Particularités de la ferrure chez le cheval de course

La paroi du sabot du pur-sang est beaucoup plus fine que chez les autres races, la fréquence de referrage est particulièrement haute. Il présente aussi d’autres particularités : beaucoup de talons bas, mais surtout des talons fuyants.

En outre, de nombreux problèmes d’interférences et de déferrage sont observés chez les chevaux de course. Les accidents de paroi sont fréquents, et une grande technicité est requise pour la réparation. Ces techniques ont plutôt été développées chez les pur-sang d’abord, pour être adaptées aux autres races ensuite. Certains aspects varient d’un pays à l’autre.

Comme la paroi des sabots est fine chez les pur-sang, les étampures des fers sont plus maigres. Elles sont plus nombreuses dans les fers de course, surtout pour donner une opportunité de mettre le clou où le maréchal-ferrant le souhaite et favoriser le brochage. Une différence est toutefois à souligner : en France, les fers sont attachés à l’aide de dix clous, alors que six ou sept clous sont utilisés dans les autres pays, fait remarquer le conférencier, Simon Curtis.

Évolution des fers

Les fers ont continué à évoluer. Aujourd’hui, ils sont plus larges. En Angleterre, les chevaux sont ferrés en acier lors de l’entraînement et en aluminium pendant les courses. Autrefois, l’aluminium n’était pas très solide : le cheval était ferré avant la course et la ferrure était changée à la fin de l’épreuve. Ainsi, si le cheval courait six fois dans le mois, il fallait changer 11 fois ses fers, ce qui était important, d’autant que, face aux problèmes de corne, l’habitude est de réutiliser les anciens trous dans la paroi. Aujourd’hui, l’aluminium est d’une qualité supérieure ; beaucoup d’entraîneurs peuvent laisser les chevaux ainsi ferrés à l’entraînement. La conséquence immédiate est l’amélioration de la qualité de la corne.

En Angleterre, comme en France, certaines écuries se situent loin de la piste d’entraînement, obligeant le cheval à marcher sur la route. C’est le cas à Newmarket, où est installé Simon Curtis et où certaines écuries sont distantes de 2 à 3 km de la piste d’entraînement. Ainsi les chevaux usent beaucoup leurs fers. Quand ils galopent, les animaux se fatiguent. Résultat : ils lèvent moins leurs pieds au retour de la piste. « Je ne vais jamais suggérer de mettre un fer plus épais, mais éventuellement que le sabot soit plus couvert pour avoir davantage de matière à user », conseille le maréchal-ferrant.

Gestion des ferrures

Les conséquences d’un referrage fréquent chez les chevaux de course, dont la paroi des sabots est fine et fragile, sont les lésions. Aujourd’hui, des colles très performantes sont à disposition des maréchaux-ferrants.

La façon dont le pied est préparé avant de mettre le fer est primordiale chez toutes les races, mais comme le pur-sang a tendance à avoir une pince qui part vers l’avant et des talons fuyants, il convient de tenir compte de ses caractéristiques.

La paroi dorsale du sabot doit être parallèle à la troisième phalange. C’est le parage qui est le plus important dans la biomécanique. Parfois, il y a confusion entre des talons fuyants et des talons écrasés, donc attention à parer les talons qui ont besoin de l’être.

Les interférences

Les interférences sont des chocs entre les deux membres ou d’un membre sur lui-même. Ce problème est très courant entre les deux postérieurs où les membres se touchent au niveau du boulet. Il survient fréquemment quand le cheval est fatigué, en fin de course, ou quand il est arrêté trop brutalement. Il apparaît moins souvent au milieu de l’épreuve. Ce risque est difficile à gérer, car il est lié à la fatigue. « Au début, les fers 3/4 étaient beaucoup utilisés. C’est, en apparence, une bonne façon de gérer le problème, mais cela déformait les aplombs, car la partie du fer qui était la cause de la blessure était toujours là. Aujour d’hui, on ne voit pratiquement plus cela dans les courses en Angleterre », poursuit Simon Curtis.

Brushing, scalping et over reaching

Le brushing (cheval qui se touche) et le scalping (cheval qui s’atteint) sont deux interférences différentes. L’antérieur peut provoquer la lésion au niveau du boulet postérieur. La mamelle latérale de l’intérieur touche la partie médiale du postérieur au niveau du boulet. Ce problème est souvent confondu avec l’interférence entre les deux postérieurs. Quand le pied présente des lésions, un gonflement du boulet est observé, rendant celui-ci plus exposé aux interféren ces et le blessant davantage. Le cheval perd confiance et craint de recommencer. Il perd ses allures, et un cercle vicieux s’installe.

L’over reaching (cheval qui s’attrape) désigne une autre interférence. Parfois le cheval vient s’attraper au niveau des glomes, parfois il se déferre.

Il est possible de le ferrer de façon à réduire les risques de blessure, en utilisant des fers de trotteurs avec des rives latérales arrondies.

La ferrure traditionnelle pour limiter les atteintes est une branche droite de la pince au quartier. Comme une certaine partie de la paroi dépasse, il n’est pas possible de planter de clou sur cette zone. Cette solution est donc très efficace pour les blessures du postérieur, mais pose un problème de brochage.

Une autre technique est d’agir sur les postérieurs. Si une branche américaine est placée sur la branche latérale du fer, le cheval aura tendance à écarter ses pieds durant les allures. Une modification de 2 à 3 mm peut suffire à éviter la blessure.

Les seimes

Les seimes quartes sont très courantes aujourd’hui en Europe en raison des changements de climat et de la qualité des terrains. Le membre est tourné vers l’extérieur et un valgus du carpe est observé. Les seimes quartes démarrent toujours au niveau de la couronne et de l’intérieur vers l’extérieur, elles sont donc différentes de celles des pieds qui se fendent car ils sont trop longs. C’est une vraie cassure de la paroi du sabot. La seime quarte témoigne de l’important stress qui la provoque. Il convient d’effectuer une réparation solide. Une part du traitement consiste aussi à agir contre cette déformation du sabot. Pour ce faire, Simon Curtis considère l’arrière du sabot et ignore l’asymétrie du talon pour parer (car c’est une source d’erreur).

Le cheval ne pose généralement pas le pied en un temps et les seimes quartes surviennent quand il existe, de toute évidence, une différence importante lors de l’appui des deux talons. La façon de traiter la seime est d’abord de changer cet équilibre du pied et de réparer la seime avec des acryliques et un fer, afin de stabiliser ces mouvements verticaux et de réduire l’asymétrie.

Le Mustad Raceglu® est le premier fer collé utilisable. Il existe aussi des colles acryliques qui permettent de faire tenir des fers en aluminium bien mieux qu’avant. L’acrylique est également employé dans l’industrie ferroviaire, donc la fixation est très solide, à tel point que cela empêche le pied de fonctionner et ne doit être utilisé que sur une courte période. L’acrylique peut aussi permettre de réparer les parois détériorées.

En Australie, il est interdit de coller des fers sans l’aval des autorités. En Angleterre, il est possible d’utiliser un crampon sur la branche extérieure, mais pas en France. La grappe en pince est proscrite en Europe : « C’est une bonne chose, car cela peut provoquer des blessures, aussi bien au cheval qu’aux personnes qui l’entourent. »