Principales causes de mortalité précoce chez les poussins - La Semaine Vétérinaire n° 1650 du 13/11/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1650 du 13/11/2015

SYNTHÈSE

Pratique mixte

FORMATION

Auteur(s) : Khaled Kaboudi*, Karim Adjou**

Les jeunes poussins sont confrontés, dès leur mise en place, à un nouvel écosystème dans lequel plusieurs facteurs interagissent pour satisfaire les besoins des animaux, et qui sont impliqués dans la mortalité précoce des poussins.

Un gain de poids régulier, particulièrement chez le poulet de chair, permet de raccourcir la période d’engraissement. Afin d’atteindre cet objectif, les premiers jours de vie s’avèrent très importants parce qu’ils définissent l’optimum de la croissance et la santé des oiseaux. En effet, juste après l’éclosion, les changements les plus importants sont subis par le poussin. Ce dernier comprend à sa naissance 20 % de vitellus, une réserve nutritive et une base d’immunité passive, qui doivent être efficacement digérées.

De plus, le tractus digestif et le foie se développent pendant la première semaine. Ensuite, c’est l’appareil musculo-squelettique qui augmente de masse. Les intestins à l’éclosion sont pratiquement stériles et le poussin commence à acquérir sa microflore native pendant les premiers jours de vie, avant de confronter des pathogènes dont la vitesse de multiplication est plus rapide. Enfin, le système immunitaire est encore immature, les organes lymphoïdes sont à peine développés.

LES DIFFÉRENTES CAUSES DE MORTALITÉ PRÉCOCE

Plusieurs causes sont impliquées dans la mortalité précoce des poussins, dont les plus fréquemment évoquées : la génétique, les conditions d’incubation, l’environnement, l’alimentation et les pathologies.

L’âge des reproductrices, le stockage des œufs à couver (OAC) et les conditions d’incubation

La qualité des OAC et des poussins qui en sont issus dépend de l’âge des poules. Avec les jeunes reproductrices, il est noté une meilleure qualité de l’albumen, un meilleur taux d’éclosion et un taux plus élevé de poussins d’un jour de première qualité, par comparaison aux œufs issus de reproductrices plus âgées.

Le stockage prolongé altère la qualité des œufs à couver, ce qui peut affecter la qualité physique et sanitaire des poussins. Par conséquent, les performances zootechniques de ces derniers se trouvent détériorées durant la première semaine d’élevage (Tona K. et coll., 2004).

Les conditions de l’incubation, notamment en ce qui concerne la température, l’hygrométrie, la ventilation et le tournement, contribuent au bon développement embryonnaire et, par conséquent, à l’éclosion d’un poussin de qualité. La température, plus particulièrement, est considérée comme le facteur critique le plus important. Les fluctuations de celle de la coquille peuvent entraîner des pertes en termes de performances des poulets à cause de l’effet négatif sur le développement des viscères (Sözcü A. et Ipek A., 2013). Lorsque la température est trop élevée, les poussins éclosent plus précocement, avec des anomalies au niveau des organes. En effet, dans ces conditions, les besoins de l’embryon en oxygène augmentent, ce qui perturbe son développement. Le stress qu’il subit inhibe l’utilisation des protéines de l’albumen, avec pour conséquences une mortalité embryonnaire, une plus faible éclosabilité, un poussin de mauvaise qualité et une mortalité précoce à l’élevage (Lourens A. et coll., 2005).

Le transport des poussins

Les mauvaises conditions de transport peuvent conduire à une mortalité importante, dès la mise en place des poussins. Toutefois, plusieurs études ont montré que la durée du transport n’affecte pas de façon significative les performances des oiseaux, ni leur viabilité, notamment pendant la première semaine de vie. Dans ce sens, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a montré qu’aucun effet sur la mortalité des poulets de chair au démarrage n’a été constaté sur différents lots (19 000 poussins répartis sur trois groupes) avec un temps de transport de 4 heures, 10 heures ou un transfert direct. Cependant, une longue durée de transport entraîne une diminution du poids des animaux jusqu’à 3 semaines, puis l’effet disparaît.

Les conditions d’élevage

La température et la ventilation représentent les deux facteurs primordiaux à maîtriser pendant les premiers jours de vie. En effet, incapables de maintenir la température corporelle constante, les poussins ont besoin d’un chauffage approprié pour éviter les pertes d’énergie et pour favoriser un emplumement normal. Dans ce sens, tout excès de température peut induire la mort par étouffement et/ou par déshydratation. Alors qu’un chauffage insuffisant est susceptible d’entraîner un refroidissement, favorise les atteintes respiratoires et conduit à un regroupement des poussins, d’où leur étouffement.

Pour prévenir les complications liées au changement de température, il est important de procéder au préchauffage du bâtiment 24 heures avant la mise en place des poussins.

Le recours à un minimum de ventilation durant les premiers jours d’âge est aussi crucial. En effet, cette ventilation assure l’approvisionnement des poussins en oxygène, élimine l’excès de chaleur et d’humidité. Lors d’un défaut de ventilation, le risque d’intoxication par le monoxyde de carbone est élevé, d’autant plus que si le matériel de chauffage (radiant à gaz) est mal entretenu ou épuisé.

Enfin, la maîtrise de la température et de la ventilation pendant le démarrage favorise l’absorption adéquate de la réserve vitelline et prévient les infections du sac vitellin.

Les causes nutritionnelles

Le vitellus constitue une réserve nutritive qui peut couvrir les besoins du poussin durant les 3 à 5 jours suivants l’éclosion. Toutefois, cette source de nutriments et d’anticorps d’origine maternelle ne satisfait pas les demandes de l’organisme des oiseaux. C’est ainsi que la distribution aussi précoce que possible de l’aliment et des vitamines favorise le bon développement des intestins et du système immunitaire, les principaux facteurs déterminant la bonne croissance des poulets. La qualité de l’eau de boisson, la température, la disposition et l’état du matériel d’abreuvement (adapté à l’âge des poussins) sont des facteurs primordiaux pour éviter la mortalité par déshydratation et/ou par atteinte rénale et la contamination des poussins par des germes pathogènes.

Les maladies

Plusieurs maladies d’étiologie variable sont à l’origine de mortalité précoce chez les poussins, dont les infections bactériennes, virales, mycosiques et les affections métaboliques. La contamination des poussins peut être verticale, au couvoir ou à l’élevage. Parmi les infections concernées, citons :

– les omphalites, qui peuvent avoir lieu durant l’éclosion ou après celle-ci (les bactéries, dont E. coli, Salmonella, Staphylococcus, Klebsiella, etc., sont les germes les plus souvent incriminés) ;

– les colibacilloses, les paratyphoses, qui semblent être de plus en plus impliquées dans la mortalité des poussins ;

– les infections par des virus hautement pathogène d’influenza aviaire (exemple : H5N1), à l’origine d’une mortalité foudroyante dans la poussinière ;

– la maladie de Newcastle, due à un paramyxovirus dont les souches vélogènes peuvent être la cause d’une mortalité très élevée ;

– l’encéphalomyélite infectieuse aviaire, due à un picornavirus transmissible par l’œuf. Cette affection se manifeste par une mortalité embryonnaire, une mortinatalité et une mortalité des poussins à l’élevage dès l’âge de 10 à 12 jours ;

– l’aspergillose, dont les sources de contamination sont représentées principalement par le couvoir, l’aliment et la litière. Les poussins infestés manifestent une dyspnée quelques jours après la mise en place, pouvant être associée à de la diarrhée blanchâtre et à des troubles nerveux ;

– les maladies métaboliques complexes, dont les syndromes ne sont pas liés directement à une carence alimentaire, mais plutôt à une action synergique de plusieurs facteurs nutritionnels et de conditions d’élevage.

Les intoxications

Peuvent aussi être incriminées les intoxications (au monoxyde de carbone et au dioxyde de carbone), qui sont souvent, en élevages avicoles, accidentelles et/ou la résultante d’une mauvaise conduite d’élevage. Elles surviennent après l’inhalation d’un gaz toxique ou l’ingestion d’une substance à une dose plus forte que celle tolérée.

L’intoxication par le sel (chlorure de sodium) peut, elle, avoir lieu à la suite de la distribution d’une eau très salée. Les poussins manifestent alors de la diarrhée aqueuse et une mortalité parfois élevée.

Les traumatismes

Autre cause enfin : les traumatismes. La rupture du sac vitellin peut ainsi être observée chez les poussins de quelques jours d’âge, conduisant à une mortalité de 2 à 3 % durant les trois premiers jours de vie (Shaw D. P. et Halvorson D. A., 1993). Bien que cette complication soit moins fréquemment notée, elle peut apparaître lors d’une adhérence du sac vitellin à la paroi abdominale ou lors d’une manipulation inadéquate de la part des sexeurs au couvoir.

  • – Karki K., Manandhar S., Koirala P. Clinical laboratory outbreak investigation of sudden death syndrome in broiler chicken in Kathmandu Valley, Nepal 2010. Prime J. Microbiol. Res. 2012;2:77-79.
  • – Lourens A., van den Brand H., Meijerhof R., Kemp B. Effects of eggshell temperature during incubation on embryo development, hatchability, and posthatch development. Poult. Sci., 2005;84:914-920.
  • – Mubarak M. Histopathology of toxicity induced in broiler chickens by excess sodium compounds. J. Biol. Sci., 2004;4:553-558.
  • – Shaw D. P., Halvorson D. A. Early chick mortality associated with rupture of the yolk sac. Avian Dis. 1993;37:720-723.
  • – Sözcü A., Ipek A. Incubation conditions affect chick quality and broiler performance. J. Agricult. Fac. of Uludag University. 2013;27:139-146.
  • – Tona K., Onagbesan O., De Ketelaere B. et coll. Effects of age of broiler breeders and egg storage on egg quality, hatchability, chick quality, chick weight, and chick posthatch growth to forty-two days. J. Appl. Poult. Res.2004;13:10-18.
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