Renforcer les collaborations face aux menaces biologiques - La Semaine Vétérinaire n° 1637 du 03/07/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1637 du 03/07/2015

MALADIES INFECTIEUSES

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ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : Marine Neveux

L’OIE a organisé, en collaboration avec l’OMS, une conférence mondiale sur les risques biologiques, du 30 juin au 2 juillet à Paris.

Cette conférence mondiale sur la réduction des risques biologiques a marqué une première historique en regroupant des acteurs clés de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), d’Interpol, du bureau des affaires du désarmement des Nations unies, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ainsi que des représentants des gouvernements nationaux des institutions chargées de la défense, de la sécurité et de la santé de plus de 120 pays.

L’objectif était de renforcer les collaborations et de communiquer. Des recommandations ont été établies le dernier jour du congrès1.

Menaces biologiques accidentelles, naturelles ou délibérées

Les agents pathogènes d’origine animale, y compris ceux zoonotiques, peuvent s’échapper accidentellement des laboratoires, mais aussi être utilisés de façon malveillante comme armes biologiques. Leur impact est économique, sanitaire et social et dépend de leur disponibilité potentielle. Les exemples récents (comme le virus Ebola) montrent la difficulté à prévoir quand et où les nouvelles maladies apparaîtront.

« Les deux organisations, OIE et OMS, jouent un rôle crucial dans la définition de normes visant à assurer la protection contre les zoonoses », rappelle notre confrère Bernard Vallat, directeur général de l’OIE. Ces normes adoptées au niveau mondial sont le fondement de la prévention et de la maîtrise des maladies infectieuses, rappelle l’OIE.

« 80 % des outils potentiels susceptibles d’être utilisés pour un usage malicieux, intentionnel, sont d’origine animale, constate aussi Bernard Vallat. Les précédents de l’histoire confirment que les agents pathogènes peuvent provenir des animaux, d’où l’importance des services vétérinaires pour faire de la détection précoce avant que les agents ne se dispersent. » La menace est donc à prendre en compte.

Brian Evans, directeur général adjoint de l’OIE, motive l’aspect collectif des organisations et l’intérêt de parler d’une même voix pour faire passer un message de prévention. « Tous les risques ne pourront être prévenus, donc il faut y être préparé. »

Importance de la gouvernance et des normes

Les pays ont l’obligation de déclarer les maladies connues, mais aussi les maladies émergentes. La recherche et les investigations tiennent un rôle important. Citant l’exemple du virus Ebola, Brian Evans explique que la priorité à l’OIE est « de convaincre la communauté internationale de la nécessité d’investir dans une connaissance plus profonde du virus dans la faune sauvage, pour que la prévention des risques chez l’homme soit possible, à partir de cette connaissance, et adaptée à celui-ci ».

« Lorsqu’une crise majeure est due à une maladie, il faut une gouvernance qui vienne du sommet, une seule organisation, que l’on trouve les moyens de se rassembler pour travailler ensemble, en synergie, insiste David Nabarro, de l’Organisation des Nations unies (ONU). Nous devons être prêts à nous ajuster en permanence, même au niveau politique. » La transparence et la communication sont aussi essentielles, comme l’importance de « ne pas cacher les statistiques » et de partager « de façon responsable ». C’est aussi entre deux crises que la prévention s’organise. David Nabarro apporte son témoignage de la gestion de la “crise Ebola”, aux répercussions mondiales. La première phase est essentielle : « Si l’on travaille dès le départ, on peut réduire les conséquences au niveau humain. Le démarrage est vraiment l’élément clé. » À l’étape 2, le monde entier est impliqué. L’étape 3, « c’est actuellement, poursuit-il. Nous essayons encore d’identifier les personnes atteintes de la maladie. Les communautés doivent être de plus en plus impliquées. Il y a un travail intense à fournir. » D’où l’importance d’être bien préparé et d’adopter l’approche One Health. Le virus Ebola est enzootique, il a donc une présence continue dans le monde animal. « Nous devons prévenir une maladie enzootique de devenir endémique dans une population humaine. » Les maîtres mots : la coordination, le partage des données, tester les performances par rapport aux normes, le leadership par les scientifiques et les représentants des gouvernements.

Sécuriser les agents pathogènes

« Nous faisons attention à sécuriser tous les éléments pathogènes qui pourraient être pris par des personnes mal intentionnées, explique Kenneth Myers, de la Defense Threat Reduction Agency. Notre mission est compliquée en raison justement de la complexité des armes biologiques. Il convient de traquer les terroristes qui pourraient se rendre dans ces sanctuaires pour récupérer des armes biologiques. » Comment opérer pour lutter contre la menace ? Par exemple, concernant Ebola, la contre-mesure médicale est de développer le vaccin contre le virus grâce à un diagnostic. « 300 millions de dollars ont été investis pour lutter contre ce virus. Tous ces efforts ont débuté avant la “crise Ebola”. Nous avons aussi réalisé des modélisations de maladies infectieuses. Notre équipe a créé un portail. Nous avons également soutenu les laboratoires dans leur recherche pour un vaccin en Sierra Leone et au Liberia. Il est nécessaire d’adopter une approche globale. »

  • 1 À l’heure où nous mettions sous presse, ces recommandations n’étaient pas finalisées. Elles pourront être consultées sur notre site Lepointveterinaire.fr.

QUAND L’HISTOIRE RAPPELLE LA MENACE

Raymond Allan Zilinskas dirige un programme de non-prolifération des armes en Californie. Il aborde des exemples de menaces biologiques au cours de l’histoire, tels qu’un sabotage biologique, en 1915, pour rendre malades les chevaux et les mules en Argentine, en Roumanie, en Espagne, en Norvège et aux États-Unis.

En 1915, les États-Unis étaient neutres, mais vendaient des chevaux et des mulets pour la cavalerie. « Un laboratoire a produit des cultures d’agents pathogènes. Des saboteurs en ont mis dans des bouteilles fermées par un bouchon sur lequel était placée une aiguille. Ils piquaient les chevaux avec ou mélangeaient le contenu à l’eau des aliments pour les contaminer ».

Après la Première Guerre mondiale, plusieurs programmes ont été envisagés concernant les armes biologiques : en URSS, au Japon, etc. Après 1945, il a été révélé que des Japonais avaient conduit un programme d’armes biologiques : avec B. anthracis et Yersinia pestis, des agents pathogènes embarqués dans des bombes. « Cela n’a pas trop marché car Yersinia pestis ne vit pas longtemps dans l’environnement. Ils ont introduit ces agents dans des puces, à partir de sang infecté. Les puces étaient placées dans une bombe. L’engin pouvait en transporter jusqu’à 30 000. Un cordon d’amorce était disposé tout autour. 80 % des puces arrivaient à survivre après cette exposition », raconte Raymond Allan Zilinskas. D’autres conflits montrent l’utilisation de programmes d’armes biologiques, et les agents pathogènes sont variés.

Une nouvelle phase a aussi émergé avec une autre problématique : l’utilisation malveillante de programmes de génie génétique pour accroître les propriétés pathogènes des agents.

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