Prothèse de hanche : des évolutions pour les plus jeunes et les plus petits - La Semaine Vétérinaire n° 1656 du 08/01/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1656 du 08/01/2016

ANALYSE

Pratique canine

FORMATION

Auteur(s) : Guillaume Ragetly

Fonctions : Diplomate ACVS et ECVS, praticien au CHV Frégis à Arcueil (Val-de-Marne)

Les boiteries de la hanche sont un motif assez fréquent de consultation et sont souvent plus sévères chez le chien jeune (dysplasie, traumatisme) ou âgé (arthrose). Il en va de ce type de boiterie comme de toute autre : un protocole sémiologique réglé permet de les explorer avec précision sans occulter des causes non coxofémorales. Une fois le diagnostic établi, il est essentiel de conseiller le client et, lorsque le traitement conservateur n’élimine pas les signes cliniques, il est important de pouvoir proposer des solutions. Celles-ci évoluent et les améliorations récentes des prothèses de hanche permettent de les recommander plus sereinement et à davantage de propriétaires.

Intérêts et limites de la résection de la tête fémorale

L’exérèse de la tête et du col fémoraux reste une option à considérer, mais une douleur résiduelle et une amplitude de mouvement limitée rendent cette méthode imparfaite. Les limites de cette technique sont d’autant plus visibles que le chien est grand ou actif, même si elles sont présentes quelles que soient la taille et l’activité de l’animal. Cette option ne devrait d’ailleurs plus être considérée chez les sujets jeunes, car les progrès de l’approche conservatrice peuvent parfois offrir une locomotion meilleure que celle obtenue après exérèse de la tête et du col fémoraux.

Intérêts et limites de la prothèse de hanche

L’autre option qui doit être proposée au propriétaire d’un chien gêné par une douleur de hanche est la prothèse de hanche. Elle peut être envisagée lors de dysplasie ou d’arthrose, dans certains cas de fracture d’acetabulum, de col ou de tête fémoraux, ou encore lors de luxation de hanche ayant entraîné une souffrance du cartilage trop importante. Cette chirurgie permet une récupération optimale de la fonction, lorsqu’elle est bien réalisée. Le tissu atteint est retiré et remplacé par des implants afin de rétablir la biomécanique de l’articulation. Le retour à une fonction optimale est l’objectif, atteint dans plus de 90 % des cas. Les principales complications rencontrées (descellement, infection, fracture, luxation) sont évitables, à condition d’avoir des locaux adaptés, des implants de qualité (les risques d’infection à court terme et de descellement à moyen et long termes sont majorés avec les implants cimentés) et un chirurgien expérimenté (la courbe d’apprentissage nécessite jusqu’à 50 chirurgies, ce qui limite le développement de cette approche). Chez l’homme, la durabilité de certains implants dépasse maintenant 20 ans. Chez le chien, certaines évolutions récentes ont aussi considérablement amélioré les résultats cliniques à court, moyen et long termes.

Les prothèses non cimentées, utilisables aussi chez les jeunes

Même si les implants “classiques” ont permis à beaucoup de chiens de parvenir à une qualité de vie optimale, ils ne répondaient pas à toutes les situations et augmentaient le risque de complications. Suivant le même schéma que la médecine humaine, avec beaucoup de retard, de nouveaux implants ont été développés par Biomedtrix, permettant de poser des prothèses de hanche sans utiliser de ciment chirurgical. Ces implants sont composés d’alliage spécifique pour empêcher tout rejet. Leur surface permet une ostéointégration (sa porosité et les matériaux utilisés favorisent la colonisation par les ostéocytes des interstices métalliques depuis l’os périphérique, offrant une stabilité durable pour la vie de l’animal). Celle-ci s’opère pendant 3 à 4 semaines, période durant laquelle une stabilité maximale reste nécessaire. Elle est possible grâce aux caractéristiques mécaniques des implants et à un protocole de mise en place précis, permettant un contact appelé press-fit.

Ces implants non cimentés sont adaptés pour tous les chiens auparavant traités par des implants cimentés. Ils conviennent également aux individus en fin de croissance, ce qui n’est pas le cas des modèles cimentés : ces derniers obligent, en effet, à attendre au moins 14 mois avant de poser la prothèse sur l’animal devenu alors très dysplasique. Repousser l’intervention fait courir le risque d’avoir un fémur proximal déformé (déviation latérale), ce qui complique la pose de la prothèse. Une luxation chronique peut également survenir, rendant plus difficile la réduction chirurgicale et augmentant le risque d’une luxation postopératoire. Des prothèses non cimentées ont déjà été posées avec succès sur des chiens de 6 mois. La pose de prothèse est donc désormais indiquée chez les individus de grand format, sévèrement atteints cliniquement et radiographiquement, même s’ils n’ont pas fini leur croissance.

Des prothèses adaptées aux petits gabarits

Le succès des prothèses de hanche chez les chiens de grand format a mis en évidence les résultats inconstants des méthodes alternatives, dont l’exérèse de la tête et du col fémoraux. Après cette exérèse, certaines évaluations objectives ont montré des boiteries persistantes, et ce, même chez les petits chiens et chez les chats. D’un autre côté, des mesures de force ont montré une récupération complète dès 3 mois chez les chiens traités par prothèse de hanche. Ainsi, de nouveaux modèles ont été développés (Biomedtrix, Kyon) pour les animaux de plus petit format, qui conviennent même aux chihuahuas et aux chats. La technique est plus complexe, mais les résultats cliniques, lorsque les prothèses sont posées par des chirurgiens expérimentés, sont très bons. La nécrose aseptique de la tête fémorale peut donc être traitée de plusieurs manières, notamment par prothèse de hanche.

Les présentations cliniques de dysplasie coxofémorale sans solution thérapeutique satisfaisante possible sont devenues extrêmement rares. Il convient donc de ne pas tenir un discours alarmiste aux propriétaires. Les différentes options doivent être présentées, en commençant par des approches chirurgicales préventives ou par une approche conservatrice, souvent suffisante. La prothèse est une bonne alternative, elle offre les meilleurs résultats. Il reste cependant important de présenter aux clients les limites et les risques associés.

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