Bouquetins : vers un abattage massif ?

En publiant le 16 septembre dernier un arrêté¹ relatif « à l’autorisation de capture, euthanasie de bouquetins séropositifs en vue de la constitution d’un noyau sain et en vue de sa surveillance, et ordonnant l’abattage de bouquetins non testés séronégatifs en 2015 sur le massif du Bargy (Haute-Savoie), en 2015 et 2016, pour maîtriser l’enzootie de brucellose au sein de cette population, dans l’intérêt de la santé publique et pour prévenir les dommages à l’élevage et aux filières agricoles de montagne », la préfecture de Haute-Savoie signe le glas de l’essentiel de la population de bouquetins du massif.

Surveillance épidémiologique post-mortem

En effet, associant des mesures de capture et d’euthanasie pour les animaux séropositifs, et d’abattage pour ceux qui ne sont pas séronégatifs, seuls devraient être préservés les quelques animaux testés négatifs en 2015. Une soixantaine sur une population de plus de 300 individus. La nuance entre les deux voies d’élimination est mince et sera sans doute adaptée au cas par cas selon la réussite des captures. Pour se débarrasser du risque de brucellose sur le massif, le préfet a choisi l’artillerie lourde plutôt que des mesures peut-être plus efficaces sur le plan épidémiologique. L’aspect financier et humain (risques physiques pour les intervenants) est mis en avant pour justifier cette décision, autant que le risque de contamination des élevages et des hommes à proximité du massif, pourtant jugé par les experts² minime pour les bovins, extrêmement faible pour les ovins, extrêmement faible à faible pour les caprins… et « quasi nul » pour les humains. Cet abattage constitue, lui, un risque non négligeable de faire diffuser la maladie à d’autres massifs, mais il serait minimisé par une surveillance des points de passage. Surveillance dont l’efficacité n’a, elle, pas été évaluée.

• 1 DDT/SEE/MNFCV/2015-0513.

• 2 Avis de l’Anses sur les mesures de maîtrise de la brucellose chez les bouquetins du Bargy, juillet 2015.