La césarienne programmée : une demande des éleveurs en croissance - La Semaine Vétérinaire n° 1642 du 18/09/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1642 du 18/09/2015

OBSTÉTRIQUE

Pratique canine

L’ACTU

Auteur(s) : Valentine Chamard

Alors que la césarienne réalisée en urgence reste associée à un risque de mortalité pour la mère et sa portée, les éleveurs sont de plus en plus demandeurs d’une délivrance programmée, plus sûre et confortable.

La pratique des césariennes programmées est vouée à se développer dans les structures canines qui comptent des éleveurs dans leur clientèle. « Nous la proposons depuis 2008 et avons dû en réaliser une dizaine cette année-là, contre une soixantaine en 2014 », se souvient Émilie Rosset, diplomate ECAR1 et praticienne au Centre d’étude et de recherche en reproduction et élevage des carnivores (Cerrec) de Vetgro Sup, qui en livre, avec Cyrill Poncet, spécialiste en chirurgie et praticien au CHV Frégis (Val-de-Marne), les raisons et les actualités techniques.

Comment expliquer le développement des césariennes programmées ?

Émilie Rosset : Les éleveurs doivent faire face à une concurrence féroce, en particulier du Bon Coin. Ils ont du mal à vendre leurs chiots à un prix plus élevé que les particuliers. Le moindre chiot mort entraîne donc un manque à gagner. Or la césarienne programmée permet d’obtenir des résultats équivalant à une mise bas eutocique. En pratique, les éleveurs nous sollicitent quand ils ont déjà eu des problèmes de mortinatalité ou dans les races à risque.

Cet acte représente-t-il une pression ou un confort pour les praticiens ?

É. R. : Les deux ! Cela permet de planifier l’intervention deux mois à l’avance et de la réaliser dans un contexte détaché d’une urgence. D’un autre côté, la date d’ovulation doit être déterminée précisément : une programmation précoce risque de voir naître des chiots non viables et, à l’inverse, une planification trop tardive est associée à un risque de déclenchement de la mise bas avant ! Il ne faut pas oublier non plus que, même dans un contexte de convenance, l’anesthésie reste à risque. Une césarienne programmée qui se passe mal sera encore moins bien acceptée que lors d’une urgence…

La détermination précise de la date d’ovulation est-elle réservée aux écoles ou aux grosses structures ?

É. R. : L’échographie est insuffisante pour déterminer la date d’ovulation et les automates dosant la progestérone disponibles en pratique courante manquent de fiabilité. Nous disposons à VetAgro Sup d’un analyseur précis, qui coûte plus de 100 000 €. Tous les laboratoires d’humaine ne sont pas non plus adaptés, leurs appareils étant paramétrés pour détecter des insuffisances lutéales chez la femme enceinte et ne donnant pas de dosage précis en dessous du seuil de détection de cette insuffisance. Toutefois, des appareils fiables destinés à la pratique vétérinaire quotidienne devraient bientôt être commercialisés à des prix raisonnables.

Un protocole d’anesthésie peut-il être conseillé ?

Cyrill Poncet : Il n’existe pas d’anesthésique idéal. Cependant, concernant le contexte précis de la césarienne, il a été montré que certaines molécules, comme les α2-agonistes, sont corrélées à une mortinatalité plus élevée. A contrario, le propofol et l’alfaxalone, utilisés à faible dose et en titration, ont montré leur supériorité par rapport aux autres molécules actuellement disponibles en médecine vétérinaire. Ainsi, nous utilisons au CHV Frégis le protocole suivant : tonte de la chienne vigile, pré-oxygénation au masque, induction au diazépam (0,2 à 0,4 mg/kg par voie intraveineuse [IV]), puis propofol (2 à 6 mg/kg IV en titration), intubation et anesthésie volatile (isoflurane mélangé à de l’oxygène pur, sous ventilation assistée), a minima jusqu’au retrait des chiots, instillation de lidocaïne sur la ligne blanche avant l’incision. L’analgésie est obtenue grâce à la morphine (0,1 mg/kg IV à l’induction, qui peut être renouvelée à la dose de 0,2 à 0,4 mg/kg après le retrait des chiots).

  • 1 European College of Animal Reproduction.

DES CONDITIONS D’INTERVENTION STRICTES

Une préoxygénation systématique de la mère avec un masque à oxygène doit être réalisée. Après l’induction anesthésique, une intubation endotrachéale permet une bonne ventilation et oxygénation de l’animal. Ces derniers éléments sont une obligation de moyens renforcée pour le vétérinaire face à l’anesthésie lors de toute césarienne, qui doit par ailleurs faire intervenir deux personnes compétentes (deux vétérinaires ou un vétérinaire et une ASV formée).

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