Vos questions sur l’échographie digestive - La Semaine Vétérinaire n° 1652 du 27/11/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1652 du 27/11/2015

QUESTIONS-RÉPONSES

Pratique canine

FORMATION

Auteur(s) : Pascaline Pey

Fonctions : Diplomate ECVDI, radiologue chez
Antech Imaging Services (États-Unis) et Vetpixel (France).

Vous avez des questions pratiques ? Nous avons exposé vos problématiques à un spécialiste, qui vous apporte ses réponses. Cette semaine, Pascaline Pey, spécialiste en imagerie médicale, répond à vos interrogations sur l’échographie abdominale.

Quelle est l’image normale du tractus digestif chez les carnivores domestiques ?

Lors de l’examen échographique du tube digestif, il est important d’apprécier la taille, la forme, l’échostructure et l’échogénicité de la paroi, l’aspect du contenu et le péristaltisme. Il est possible de visualiser cinq couches échographiques au sein de la paroi. De la lumière digestive à la périphérie, on observe une première couche hyperéchogène correspondant à l’interface lumière-muqueuse, puis une couche plus épaisse hypoéchogène correspondant à la muqueuse. Ensuite se trouvent la sous-muqueuse, hyperéchogène, la musculeuse, hypoéchogène et la séreuse, hyperéchogène. La paroi de l’intestin grêle du chien mesure environ 2 à 4 mm, avec une muqueuse plus épaisse que la musculeuse. La paroi du duodénum descendant est un peu plus épaisse que celle du reste de l’intestin. Celle de l’estomac se reconnaît à ses nombreux plis et à son épaisseur de 3 à 6 mm. Celle du côlon est fine. Son évaluation, du fait du contenu aérique colique ou fécal, est difficile. L’aspect échographique du tube digestif du chat est semblable à celui du chien. Chez le chat, l’épaisseur du fundus varie de 2 à 4 mm, celle du duodénum et du jéjunum de 2 à 2,5 mm, celle de l’iléon de 2 à 3 mm et celle du côlon de 1 à 2 mm. Le cæcum est généralement rempli de gaz chez le chien et, de ce fait, difficilement évaluable en échographie. En revanche, il est très facile de visualiser le cæcum du chat, ainsi que la jonction iléo-cæcocolique.

Le nombre moyen de contractions est de 3 à 5 par minute pour l’estomac. Celui des anses intestinales est de 1 à 3 contractions par minute. Une activité péristaltique colique est rarement observée.

Quelles sondes échographiques convient-il d’utiliser pour visualiser au mieux le tractus digestif ?

Pour l’estomac, le pylore et le cardia, il est nécessaire d’employer une sonde microconvexe, généralement avec une fréquence moyenne de 5 à 8 MHz. Chez les chiens de grande race, il est utile d’employer une sonde macroconvexe à fréquence inférieure, de 1 à 8 MHz, afin d’améliorer la pénétration du faisceau ultrasonore, au détriment malheureusement de la résolution spatiale.

Pour l’intestin grêle et le côlon, on basculera dès que possible vers une sonde linéaire à haute fréquence, de 10 à 15 MHz, et si possible 18 MHz, afin d’obtenir la meilleure résolution spatiale dans les tissus superficiels, et la meilleure image possible des couches pariétales du tractus.

Il m’arrive de visualiser une ligne hyperéchogène au sein de la muqueuse, parallèle à la lumière, chez des chats ne présentant pas de signes digestifs. À quoi correspond cette ligne ?

Elle correspond, sur le plan histologique, à de la fibrose. Elle est le témoin d’un événement inflammatoire passé, tel qu’une entérite infectieuse s’étant déclarée alors que l’animal n’était encore qu’un chaton. Elle n’est en aucun cas spécifique d’une maladie inflammatoire chronique des intestins ou d’un processus tumoral.

Il m’arrive de visualiser une couche supplémentaire au sein de la muqueuse et de la musculeuse, tout le long du petit intestin, chez des chiens ne présentant pas de signes digestifs. Est-ce que ces couches supplémentaires sont normales ?

Il est en effet possible d’observer une bande d’échogénicité discrètement augmentée au sein de la muqueuse au contact de la lumière. Il s’agit des villosités intestinales. Leur échogénicité varie en fonction de la dilatation des chylifères. Une ligne hyperéchogène peut également être observée à la limite des couches musculaires circulaires (internes) et longitudinales (externes) de la couche musculeuse. Ces deux couches ou bandes sont visibles dès lors que l’on utilise des sondes linéaires à haute fréquence et ne constituent en rien une anomalie de la paroi de l’intestin.

En échographie, peut-on différencier les lymphomes intestinaux de bas grade des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin chez le chat ?

Dans l’espèce féline, les lymphomes intestinaux de bas grade présentent une apparence similaire à celle des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), à savoir un épaississement diffus de la couche musculeuse, cette dernière étant d’épaisseur comparable à celle de la couche muqueuse. Il est impossible de distinguer ces deux entités pathologiques sur la seule base des images échographiques. La présence d’une adénopathie mésentérique majeure attestera d’un processus plutôt néoplasique. Seule la biopsie pleine épaisseur, et donc réalisée de manière chirurgicale, permettra de trancher entre ces deux affections. De manière raisonnable et moins invasive, un contrôle échographique régulier (tous les mois au début, puis de manière plus espacée en l’absence de changement échographique) pourra être proposé.

Quelle est l’apparence échographique typique d’une lymphangiectasie intestinale ?

La présence de striations hyperéchogènes au sein de la couche muqueuse, perpendiculaires à l’axe de la lumière, correspond à une dilatation des chylifères sur le plan histologique et est donc l’image très spécifique d’une lymphangiectasie intestinale. Elle est particulièrement visible avec une sonde linéaire et peut facilement être manquée si une sonde à trop basse fréquence est utilisée.

Comment puis-je prélever une masse digestive en vue de son analyse cytologique ou histologique ?

Tout d’abord, il importe de vérifier que la numération plaquettaire ou les temps de coagulation sont dans les valeurs usuelles avant d’envisager d’effectuer respectivement une cytoponction à l’aiguille fine ou une biopsie échoguidée.

Pour ces deux techniques, la règle d’or consiste à ne pas traverser la lumière intestinale afin d’éviter toute contamination de la cavité péritonéale par des bactéries de la flore digestive, ou de créer un pneumopéritoine ou une péritonite. La particularité des tumeurs épithéliales est que l’exfoliation n’est pas fréquente. Les cytoponctions sont donc rarement diagnostiques (l’absence de réponse peut néanmoins être évocatrice d’une tumeur épithéliale), à la différence des tumeurs à cellules rondes comme les lymphomes ou les mastocytomes digestifs. Par conséquent, la cytoponction est une première étape dans le prélèvement d’une masse digestive. Si elle se révèle non conclusive, il convient d’effectuer une biopsie. Selon la taille de la masse et la dextérité de l’opérateur, une biopsie échoguidée (14 à 16G) ou chirurgicale est préférée. La résection chirurgicale présente l’avantage de traiter également l’animal (de manière curative ou palliative). Lors de suspicion de pyogranulome de péritonite infectieuse féline (PIF), il est intéressant d’envoyer un prélèvement (cytologique ou histologique) en vue d’une polymerase chain reaction (PCR).

Puis-je mettre de l’alcool en contact avec la sonde échographique ?

Il importe de vérifier avec le constructeur de l’échographe s’il est possible de mettre la sonde en contact avec de l’alcool. Les sondes les plus récentes sont généralement résistantes à ce produit. En cas de doute, il convient de préférer l’Hibitane®.

Des zones ovalaires hypoéchogènes focales sont parfois visibles au sein de la paroi intestinale, cæcale ou colique. Est-ce normal ?

Les petites zones ovalaires mesurant 1 à 2 mm, situées au sein de la couche sous-muqueuse du côlon, correspondent à des lymphocentres (nombreux follicules lymphoïdes sur le plan histologique). En grand nombre, ils peuvent témoigner d’un processus inflammatoire actif. Ils sont généralement nombreux chez le jeune, en raison d’un système lymphohématopoïétique très développé. De même, des plaques hypoéchogènes peuvent être visibles au sein de la couche muqueuse de l’iléon et de l’ensemble de l’intestin grêle. Elles représentent des plaques de Peyer, plus nombreuses chez le chiot ou le chaton ou chez des animaux présentant une inflammation du tractus digestif.

Quels sont les différents pièges dans la recherche de corps étrangers obstructifs digestifs ?

Lors de suspicion d’un corps étranger digestif obstructif, il faut veiller à ne pas faire de diagnostic excessif : les herbes à chat miment des corps étrangers linéaires ; des légumes mal cuits, tels que les carottes, peuvent également prêter à confusion ; une anse colique peut être confondue avec un segment intestinal dilaté. Afin d’éviter toute confusion, il convient de toujours commencer par la localisation du côlon.

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