Le vétérinaire, premier conseiller des alternatives aux antibiotiques

Les éleveurs privilégient les alternatives aux antibiotiques qu’ils connaissent, ce qui montre l’importance de l’information lorsqu’elle est délivrée par les vétérinaires, considérés comme les premiers conseillers concernant ces nouvelles options. Ces résultats proviennent d’une enquête¹ menée en 2013 dans 60 élevages porcins naisseurs-engraisseurs du bassin Grand Ouest comptant plus de 100 truies et 500 porcelets. Pour chacune des 19 alternatives sélectionnées dans la bibliographie, les éleveurs ont noté, de 1 à 6, son efficacité et son coût. Ils ont également évalué la qualité de l’information reçue de leur vétérinaire et de leur technicien d’élevage au sujet de l’efficacité de méthodes alternatives aux antibiotiques et sur la façon de les utiliser.

Évaluation des rapports coût/efficacité

L’euthanasie des animaux jugés “sans intérêt économique” est l’alternative classée en première place, en raison de son coût peu élevé. Elle est suivie, par ordre décroissant des rapports efficacité/coût, de la qualité de l’eau de boisson, de la réduction du stress, de la prévention des infections par morsure de queue ou autres blessures, et, enfin, de la qualité du nettoyage et de la désinfection. Cette dernière solution paraît être la plus efficace de toutes, d’après les éleveurs, mais elle se retrouve en cinquième place en raison de son coût, perçu comme étant plus élevé que celui des précédentes méthodes.

La bonne qualité de l’alimentation, avec la réalisation de rations optimisées et adaptées à l’âge des animaux, est également une solution envisagée, car considérée de plus faible coût que l’hygiène du bâtiment, mais moins efficace.

La vaccination perçue comme une solution alternative onéreuse

Certaines alternatives sont considérées comme efficaces mais coûteuses. C’est le cas de la réduction de la densité (animaux/m²) du bâtiment et du renforcement du plan de vaccination, ce dernier apparaissant comme l’option la plus coûteuse parmi toutes celles qui ont été proposées.

D’autres semblent moins efficaces, mais également d’un coût moindre que les deux précédentes, et sont classées comme ayant un rapport efficacité/coût moyen. Il s’agit des facteurs d’ambiance (humidité, ventilation, température et lumière), de la conception du bâtiment permettant d’éviter les traumatismes, de l’utilisation de micronutriments dans l’aliment (cuivre, zinc, etc.) ou d’acides organiques dans l’aliment ou l’eau de boisson, et, enfin, du choix d’animaux résistants aux maladies (à Escherichia coli, par exemple).

Des procédés méconnus

Certains procédés, mal connus des éleveurs (l’enquête révèle que moins de 60 % d’entre eux savent les évaluer), sont perçus comme étant les plus coûteux et les moins efficaces. Il s’agit soit de méthodes telles que la phytothérapie, les pré- et probiotiques ou les enzymes comme additifs alimentaires, soit de procédés innovants pour lesquels peu de données sont disponibles, tels que l’utilisation de peptides antimicrobiens endogènes protégeant la peau et les muqueuses contre les infections, de probiotiques après l’étape de nettoyage et de désinfection, ou de stimulants du système immunitaire de l’animal par des immunomodulateurs comme l’interféron alpha (IFN-α), les interleukines 2 (IL-2) et les anticorps colostraux.

Le rôle d’information du vétérinaire

Vétérinaire et technicien d’élevage sont perçus comme ayant un rôle important d’information sur ces alternatives. Toutefois le praticien arrive en première position (score de 4,7 sur 6, contre 4 pour le technicien d’élevage). Ainsi, le vétérinaire est considéré comme le meilleur conseiller concernant les méthodes alternatives aux antibiotiques et leur utilisation dans le cadre du plan ÉcoAntibio 2017. Cependant, plusieurs d’entre elles restent inconnues de certains éleveurs, qui ont recours à celles qu’ils connaissent le mieux.

• 1 En collaboration avec le consortium Minapig.