ÉCOLES VÉTÉRINAIRES FUSION OU PARTENARIAT POURQUOI ? - La Semaine Vétérinaire n° 1645 du 09/10/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1645 du 09/10/2015

Décryptage

Auteur(s) : Lorenza Richard

Cinq ans après la fusion de l’ENVN et de l’ENVL avec respectivement l’Enitiaa de Nantes et l’Enita de Clermont-Ferrand, qui a donné naissance à Oniris et à VetAgro Sup, les directions concernées, mais aussi celles qui ont opté pour le partenariat plutôt que pour la fusion, nous expliquent leur choix.

POUR LE PARTENARIAT

Marc Gogny Directeur de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA).

« La fusion aurait impliqué un déménagement »

Le choix de ne pas fusionner a été effectué par l’école d’Alfort il y a 5 ans, et j’y adhère sans réserve. Une fusion avec AgroParisTech aurait impliqué le déménagement de l’école vétérinaire sur le campus de Saclay, dans l’Essonne. Or, le centre hospitalier venait d’être créé à Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne, des travaux étaient lancés pour ancrer l’Anses sur ce site, et des UMR venaient de voir le jour avec l’Inserm à Créteil, donc à proximité. Désormais, il est difficile de dire ce que serait la situation si la fusion n’avait pas été conditionnée par le fait de changer de lieu, car la collaboration avec AgroParisTech fonctionne très bien, de même que les partenariats avec les autres établissements. Ces collaborations se sont récemment renforcées depuis la création de l’IAVFF.

L’école d’Alfort a été l’un des membres fondateurs du Pres, devenu la ComUE université Paris-Est, où elle est partie prenante d’un pôle thématique : le pôle santé-société. Le partenariat est riche, principalement au niveau de la recherche, ce qui permet à Alfort de rester en première ligne dans ce domaine. De plus, la formation doctorale est mutualisée au sein de la ComUE et la délivrance du diplôme de docteur d’université et d’habilitation à diriger des recherches est plus facile d’accès aux étudiants vétérinaires. Il en va de même pour le volet formation, avec des initiatives d’accompagnement pédagogique des enseignants, ou encore la chaire d’entreprise Alfort-entreprendre, dont la création a été favorisée par la ComUE, et qui assure aux étudiants une meilleure formation au management.

Isabelle Chmitelin Directrice de l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT).

« Garantir la visibilité de la formation vétérinaire ! »

Le rattachement de l’ENVT à l’INPT en 2010 a permis de structurer, à l’échelle régionale, une collectivité agro-bio-vétérinaire autour d’un même établissement ayant rang d’université. Ce choix de positionnement dans un contexte universitaire, mieux compris dans le système européen d’enseignement vétérinaire, a été unanimement salué, tant par les évaluateurs de l’Aeres que par ceux de l’A3EV.

Dans la nouvelle ComUE université fédérale de Toulouse – Midi-Pyrénées, instaurée à la suite de la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche de juillet 2013, l’ENVT pourrait être amenée, au-delà de l’INPT, à solliciter, dans les prochains mois, un statut de membre associé, d’associé renforcé ou de simple partenaire. La question de sa participation en propre ou via l’INPT fera l’objet d’un examen par les administrateurs d’ici la fin de l’année. L’adhésion à la ComUE est la condition sine qua non pour émarger aux financements des équipes de recherche. Elle permettrait, en outre, une participation de l’école via, entre autres, les travaux du collège Toulouse-ingénierie et pourrait ainsi fortement contribuer à favoriser l’émergence d’un collège santé-soins aux côtés des facultés de médecine, de pharmacie et de chirurgie dentaire de l’université Paul-Sabatier – Toulouse 3.

À l’échelle nationale, l’ENVT est également membre de l’IAVFF. En tant que seule école vétérinaire membre fondateur d’Agreenium, elle devrait y occuper une place prépondérante. Elle participera activement aux travaux de l’institut et, en particulier, aux réflexions qui vont être conduites pour le développement des coopérations renforcées fixées par le décret du 30 mars 2015 (élaboration d’un programme d’enseignement commun correspondant au référentiel du diplôme national unique, et coordination des programmes de recherche clinique).

Dans la dynamique des pôles et réseaux régionaux, nationaux et internationaux, l’ENVT a fait des choix d’alliances et de partenariats. Je souhaite que nous préservions, dans les coopérations à venir, les spécificités liées à la formation vétérinaire afin de garantir la visibilité de celles-ci à toutes celles et ceux qui en sont sortis et en sortiront dans les prochaines années.

Il sera, à ce titre, important de pouvoir conforter rapidement la lisibilité de l’école au travers d’une identité forte, d’une image et d’une marque à développer dans ce sens, mettant en avant non seulement ses caractéristiques, mais également ses particularités.

POUR LA FUSION

Stéphane Martinot Directeur de VetAgro Sup (fusion ENVL-Enita).

« Des projets communs avec des regards différents »

La fusion avec l’Enita de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) s’est en particulier construite dans un contexte d’évolution des statuts des établissements. L’avantage concret d’être devenu VetAgro Sup est la meilleure visibilité de l’établissement, qui est la seule entité à regrouper les valences vétérinaire, agronomie et santé, avec un seul conseil scientifique : nous sommes bien identifiés et cela est important pour nos partenaires, dont les universités. C’est le cas notamment à l’international, car ce modèle de fusion agro et véto est celui rencontré dans les universités à l’international, qui rapprochent collèges vétérinaire et agronomique.

Après une phase de connaissance mutuelle, depuis septembre 2015, une approche croisée des projets d’enseignement et de recherche initiaux est abordée. Les cursus se séparent ensuite, mais les étudiants travaillent sur des problématiques communes, comme l’agroécologie ou la santé publique, en particulier dans le cadre de l’ENSV, mais avec des regards différents. L’accent est notamment mis sur la recherche en productions animales par la création de l’UMR herbivores avec l’Inra, où les vétérinaires apportent leur regard, par exemple, sur le bien-être animal, alors que les ingénieurs abordent les problématiques liées au pâturage. D’autres UMR sont vouées à se multiplier.

D’autre part, le projet de recherche Vetera tentera d’expliquer la désertification des vétérinaires en pratique rurale, et les deux abords permettent d’apporter des éléments de compréhension de cette question. Cette étude est financée par la région Auvergne, et sans la fusion, elle n’aurait pas été possible. Ainsi, si la distance entre les campus agro et véto alourdit la gestion, elle est compensée par le fait que les deux campus sont dédiés chacun à une formation particulière, et servent d’interface entre les deux régions. Un seul budget commun permet de répondre aux besoins des deux cursus, tout en optimisant les dépenses de fonctionnement. Aucun poste d’enseignant n’a été supprimé, afin de répondre au ratio d’enseignants imposé par les cursus selon le nombre d’étudiants. Demain, les régions fusionneront et cela simplifiera la gestion. Le problème est la différence de cultures. Nous sommes conscients que fusionner est compliqué, mais nous avons volontairement choisi d’y aller en douceur, sans gommer les cultures de chacun. Cette évolution progressive était voulue, pour que les différentes communautés choisissent d’aller l’une vers l’autre sans que cela ne soit imposé. Cinq ans après, les équipes travaillent mieux ensemble, et réfléchissent par exemple à la création d’un nouveau département agro/véto. Chacun s’approprie ainsi cette évolution dans la durée, les étudiants également.

Dominique Buzoni-Gatel Directrice d’Oniris (fusion ENVN-Enitiaa).

Après plusieurs sollicitations de notre part, Dominique Buzoni-Gatel, qui a pris ses fonctions de directrice d’Oniris en juillet 2015, n’a pas eu la possibilité de répondre à nos questions.

GLOSSAIRE

A3EV : Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire

Aeres : Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur

Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire

ComUE : communauté d’universités et d’établissements

Enita : École nationale d’ingénieurs des travaux agricoles

Enitiaa : École nationale d’ingénieurs des techniques des industries agricoles et alimentaires

ENSV : École nationale des services vétérinaires

ENVL : École nationale vétérinaire de Lyon

ENVN : École nationale vétérinaire de Nantes

IAVFF : Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France

INPT : Institut national polytechnique de Toulouse

Inra : Institut national de la recherche agronomique

Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale

Pres : pôle de recherche et d’enseignement supérieur

UMR : unité mixte de recherche

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