nociceptives. L’apport d’énergie aux cellules remonte leurs seuils de polarité, la propagation de l’influx nerveux s’en trouve diminuée, phénomène également à l’origine de l’effet antalgique.

Protocoles

Pour les petites espèces, un appareil d’une puissance moyenne de 8 watts (W), soit 8 joules (J) par seconde, est suffisant. Une puissance instantanée élevée n’a pas de réel intérêt. La puissance détermine la profondeur de pénétration et la durée du traitement. Les études recommandent des doses d’énergie de 2 à 6 J/cm2 pour aborder les tissus superficiels, 6 à 10 J/cm2 pour atteindre les zones profondes (jusqu’à 5 cm). Il est judicieux de combiner plusieurs longueurs d’ondes, afin d’agir sur différents tissus et d’optimiser les effets de photobiostimulation. Plusieurs protocoles sont envisageables. Par exemple, il est possible de balayer la zone ciblée (périphérie d’articulation et muscles adjacents, plaie, tissus lésés, etc.), plutôt quand le laser est en mode continu, à des fréquences faibles, soit jusqu’à 200 hertz (Hz). Dans un second temps, il est aussi possible de cibler pendant quelques secondes les triggers points (points de contracture musculaire) et les points d’acupuncture, en mode pulsé, à des fréquences de 500 à 5 000 Hz. Attention, les doses délivrées dans les zones profondes au cœur d’une articulation sont deux à trois fois inférieures à celles générées à la surface ! Ceci peut être à l’origine d’un échauffement en surface, particulièrement sur les robes sombres, à contrôler avec la main. Il n’est jamais nécessaire de dépasser 10 W. À cinq fois la dose maximale, le laser exerce un effet apoptotique sur les cellules.

Indications thérapeutiques

Les affections musculo-squelettiques, telles que l’arthrose et les tendinites, sont des indications privilégiées du laser. Pour l’arthrose, le protocole peut inclure deux séances par semaine en première et deuxième semaines, puis une séance par semaine en semaines 3 et 4, puis toutes les 4 à 6 semaines, avec des séances de 3 à 10 minutes selon la zone concernée. Il convient de s’adapter à la clinique de l’animal. Le propriétaire arbitrera la fréquence des séances requises par la suite. Le laser présente aussi un intérêt dans la prise en charge d’affections dermatologiques (pyodermites, cals de pression, otites aiguës, plaques éosinophiliques, hot spot). Selon l’expérience du conférencier, des plaies de léchages ont été guéries par application de laser à 660 nm (absorption en superficie), à raison de quatre à cinq séances espacées de 2 jours. Des expériences cliniques montrent l’efficacité du laser sur le coryza (fluidification des sécrétions nasales, libération des sinus) et, dans 50 % des cas, sur le complexe gingivo-stomatite (rôle anti-infectieux, antalgique et anti-inflammatoire). Dans ce dernier cas, le laser est appliqué directement dans la bouche de l’animal anesthésié ou à travers la joue. L’anorexie prend fin quelques heures après la séance, avec disparition de l’éventuelle agressivité. En postopératoire, le laser est indiqué pour la rééducation fonctionnelle après une chirurgie réparatrice des ligaments croisés, pour consolider les fractures, sur les plaies avant la phase d’épithélialisation. Il permet également d’accélérer la résorption d’œdèmes ou d’hématomes. Chez les nouveaux animaux de compagnie, le laser a montré son efficacité sur les rhinites, les pododermatites et l’arthrose du lapin, et sur les pododermatites chez le cobaye et le perroquet, avec des séances courtes (séances quotidiennes de l’ordre de 15 à 20 secondes).

Contre-indications et précautions

Il est formellement contre-indiqué d’appliquer le laser en direction des yeux, de la glande thyroïde, d’un utérus gravide et de tissus cancéreux. Si le laser est bénéfique dans les phases précoces de cicatrisation, il ne devrait pas être utilisé à partir de la phase d’épithélialisation, où l’échauffement est délétère pour le tissu en formation.

Le faisceau laser direct, issu de la dispersion ou de la réflexion sur la table métallique, présente un vrai danger pour la rétine. Il convient de porter des lunettes de protection spécifiques.

Valorisation

La thérapie laser peut être abordée lors des consultations généralistes ou dédiées à la douleur. Le laser apporte un confort de vie, peut être associé ou venir en relais de moyens pharmacologiques, mais nécessite une bonne observance. Sont à cibler les propriétaires motivés à l’idée de passer plus de temps avec leur animal, d’apporter du confort à leur compagnon âgé, sur lequel l’anesthésie est contre-indiquée. Le laser améliore durablement la qualité de vie des animaux “convalescents chroniques”. La meilleure observance a été notée par le conférencier pour la prise en charge de l’arthrose chez le chien. C’est donc une réponse à l’intérêt croissant du public pour le bien-être animal et les traitements non pharmacologiques. Il convient d’objectiver l’évolution avec le propriétaire, par des grilles d’évaluation de la douleur, des photographies (plaies, lésions, etc.) ou des vidéos (affections musculo-squelettiques). À chaque séance, les grilles évaluent la douleur dans ses composantes fonctionnelle, émotionnelle et comportementale. Le laser offre la possibilité de voir les animaux bien plus qu’une fois par an ! Établir une véritable alliance thérapeutique avec le propriétaire et l’animal garantit l’observance. Outil de fidélisation, le laser agit dans le cercle vertueux confiance du propriétaire dans le praticien-observance-réussite du traitement.

  • Prochaines formations de Mikan sur le laser thérapeutique : Paris, le 27 janvier ; Lille, le 29 janvier ; Quimper, le 5 février ; Metz, le 4 mars ; Dijon, le 11 mars ; La Flotte-en-Ré, le 24 mars ; Bordeaux, le 6 avril et Marseille, le 17 juin.

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