Le chat, transfiguration du réel

Longtemps maintenu hors du foyer et cantonné à son rôle de prédateur de rongeurs, le chat acquiert à la Renaissance une nouvelle identité sociale qui lui permet de pénétrer dans l’intimité de l’espace domestique et d’établir avec ses maîtres un lien de plus en plus fusionnel. Dès lors, il capte l’attention des artistes, tel Léonard de Vinci (« Le plus petit des félins est une œuvre d’art »). Si des peintres illustres lui rendent visuellement hommage (Goya, Braque, Manet), c’est sans doute à travers la photographie que le chat moderne trouve son expression artistique la plus accomplie. Cherchant mieux qu’à exalter la beauté féline, les grands photographes, dans les pas de Baudelaire, perçoivent dans le chat sa capacité à aviver au sein même du quotidien le mystère d’une incarnation. Quelle que soit l’approche (portrait de chat ou au chat, décor habité ou traversé par un chat), la présence de l’animal familier transfigure l’image et, comme s’il en était la chair et l’esprit, la révèle vivante, au regard.

À l’instar d’ouvrages collectifs déjà parus1, une des nouvelles expositions de la Maison européenne de la photographie réunit, jusqu’au 23 août, plus d’une quarantaine de clichés (majoritairement noir et blanc) de 30 photographes de renom tels qu’Édouard Boubat, Willy Ronis, Denis Roche, Jacques-Henri Lartigue, etc., avec des sommets comme Notre chat Ulysse et l’ombre de Martine (1989) d’Henri Cartier-Bresson ou le fascinant Chat de dos (1982) de Bettina Rheims.

Le Chat et ses photographes, exposition du 24 juin au 23 août 2015 à la Maison européenne de la photographie, 5-7, rue de Fourcy, 75004 Paris, du mercredi au dimanche de 11 h à 20 h, www.mep-fr.org. Entrée : 8 € (4,50 € en tarif réduit), gratuit le mercredi après 17 h.

• ¹ Les Chats vus par les grands photographes, Flammarion, 2005.