Tri’pattes, pour dédramatiser l’amputation

À l’origine de l’aventure des Tri’pattes, une histoire qui se termine bien : celle de Noémie Ranvin et de son border collie. Opéré puis amputé voilà six ans à la suite d’une rupture des ligaments du tarse survenue lors d’un entraînement d’agility, Rosco, aujourd’hui âgé de 16 ans, vit normalement, même privé de son membre postérieur gauche. Le parcours n’a cependant pas été évident pour ses propriétaires. « Lorsqu’il a été amputé, je me suis sentie très seule lors de la phase postchirurgicale et face à son handicap, confie Noémie Ranvin. J’aurais été heureuse de recueillir le témoignage de propriétaires qui étaient passés par là. » La création de la communauté des Tri’pattes est née de l’envie d’aider les maîtres confrontés à l’amputation, mais aussi les vétérinaires amenés à la pratiquer. Pour cela, Noémie Ranvin et Jérôme Marcel, vétérinaire exerçant dans le Nord, ont créé un site internet¹ ainsi qu’une page Facebook afin de dispenser des conseils, de guider, mais aussi de raconter le parcours de propriétaires d’animaux ayant traversé cette épreuve. « S’il est bien accompagné, le chien vit à peu près de la même façon qu’avant, souligne le couple. Nous sommes aux côtés des propriétaires après l’amputation mais aussi avant, car cet acte en effraie certains. Nous les rassurons, nous réexpliquons si besoin les soins nécessaires, ou nous les orientons vers des structures spécialisées. Nous sommes également aux côtés des vétérinaires qui nous sollicitent pour un avis et des conseils. »

Une insuffisance dans la formation initiale vétérinaire

« À l’instar de la majorité des confrères, je n’ai pas été formé par l’école vétérinaire à la question du suivi de l’animal amputé ni aux thérapies annexes, explique Jérôme Marcel. J’ai commencé à m’intéresser à ces problématiques avec notre chien. » L’amputation génère en effet des maladies articulaires ainsi que des douleurs en raison du report du poids sur les trois membres restants. Les années avançant, les tensions musculaires et les sollicitations articulaires s’accroissent. « Il importe d’être présent auprès des propriétaires, d’anticiper ces complications en proposant des solutions, poursuit Jérôme Marcel. Si le vétérinaire propose l’amputation, il doit assurer son acte et être en mesure de proposer la meilleure qualité de vie possible à l’animal. Le cas de notre chien l’illustre bien : si nous n’avions pas mis certains dispositifs en place, celui-ci se morfondrait dans son coin. »

Solutions alternatives et système D

L’un des objectifs de la communauté des Tri’pattes est donc de présenter les différentes techniques qui permettent d’améliorer le confort de l’animal : rééducation fonctionnelle, hydrothérapie, électrostimulation, ostéopathie, massothérapie, anti-inflammatoires, compléments alimentaires… « Certains dispositifs mécaniques, tels que le chariot, permettent au chien de gagner en mobilité et de sortir en promenade comme ses congénères », poursuit Jérôme Marcel. « Sans oublier le système D, ajoute Noémie Ranvin. Nous avons par exemple fabriqué nous-mêmes des accessoires, tels que des guêtres pour protéger les lésions du frottement. Sans oublier ce que nous pouvons conseiller aux propriétaires qui ont peu de moyens financiers… »

Créée il y a deux ans, la communauté des Tri’pattes, qui a vocation à se transformer en association, grandit petit à petit et l’aventure des animaux amputés se poursuit sur la toile, y compris quand ceux-ci sont tirés d’affaire. Noémie Ranvin et Jérôme Marcel sont sollicités par des praticiens et des propriétaires de toute la France, mais aussi de l’étranger. À terme, ils envisagent de proposer du matériel adapté pour les animaux amputés, ainsi que des supports d’information pour les vétérinaires.

• 1 http://lestripattes.jimdo.com.