Utilisation des Heat Shock Proteins lors d’intervention chirurgicale - La Semaine Vétérinaire n° 1642 du 18/09/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1642 du 18/09/2015

CONFÉRENCE

Pratique canine

FORMATION

Auteur(s) : Patrick Conesa*, Gwenaël Outters**

Fonctions :
*Praticien à Corbas (Rhône).
Article rédigé d’après une présentation
faite lors du congrès de l’Afvac à Paris,
en novembre 2014.

Les Heat Shock Proteins (HSP) sont des protéines spécifiques, produites de façon rapide et transitoire lors de l’exposition de tout organisme à des situations de stress. Elles garantissent l’intégrité des protéines constitutives de la cellule soumise à un stress. La recherche, quasi exclusivement en humaine, vise à comprendre leur mode d’action et à exploiter leurs fonctions comme moyen de protection des cellules contre diverses agressions. Il s’agit donc d’un sujet complexe et d’avenir, car les mécanismes ne sont pas encore totalement identifiés, mais les preuves attestant de leur efficacité sont néanmoins nombreuses.

Les HSP sont réparties en cinq classes selon leur poids moléculaire. Elles ont une localisation nucléaire ou cytoplasmique et sont inductibles ou constitutives. Celles qui intéressent la médecine sont les HSP 70 (selon leur poids moléculaire), car inductibles sous l’effet de stress physiopathologiques : fièvre, inflammation, infection, chirurgie, etc.

Effets

Les HSP améliorent la vascularisation et la perfusion capillaire. Leur rôle dans la réduction de la formation de l’œdème post-chirurgical a également été mis en évidence. Au-delà de leur induction via un choc thermique, elles apportent une protection contre les lésions d’ischémie. Le rôle de ces molécules chaperonnes (qui interviennent dans le contrôle final de la synthèse des protéines) étant actuellement démontré, leurs mécanismes de protection sont encore pour la plupart suggérés. Il semble que l’accumulation des HSP peut rétablir l’activité enzymatique des protéines dénaturées pendant un choc thermique. Elles auraient aussi un effet antiradicalaire. Elles semblent capables d’inhiber l’apoptose, et agissent également sur l’inflammation secondaire à un choc septique, en diminuant la production de TNFα par régulation négative du facteur nucléaire κB.

Applications

Propriétés de Porphyra umbilicalis

Une fois les propriétés des HSP prouvées, l’expression des HSP 70 à des fins thérapeutiques a fait l’objet de nombreuses recherches. Il a fallu tester des substances chimiques ou des éléments physiques capables d’induire la synthèse de ces protéines sans être nocifs pour l’organisme. En effet, il est impossible d’apporter directement des HSP à l’organisme : leur production doit être stimulée. Ces recherches sont encore à leurs balbutiements mais promettent des avancées novatrices dans le contrôle et la prévention des maladies multifactorielles. Des études montrent une stimulation de la synthèse des HSP par l’utilisation de Porphyra umbilicalis1, une algue rouge qui possède, par ailleurs, des effets antioxydants propres (encadré).

Prescription de Porphyra umbilicalis

Les HSP ont une action antiapoptotique, vasculo-protectrice, antiœdémateuse et antioxydante, de façon préventive et curative. Elles peuvent donc être prescrites dans un contexte chirurgical (avant et après l’intervention). Le conférencier les utilise 2 à 3 jours avant et après la chirurgie. Les effets diminuent avec le temps, pour être nuls au bout de 10 à 15 jours d’utilisation. Globalement, notre confrère observe sur les chirurgies une régression de la douleur (d’où une réduction des antalgiques en phases per- et postopératoires) et une diminution du risque infectieux. En cardiologie, il le prescrit sur des animaux stabilisés qui présentent une rechute avec toux d’œdème cardiogénique. L’utilisation de Porphyra pendant 5 jours à triple dose peut éviter le recours aux diurétiques. Ceci est corroboré par de nombreuses études menées en humaine sur le syndrome ischémie/reperfusion lors de chirurgie cardiaque.

  • 1 Présente dans Proteostress® (Wamine).

ACTION ANTIOXYDANTE DE PORPHYRA UMBILICALIS

Des hématies ont été exposées à des doses croissantes de Porphyra umbilicalis et l’inhibition du signal de résonnance paramagnétique a été mesurée. À une dose d’environ 1 g/l, il a été noté plus de 50 % d’inhibition, ce qui correspond à la définition d’une substance antioxydante. Cette algue possède également une action antioxydante préventive, qui a été mise en évidence en faisant incuber des hématies dans une solution de Porphyra umbilicalis et en mesurant la capacité des cellules à résister ensuite au stress oxydatif en fonction de la concentration en Porphyra du bain d’incubation. Là encore, à 1 g/l, on observe plus de 50 % d’inhibition de résistance antiradicalaire.

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