« Le concept “La santé est une” ne date pas d’aujourd’hui ! »

PASCAL BOIREAU (L 82), directeur du Laboratoire de santé animale de l’Anses, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne).

Travailler en recherche et développement dans le domaine de l’infectiologie et de la santé publique au sens large a été un souhait, alors même que j’étais encore à l’école vétérinaire de Lyon. Je dois cette orientation en grande partie à Louis Joubert qui, enseignant-chercheur à Lyon, avait exercé quelques années auparavant comme directeur du Laboratoire central de recherche vétérinaire (LCRV). Ce dernier nous dispensait des cours de maladies infectieuses en troisième et quatrième années, avec une emphase tout à fait particulière sur l’infectiologie et les activités de référence du LCRV. J’avais fait mon choix à l’issue de ma formation de vétérinaire : je devais intégrer le LCRV d’une façon ou d’une autre. S’offrait à moi la possibilité d’être affecté dans ce laboratoire à l’issue d’un cursus de l’École nationale des services vétérinaires (un an à cette époque-là), puisque c’était alors un laboratoire d’“État”. Les missions du LCRV, devenu en 2010 le Laboratoire de santé animale de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), concernent les maladies majeures des troupeaux communes à plusieurs espèces, et donc, par extension, les affections zoonotiques d’importance (tuberculose, brucellose, infections parasitaires, etc.). À cet égard, dans quelques mois, une nouvelle plateforme va être inaugurée dans notre structure, qui sera dédiée à la fièvre aphteuse, mais aussi aux émergences vectorisées (virale, parasitaire, etc.) hautement pathogènes de niveau 3 (c’est-à-dire celles dont le potentiel zoonotique chez l’homme n’est pas encore déterminé). Nos activités font de nous des acteurs primordiaux de la santé publique vétérinaire, puisque nos deux enjeux majeurs sont d’identifier (diagnostic de certitude pour l’autorité compétente qu’est le ministère) les agents pathogènes pour lesquels nous avons un mandat de référence et de proposer des solutions de contrôle (contribuer au développement d’un vaccin), voire d’éradication. L’atout de notre formation “polytechnique” est la connaissance biologique transversale du vivant, qui est au cœur de la santé publique.

Je tiens à préciser que le concept “La santé est une” dont on parle beaucoup en ce moment n’est pas nouveau. En témoigne la collaboration entre Albert Calmette, médecin, et Camille Guérin, vétérinaire, codécouvreurs du bacille qui porte leurs noms, le BCG. Cet agent pathogène a d’ailleurs été isolé chez un bovin à l’École nationale vétérinaire d’Alfort par le fondateur du LCRV, Edmond Nocard.

Je terminerai sur un message. Au même titre que j’ai pu bénéficier des éclairages passionnants de Louis Joubert, je souligne tout l’intérêt de promouvoir, comme pour d’autres grandes écoles, le “tutorat” entre jeunes et anciens. Cet accompagnement générationnel permet de mieux aider les jeunes diplômés à découvrir d’autres voies d’exercice de la profession, ainsi qu’à se réorienter après quelques années d’exercice. Ce tutorat est à poursuivre au-delà de la formation initiale du jeune vétérinaire. C’est actuellement une orientation forte du Réseau de santé publique vétérinaire.