Babesia vogeli, un piroplasme à ne pas négliger - La Semaine Vétérinaire n° 1645 du 09/10/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1645 du 09/10/2015

PIROPLASMOSES CANINES

Pratique canine

L’ACTU

Auteur(s) : Valentine Chamard

Une étude consacrée à l’épidémiologie de la piroplasmose, et dont les résultats viennent d’être publiés1, a été menée dans le sud de la France entre 2010 et 2012. Entretien avec Magalie René-Martellet, maître de conférences à VetAgro Sup, qui a participé, avec les Prs Gilles Bourdoiseau et Luc Chabanne, à ces travaux.

Quelle est la répartition des tiques en France ?

Magalie René-Martellet : En France, les tiques qui parasitent les carnivores domestiques appartiennent principalement à trois espèces : Ixodes ricinus, Dermacentor reticulatus et Rhipicephalus sanguineus. Schématiquement, les deux premières sont présentes sur la quasi-totalité du territoire, à l’exception du bassin méditerranéen, tandis que la dernière sévit principalement dans le Sud, en particulier dans le Gard, le bassin méditerranéen et la Corse. Elle est aussi retrouvée dans des chenils, dans des régions plus au Nord.

Cela a-t-il des répercussions sur la transmission des agents de la piroplasmose ?

M. R.-M. : Deux de ces trois espèces sont vectrices de piroplasmes : D. reticulatus est responsable de la transmission de Babesia canis et R. sanguineus, de Babesia vogeli. Il a en effet été récemment démontré que R. sanguineus pouvait transmettre B. vogeli en France, une forme moins virulente que B. canis. Cette tique est aussi porteuse d’autres agents infectieux, tels qu’Ehrlichia canis et Hepatozoon canis. Plus récemment, il a été mis en évidence que Theileria annae (aussi appelé Babesia vulpes), une “petite forme” de piroplasme, circulerait chez le renard en Europe et serait transmissible au chien, sans que le vecteur soit encore bien identifié.

Comment différencier les infections à B. canis de celles à B. vogeli ?

M. R.-M. : Auparavant, les piroplasmes étaient classés selon leur aspect microscopique en “petites formes” (historiquement attribuées à l’espèce Babesia gibsoni) et “grandes formes” (B. canis). Or cette deuxième forme inclut au moins trois espèces de piroplasmes, dont B. vogeli, qu’il n’est pas possible de différencier au microscope. L’identification précise du protozoaire repose donc sur la caractérisation génétique (par PCR-RFLP2, PCR, séquençage), dont la mise au point est récente.

Quelles conséquences pratiques cela entraîne-t-il pour les praticiens ?

M. R.-M. : Ils doivent garder à l’esprit que plusieurs espèces de piroplasmes circulent en France et ne pas écarter une piroplasmose lors d’anémie hémolytique même fruste, B. vogeli pouvant en être responsable. Par ailleurs, les coinfections sont fréquentes dans le cas des maladies transmises par les tiques. Il n’est pas rare d’observer des chiens infectés simultanément par B. vogeli, Ehrlichia canis et Hepatozoon canis, par exemple : les confrères ne doivent donc pas hésiter à demander la recherche de plusieurs agents vectorisés et une caractérisation génétique dans un laboratoire spécialisé, en cas de suspicion de maladie vectorielle, en particulier lors d’échec thérapeutique. Du point de vue du traitement, nos observations de terrain et les quelques publications internationales sur le sujet semblent montrer que B. vogeli est un agent qui répond bien à l’administration d’imidocarbe. En revanche, des échecs sont possibles pour les autres espèces de piroplasmes. Quant au vaccin, il cible des antigènes de B. canis. En raison de la présence d’autres agents transmis par les tiques, la prévention repose donc essentiellement sur la protection antiparasitaire.

  • 1 René-Martellet M. et coll. Update on epidemiology of canine babesiosis. BMC Vet. Res. 2015;11:223.

  • 2 Polymerase chain reaction-restriction fragment length polymorphism.

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