Lutte contre l’antibiorésistance en 2015 : les vétérinaires au cœur du dispositif

La lutte contre la résistance aux antibiotiques est un enjeu qui ne cesse de s’imposer au tout premier plan des débats de société. L’augmentation dans tous les écosystèmes de la prévalence des bactéries résistantes est un défi majeur, qui dépasse l’homme et les animaux pour prendre une dimension environnementale. La consommation d’antibiotiques en est un déterminant essentiel et sa corrélation avec la sélection des résistances est clairement admise, même si la complexité du monde vivant et des organisations des systèmes nuance souvent l’idée d’une relation causale aussi simple. Le moindre usage des antibiotiques n’est pas le seul levier pour combattre cette évolution, il faut aussi éviter les maladies pour ne pas avoir à les soigner. Pour les animaux de production, cela nécessite de revisiter en profondeur certaines conduites d’élevage. En médecine des carnivores ou en équine, des pratiques individuelles sont également à reconsidérer lorsqu’elles sont de nature à sélectionner inutilement de l’antibiorésistance.

Depuis fin 2011, date de la mise en place du plan ÉcoAntibio, la profession vétérinaire s’est appropriée cette problématique à la hauteur de la confiance que l’administration lui a donnée. Le sujet est international, du moins européen pour ce qui concerne la mise en place des actions gouvernementales. Les Pays-Bas ou le Danemark agissent surtout par contrainte, la France mise largement sur la responsabilité de notre profession à se saisir de cet enjeu. À ce titre, la baisse des consommations d’antibiotiques, celle des résistances chez l’animal et la mise en place d’actions efficaces dans les filières n’ont pas attendu la loi d’avenir agricole.

Dans cette ligne, 2015 aura été marquée par deux démarches clés menées par la profession vétérinaire. L’une est l’établissement des guides de bonnes pratiques d’usage des antibiotiques, confié aux trois organisations techniques professionnelles (SNGTV, Afvac, Avef). Ces nombreuses fiches à l’attention des praticiens résultent d’un important travail de revue des contextes de prescription et seront largement diffusées (certaines le sont déjà) après avis de l’Anses. L’autre concerne la mise en place de référents en antibiothérapie, à l’image du dispositif en médecine humaine. Ce point constituait l’une des exigences du ministère de la Santé fin 2013, à l’heure du débat sur la prescription-délivrance. Ce dispositif, préparé en 2015, sera opérationnel en 2016 et permettra à chaque praticien d’échanger directement avec un référent sur ses pratiques en antibiothérapie.

Les vétérinaires sont au cœur du dispositif de lutte contre l’antibiorésistance, de nombreux résultats sont au rendez-vous, et la médecine humaine le reconnaît elle-même, y compris publiquement. Félicitations pour les efforts engagés, à chacun de savoir les poursuivre sur le long terme. C’est-à-dire, en somme, d’admettre que l’antibiotique est et restera toujours une molécule à préserver.