Une proposition-cadre pour améliorer la surveillance des maladies

Une des missions de la plateforme nationale d’épidémiosurveillance en santé animale (plateforme ESA) consiste à élaborer et à modifier les protocoles de surveillance des maladies animales, en accord avec les objectifs fixés et les contraintes, notamment réglementaires. En ce qui concerne les maladies exotiques et celles qui ont été éradiquées, « le risque est indéniable, mais les résurgences et les émergences sont imprévisibles », indique Didier Calavas de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). En France, sur les 35 maladies des animaux d’élevage classées en dangers de catégorie 1, 27 sont exotiques. Cette bonne situation sanitaire est « à mettre au crédit de la surveillance et des programmes de prévention et de lutte », qui doivent alors s’adapter à la situation épidémiologique, au niveau de risque, tout en demeurant réalistes sur le plan financier et faisables en pratique pour assurer leur efficacité. Par exemple, dans le cas de la brucellose, les travaux de la plateforme ont fait évoluer le dispositif vers une surveillance des maladies abortives couplée à une démarche de diagnostic différentiel lors d’avortements en série.

Quatre volets complémentaires

Le cadre proposé par la plateforme repose sur quatre volets distincts et complémentaires. Deux sont déjà en place : la surveillance événementielle, qui enregistre tout nouveau cas clinique dès sa survenue, et la surveillance programmée, qui contrôle tout ou partie du cheptel pour une maladie donnée. Une réflexion devrait être menée, affection par affection, afin de déterminer les modalités de ces deux protocoles de suivi. Ainsi, pour la fièvre catarrhale ovine de sérotype 8, l’objectif a été de se conformer aux exigences sanitaires européennes. Le troisième volet serait une surveillance clinique non ciblée, encore à instaurer, et qui permettrait le signalement, l’organisation et la remontée des observations de terrain, à l’image de celle mise en place aux Pays-Bas lors de l’émergence du virus de Schmallenberg. Enfin, la surveillance syndromique constitue le quatrième volet. Elle est fondée sur l’enregistrement et l’analyse d’indicateurs. L’Observatoire de la mortalité des animaux de rente (Omar) et le Système d’information de l’inspection (ante- et post-mortem) en abattoir (SI2A) en sont des exemples.

Omar, un exemple de surveillance syndromique

La phase test de l’Observatoire de la mortalité des animaux de rente est en place dans six départements pilotes. L’objectif est de développer un outil destiné à détecter les mortalités inhabituelles. Un premier volet, en développement depuis 2014, concerne le suivi individuel des troupeaux, avec un classement des élevages. Fondé sur 70 indicateurs pour chaque cheptel, il prend en compte les paramètres démographiques enregistrés dans la base de données nationale d’identification (BDNI) et celles de l’équarrissage. Un système d’alerte individuelle (par élevage) pour la mortalité des veaux est en phase de test depuis 2014 : il a permis d’identifier un problème dans deux élevages avant que la présence d’un animal atteint par le virus de la diarrhée virale bovine (BVD) et infecté permanent immunotolérant (IPI) soit suspectée par l’éleveur. Le second volet, un dispositif de surveillance et d’alerte collectif, sera mis en place en 2016. En amont, une réflexion va être menée sur la stratégie et les procédures, pour déterminer les destinataires des alertes, le cadre réglementaire et la façon dont les informations obtenues seront mises à la disposition des acteurs concernés.