Affections du tractus digestif

Les coliques intermittentes, les ulcères gastriques et les troubles de la vidange gastroduodénale, plus rares, font partie des affections du tractus digestif observées chez le cheval.

Les coliques intermittentes

Elles se définissent par l’apparition de deux à trois épisodes de coliques sur une période de quelques semaines à quelques mois. La plupart des cas sont des coliques dites spasmodiques, transitoires, sans modification notable de l’examen clinique et présentant une réponse rapide aux analgésiques et/ou antispasmodiques. Néanmoins, les causes de coliques récurrentes incluent de nombreuses autres causes et un diagnostic différentiel large doit toujours être inclus dans l’approche de ces cas. L’approche initiale standardisée d’un cheval en colique doit être élargie à une anamnèse et un examen clinique plus approfondis et des examens complémentaires mis en place. Lors de la prise de l’anamnèse, un lien éventuel avec certains événements sera approfondi tels le travail, les repas, la gestion du parasitisme, les autres traitements administrés, un historique de fièvre ou d’élément clinique notable (amaigrissement, toux, etc.). L’examen clinique inclut notamment une auscultation pulmonaire et cardiaque ainsi qu’un examen buccal. Les examens complémentaires sont choisis en fonction de leur coût et de leur pertinence. Les crottins sont bien examinés et on recherchera du sable par sédimentation, une coprologie parasitaire sera réalisée. En cas de diarrhée, une culture pour recherche de Salmonella est effectuée, de même qu’un bilan hématologique et biochimique complet. La gastroscopie permet d’examiner le tractus digestif jusqu’au duodénum. L’échographie abdominale permet de visualiser les reins, le foie, la rate et les intestins (épaisseur des parois, diamètre, motilité, intussusception) et éventuellement des masses abdominales anormales (abcès, tumeur), une effusion abdominale, une urolithiase, etc. Dépendant de la suspicion clinique, des biopsies peuvent être réalisées dans différents organes. La laparoscopie exploratrice peut être envisagée à des fins diagnostiques ou thérapeutiques.

La gestion du cheval présentant des coliques récurrentes repose sur la mise en place de mesures visant à réduire les facteurs de risques et/ou à favoriser les facteurs de protection identifiés dans la littérature : au niveau de l’alimentation, il s’agit de rétablir une flore appropriée et stable, de maximiser le temps passé en prairie, de faire des soins de dentisterie réguliers et de contrôler le parasitisme. Plusieurs affections de l’estomac sont responsables de coliques récurrentes : les ulcères gastriques, les troubles de la vidange gastroduodénale, l’impaction chronique et enfin les tumeurs. L’estomac peut être impliqué de façon primaire ou secondaire dans les cas de coliques aiguës souvent violentes. Son rôle est plus souvent suspecté dans les situations de douleurs abdominales frustes et intermittentes, généralement en relation avec la prise alimentaire.

Les ulcères gastriques

Il est recommandé de considérer comme entités différentes les ulcères de la muqueuse squameuse (prévalence très importante même chez les chevaux de loisirs ou les poulinières au pâturage) et les affections inflammatoires de la muqueuse glandulaire. L’importance des syndromes inflammatoires gastriques dans l’étiologie des coliques reste difficile à évaluer. Le diagnostic comme cause de coliques récurrentes procède de l’exclusion d’autres anomalies digestives décelables en phase de crise, de la confirmation des lésions gastriques à l’endoscopie et de la réponse au traitement spécifique.

Les troubles de la vidange gastroduodénale

La sténose du pylore est une affection relativement rare, parfois d’origine congénitale ou plus typiquement observée chez des jeunes chevaux dans un contexte d’inflammation chronique de la muqueuse glandulaire pylorique, qui apparaît œdématiée et avec parfois des ulcères. Une fibrose progressive du sphincter peut se développer dans les cas les plus avancés.

L’impaction chronique de l’estomac survient par accumulation progressive d’aliments solides dans l’antre pylorique, puis dans tout le fundus gastrique, provoquant de l’inappétence, du ptyalisme et des coliques récurrentes. Elle peut être consécutive à des troubles de la mastication ou à l’ingestion de matières non digestibles, très fibreuses ou à forte hydroscopie. Elle peut également être secondaire à un syndrome d’insuffisance hépatique.

Les tumeurs de l’estomac peuvent aussi occasionner par leurs effets obstructifs ou inflammatoires des douleurs abdominales récurrentes associées à d’autres manifestations paranéoplasiques (fièvre, amaigrissement ou anémie). Le carcinome épidermoïde est le plus fréquent.