VÉTÉRINAIRES, MÉDIATISATION ET DÉONTOLOGIE - La Semaine Vétérinaire n° 1636 du 26/06/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1636 du 26/06/2015

Décryptage

Auteur(s) : Lorenza Richard*, Stéphanie Padiolleau**

Il est fréquent que des praticiens fassent l’objet d’interviews ou de demandes d’informations par des journalistes. Une bonne préparation est conseillée, et quelques règles déontologiques doivent être respectées. Des recours existent aussi en cas de désaccord sur la diffusion.

Respecter un cadre légal

L’article R. 242-35 du Code rural et de la pêche maritime, modifié par le décret n° 2015-289 du 13 mars 2015, stipule :

« Toute communication adressée aux tiers ou aux confrères vétérinaires est libre, et ce, quels qu’en soient le support et les modalités, sous réserve d’être conforme aux dispositions réglementant l’exercice de la profession, notamment celles du présent code et celles du Code de la santé publique réglementant les médicaments vétérinaires.

La communication du vétérinaire ne doit pas porter atteinte au respect du public ni à la dignité de la profession. Toute communication préserve le secret professionnel auquel les vétérinaires sont tenus. Elle doit être loyale, honnête, et scientifiquement étayée. Elle ne doit pas induire le public en erreur, abuser sa confiance ou exploiter sa crédulité, son manque d’expérience ou de connaissances.

Quand le vétérinaire fait état d’aptitudes professionnelles ou de capacités techniques, il doit être en mesure de les justifier. Il ne peut utiliser de procédés comparatifs ou utiliser le témoignage de tiers (…). »

Préparer la rencontre avec les journalistes

Comme pour tout oral, une interview se passe mieux lorsqu’elle est préparée, à plus forte raison lorsqu’elle est télévisée. Des séances de media training, à l’image de ce qui a été développé en politique, sont ouvertes aux professionnels. Il est également possible de demander un accompagnement auprès du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Avant d’accepter une interview, il est préférable de connaître la cible du média pour ensuite pouvoir adapter le contenu des réponses (grand public ou presse spécialisée, audience nationale ou locale, etc.). Il est conseillé de parler lentement en articulant, et de formuler des réponses courtes, précises, argumentées. Pour les interventions filmées, la posture, le maintien et la tenue auront de l’importance. Au cours des Rencontres nationales vétérinaires, Bruno Gosselin (agence Aciel) a insisté sur l’importance de savoir se taire quand on pense avoir bien répondu. Vouloir trop en dire augmente le risque de dérapage médiatique. Il préconise également de s’abstenir de spéculer ou de faire des estimations.

Rectifier des informations

Aucun contrôle a priori n’est possible avant parution ou diffusion d’un sujet : en droit français, le “droit de regard” n’existe pas. Il est conseillé de discuter avec le journaliste des éléments qui seront utilisés, mais rien ne l’oblige à vous faire lire ou visionner son travail. En cas d’erreur, un erratum ou un rectificatif peut être demandé. Celui-ci permet, dans des conditions fixées par la loi, à des personnes physiques ou morales de répondre à un contenu médiatique dans lequel elles sont citées, nommées ou identifiables, en respectant « les lois, les bonnes mœurs, l’intérêt des tiers et l’honneur des journalistes ». Il ne peut donc s’agir ni de tribune libre, ni de publicité déguisée, ni de propos diffamatoires ou injurieux.

La réponse, toujours écrite, doit être envoyée au directeur de la publication du média dans un délai de trois mois après la parution d’un article de presse écrite ou après la première diffusion d’un contenu audiovisuel ou sur Internet.

Pour les contenus audiovisuels (article 6 de la loi du 29 juillet 1982 et décret du 6 avril 1987), un droit de réponse ne peut s’exercer que si des informations y sont de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la réputation du demandeur.

Sur Internet, le droit de réponse obéit à l’article 6-IV de la loi du 21 juin 2004 et au décret du 24 octobre 2007. Il s’exerce par envoi d’un texte écrit au directeur de publication, au responsable du site quand il n’est pas professionnel ou, quand il est anonyme, à l’hébergeur de ce dernier. Attention : il n’est pas possible d’exiger un droit de réponse sur Internet si le demandeur a la possibilité de répondre directement au message qui le met en cause (service interactif de type “forum” ouvert).

LE POINT DE VUE DE MARC VEILLY

Une image très positive

L’intervention des confrères dans les médias grand public est extrêmement positive pour la profession. Les reportages réalisés dans des cliniques ou des centres hospitaliers montrent le travail des vétérinaires, mais aussi de leurs auxiliaires, c’est-à-dire une équipe de professionnels. Ils présentent également ce qui est actuellement possible en matière de diagnostic et de traitements de pointe, donc l’implication de la profession pour la santé et le bien-être des animaux. Cela contribue à renforcer l’image des vétérinaires. D’autres sujets y concourent aussi, notamment sur l’apprentissage des jeunes dans une école et la naissance de leur vocation. Ces reportages sont une publicité gratuite pour notre métier. Toutefois, ils demandent un vrai investissement en temps et en énergie pour les confrères qui reçoivent l’équipe de tournage et qui sont, en cela, très méritants.

De plus, les praticiens qui s’expriment en tant que professionnels compétents dans les émissions délivrent des conseils généraux sur les animaux, leurs maladies, leur éducation, etc., et communiquent en faveur d’une “possession responsable”. Cela peut contribuer à la bonne insertion des animaux dans la société et à éviter les abandons en informant sur les responsabilités des propriétaires.

Des règles à suivre

Le Code de déontologie en vigueur actuellement autorise les mentions du nom, du titre ou des diplômes officiels du vétérinaire, ainsi que de son lieu d’exercice. La localisation géographique peut être mentionnée (dans le sud de la France, par exemple), mais pas précisément. Le Code de la santé publique interdit la citation de noms de médicaments, qui serait considérée comme de la publicité.

Lorsque des consultations sont filmées, la production demande au propriétaire de signer un droit à l’image et une autorisation pour que l’information concernant le diagnostic établi chez son animal soit communiquée. C’est le client qui accepte la diffusion, il n’y a ainsi pas de souci déontologique pour le vétérinaire par rapport au respect du secret professionnel.

Il convient toutefois d’être vigilant : lorsqu’il est interrogé dans un média, un confrère parle au nom de sa profession et son opinion est considérée, par le grand public, comme étant celle de tous les vétérinaires. S’il estime ne pas avoir la compétence pour répondre, ou s’il pense qu’il l’a mais qu’il ne sera pas à l’aise devant la caméra, il n’est pas obligé de dire oui : il peut refuser et renvoyer le journaliste vers le Conseil supérieur de l’Ordre. Ce dernier possède une liste de confrères compétents dans différents domaines et d’accord pour répondre aux questions des médias.

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