Effets du réchauffement climatique et de la faune sauvage sur le parasitisme - La Semaine Vétérinaire n° 1639 du 28/09/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1639 du 28/09/2015

CONFÉRENCE

Pratique mixte

FORMATION

Auteur(s) : Gilles Bourgoin*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*Maître de conférences à VetAgro Sup
(Marcy-l’Étoile).
Article rédigé d’après une présentation
faite lors des journées nationales des GTV
à Nantes, en mai 2015.

En Europe, quelle que soit la saison, un réchauffement climatique est observé depuis une trentaine d’années. Il a une influence directe sur les vecteurs et autres parasites présents dans le milieu extérieur.

Niche écologique

Chaque espèce nécessite la présence de certaines conditions environnementales (valeurs spécifiques d’humidité, de température et de concentration en oxygène, par exemple) pour son développement (notion de niche écologique, voir figure).

En dehors de l’été, une augmentation des températures et des précipitations peut avoir un effet positif sur la survie, la reproduction et la vitesse de développement des parasites, stades libres des nématodes ou arthropodes. Par exemple, la larve L3, infestante, d’Haemonchus contortus apparaît après 16 jours à 10 °C, mais avant 7 jours à 20 °C.

Le réchauffement climatique augmente la durée de la période favorable aux parasites. Un hiver plus doux a moins d’effet négatif sur leur activité et leur survie et assainit moins l’environnement. Des tiques Ixodes ricinus, actives pendant toute la saison hivernale, et une charge résiduelle des pâtures en larves L3 d’H. contortus plus importante ont ainsi été observées lors d’hivers doux. L’aire d’extension de certains parasites tend à s’accroître en latitude et en altitude comme le montre la présence de tiques I. ricinus à l’affût à plus de 1 800 m d’altitude dès la fonte de la neige, dans les Pyrénées.

Adaptation parasitaire

L’hiver semble être désormais remplacé dans sa fonction limitante par l’été, plus chaud et sec qu’auparavant. Lors de la canicule de 2003, une chute de l’excrétion et de la prévalence des parasites internes chez les bovins a été observée. Celles-ci sont revenues à la normale en 2004. De même, I. ricinus est touchée en raison de sa sensibilité à la dessiccation.

Toutefois, la diversité génétique et la plasticité phénotypique confèrent aux parasites une certaine capacité d’adaptation. Les tiques I. ricinus exposées à des températures inférieures à 14 °C sont proportionnellement plus actives si elles sont originaires du nord de l’Écosse par rapport à celles du centre de la France ; ce qui montre une adaptation aux conditions climatiques locales. De même, l’hypobiose hivernale d’Ostertagia est absente dans le sud-ouest de la France où les hivers sont doux.

Contribution à la dispersion

Enfin, les populations d’ongulés sauvages de plaine et de montagne augmentent, ainsi que leurs aires de répartition, qui s’étendent à des lieux jusqu’alors peu fréquentés. En France, parfois six espèces d’ongulés occupent le même espace et peuvent entrer en contact avec les troupeaux domestiques. Cela participe à la croissance et à la dispersion des populations parasitaires, notamment des espèces non spécifiques, bien que l’infestation par les nématodes des populations sauvages demeure bien inférieure à celle des troupeaux domestiques. Ce taux d’infestation est plus important chez les ongulés sauvages fréquentant les pâtures que chez ceux qui n’ont pas de contact avec les espèces domestiques. De plus, en hiver notamment, les ongulés sauvages participent à l’entretien de la contamination de la pâture.

Le nombre d’espèces introduites s’accroît, ainsi que leur population. Elles peuvent contribuer au développement d’espèces parasitaires, locales ou introduites. Par exemple, le tamia de Sibérie présente des charges en I. ricinus plus importantes que les rongeurs autochtones et constitue un très bon réservoir de Borrelia, agents de la maladie de Lyme. Les tiques infestées par Borrelia sont moins sensibles aux conditions environnementales stressantes que les autres.

Les sources de variabilité sont nombreuses, le système est complexe, avec de multiples interactions, et le réchauffement climatique peut contribuer à l’augmentation de certains agents pathogènes et à l’implantation de nouvelles espèces. Il convient alors de raisonner à l’échelle locale pour prévenir le développement et la transmission parasitaire.

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