Loi d’avenir : un édifice à finir

La loi d’avenir agricole était annoncée comme l’un des plus grands chantiers de l’année 2014. Quelques fuites par-ci par-là ont laissé planer l’ombre du découplage puis celle de la transparence, tel un cheval de Troie. La loi a posé les remblais et les soubassements de cet ambitieux chantier qui modifie substantiellement les relations entre les acteurs du médicament vétérinaire. En effet, le plan d’architecte paru au Journal officiel le 14 octobre 2014 a prévu des matériaux de choc : dispositif “anti-cadeaux” siamois de celui de la “transparence des liens”, interdiction des remises sur les antibiotiques, lutte contre l’antibiorésistance, mesure anti-compérage… Toutes ces nouvelles dispositions obligent le vétérinaire à encore plus de vigilance. Il doit veiller à ne pas recevoir d’avantage commercial lors de l’achat d’antibiotiques, à déclarer toute cession de médicament vétérinaire comportant des substances antibiotiques, à contrôler ses prescriptions et ses délivrances d’antibiotiques dits “critiques” (toujours en attente de publication), dont l’usage doit être réduit de 25 % d’ici à fin 2016… Plusieurs mesures, telles que l’interdiction des remises sur les antibiotiques, étaient d’application immédiate.

Mais un an après, le bruit du burin “Avenir” résonne dans l’esprit des praticiens comme un travail de longue haleine inachevé. En effet, de grands changements restent encore à venir. Parmi les mesures en attente d’application, les dispositifs “anti-cadeaux” et “transparence”. Certains pessimistes ne croient pas à la surprise et pensent qu’il s’agira d’une simple transposition des modalités déjà applicables à la santé humaine. En revanche, les plus optimistes pourraient s’attendre à la prise en compte des spécificités du modèle économique du médicament vétérinaire. Mais les plus réalistes, quant à eux, cherchent le juste équilibre. Il faudra donc encore s’armer de patience pour voir l’édifice achevé. Gageons que le premier trimestre 2016 donnera plus de visibilité aux praticiens.