L’American Animal Hospital Association publie des recommandations sur la gestion des troubles du comportement

Les troubles du comportement chez le chien et le chat affectent plus d’animaux qu’aucune autre discipline médicale et sont fréquemment à l’origine d’euthanasies, d’abandons ou de souffrance chez les sujets atteints. Pour cette raison, leur gestion est maintenant reconnue comme essentielle en médecine des animaux de compagnie. L’American Animal Hospital Association (AAHA) publie¹, dans ce cadre, des recommandations, dont les supports à leur élaboration sont issus de la médecine fondée sur les preuves et sur un consensus entre les auteurs, experts dans ce domaine.

Une évaluation comportementale lors de toute consultation

Selon eux, tout vétérinaire devrait intégrer une évaluation comportementale dans sa pratique clinique et l’historique comportemental de l’animal devrait systématiquement faire partie de son dossier médical. Ces évaluations évoluent avec l’âge et sont particulièrement importantes chez le jeune (10 % des chiots qui manifestent de la peur au cours d’un examen clinique à l’âge de 8 semaines continuent d’en exprimer à 18 mois). Le répertoire social et comportemental, qu’il soit normal ou non, s’établit en grande partie durant le développement de l’animal. C’est l’un des rôles majeurs du vétérinaire que d’assurer de bonnes conditions de développement, via l’apport de la nutrition et les conseils d’éducation et de socialisation (prescription de techniques d’exposition douces qui laissent l’animal se développer à son rythme). Le vétérinaire doit être entraîné à repérer les comportements normaux, y compris lorsqu’ils sont indésirables, et anormaux, ainsi que les sujets qui risquent de développer des troubles du comportement. Pour cela, il est nécessaire d’organiser des consultations de suivi pubertaires et gériatriques. Les propriétaires sont, par ailleurs, plus enclins à consulter s’ils sont formés à repérer les signes d’apparition de troubles liés au vieillissement (cognitifs, algiques, etc.).

Former une équipe compétente

Les structures souhaitant développer le comportement dans leur pratique doivent inclure l’ensemble de leur équipe. Il est préférable de désigner un vétérinaire lui-même formé, en charge de la mise en place des mesures nécessaires et de la formation de tous les membres de l’équipe. L’objectif final est d’augmenter la crédibilité du praticien vis-à-vis du client, de conserver la clientèle, et de faire du vétérinaire un expert et le premier interlocuteur concernant la gestion de ces troubles, ce qui n’est pas le cas actuellement². Une équipe compétente favorise l’augmentation de la qualité de vie des animaux et des clients, ainsi que la relation animal-vétérinaire-client, tout en augmentant son espérance de vie moyenne et en diminuant le risque d’euthanasie. Enfin, il est envisageable d’associer des personnes extérieures, notamment des éducateurs canins compétents et qui travaillent selon des bases éthologiques saines, vérifiées et validées par la personne en charge de la mise en place des mesures comportementales dans la structure.

Savoir gérer un animal anxieux

Une étude de 2009³ montre que près de 80 % des chiens manifestent une réaction de peur une fois mis sur la table de consultation. L’anxiété et la peur augmentent le risque d’agression, détériorent la relation avec le client et ont des effets délétères sur l’animal hospitalisé (augmentation des infections nosocomiales, rétablissement prolongé, etc.). La gestion d’un animal anxieux passe par l’utilisation de techniques associant aménagement environnemental et méthodes de contention adaptées : revêtements antidérapants, serviettes, récompenses, jeux, muselières (privilégier les muselières panier), harnais, cages de contention, etc.

Une chaîne de soins en médecine du comportement

La prise en charge des troubles sociaux ou comportementaux est multifactorielle. Les comportements indésirables peuvent être modifiés en ayant recours à des techniques bien codifiées sous la supervision du vétérinaire qui les prescrit, en association ou non avec un traitement médical pharmacologique si nécessaire (états anxieux, phobie, animal difficile à manipuler, etc.). Le recours à un vétérinaire spécialisé doit être systématiquement une option à envisager.

• 1 Hammerle M. et coll. 2015 AAHA canine and feline behavior management guidelines. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 2015;51:205-221.

• 2 Seuls 13 à 17 % des clients ont recours aux vétérinaires pour des renseignements concernant l’éducation ou les troubles du comportement chez le chien. Source : Roshier A. L. et McBride E. A. Canine behaviour problems : discussions between veterinarians and dog owners during annual booster consultation. Vet. Rec. 2013;179:235.

• 3 Döring D., Roscher A., Scheipl F. Fear-related behavior of dogs in veterinary practice. Vet. J. 2009;182:38-43.