La poule blanche

En marge du star-system et du commerce poids lourd, on regroupe sous l’étiquette discutable de “cinémas du monde” toute une palette de films modestes mais toujours singuliers et différents entre eux, qui sont autant de fenêtres ouvertes sur des univers qui nous sont très éloignés. Kalo Pothi est le premier long-métrage d’un jeune réalisateur népalais et la première sélection de son pays au festival de Venise. Alors que le terrible tremblement de terre du printemps 2014 – plus de 8 000 morts – est encore frais dans les mémoires, le film revient sur une guerre civile encore plus dramatique – près de 13 000 morts – qui, entre 1996 et 2006, déchira le Népal en opposant l’armée gouvernementale à des rebelles maoïstes.

Une histoire tragique mais racontée ici comme une fable, à hauteur d’enfant. Dans une vallée reculée, le fils d’un Intouchable (le pays himalayen reste socialement cloisonné par des castes) récupère une poule qu’il espère élever pour vendre ses œufs. Son père revendant l’animal à son insu, Prakash et son inséparable ami Kiran – appartenant à une haute caste – partent à sa recherche. Un voyage qui les confrontera tous deux à la violence crue de la guérilla. À travers le dépaysement éveillé par les décors et la description fine d’une vie rurale archaïque (dont les animaux font partie intégrante), grâce surtout à l’originalité et la fraîcheur de son ton, ce film ne peut que nous conforter dans l’idée que le bon cinéma est toujours une promesse de découvertes.

Kalo Pothi, un village au Népal de Min Bahadur Bham, avec Khadka Raj Nepali, Sukra Raj Rokaya, Népal/Suisse/Allemagne/France, 1 h 30, sortie le 30 décembre 2015.