Les particularités des urolithiases chez le lapin

Les urolithiases touchent fréquemment les chats, mais aussi les NAC. Il convient cependant de connaître certaines particularités rencontrées chez les herbivores. La consommation d’eau d’un lapin est estimée à 120 ml/kg/j (un lapin de 1 kg boit autant qu’un chat de 5 kg). Elle est influencée par la chaleur et le type d’aliments consommés. La digestion nécessite, en effet, beaucoup d’eau pour être fonctionnelle. Les urines sont peu concentrées, avec un pH alcalin (7,6-8,8) et une densité comprise entre 1,003 et 1,036. La présence de cristaux de carbonates de calcium est physiologique, mais devient pathologique lors de concentration trop importante, avec l’apparition d’urine plâtreuse. La présence de porphyrine peut donner une couleur orangée aux urines, à ne pas confondre avec une hématurie.

Le métabolisme calcique du lapin est particulier : l’absorption du calcium intestinal est majoritairement passive, et indépendant de la régulation par la vitamine D. Par conséquent, plus la quantité de calcium dans l’alimentation est élevée, plus celle excrétée par le rein et la concentration dans les urines le sont également, conduisant à des cristalluries et à des urolithiases, voire des calcifications dans les vaisseaux sanguins. Les urolithiases chez le lapin sont quasiment exclusivement formées de carbonates et d’oxalates de calcium. Les facteurs prédisposant sont l’alimentation, les pierres à lécher, la diminution de la prise de boisson, le manque d’exercice, l’obésité et l’arthrose.

Présentation clinique

Certains lapins restent asymptomatiques ou présentent des signes non spécifiques (dysorexie, anorexie, abattement) à la suite de la douleur engendrée par les urolithiases. Cependant, des signes peuvent être décelés : miction en dehors de la litière, urines concentrées et “plâtreuses”. Plus spécifiquement, une pollakiurie, une dysurie, une hématurie et une dermatite inguinale peuvent être rapportées. Il est souvent mis en évidence une palpation abdominale douloureuse, avec une vessie distendue.

Examens complémentaires

Compte tenu de leur composition calcique, les urolithiases sont radio-opaques chez le lapin. Afin de préciser leur localisation, la réalisation d’une échographie abdominale, voire une fibroscopie, peut être nécessaire. Un examen biochimique permet de mettre en évidence, dans la plupart des cas, une hypercalcémie et d’évaluer la fonction rénale (urémie, créatininémie, ionogramme). La réalisation d’un culot urinaire confirme la présence de carbonates ou d’oxalates de calcium. En cas de pyurie, il est conseillé d’effectuer une cystocentèse afin de mettre en culture le prélèvement et d’établir un antibiogramme. Les infections urinaires sont rares chez le lapin et les symptômes sont surtout liés à la cristallurie.

Traitement

Lors de cristallurie, le traitement médical associe :

– une diurèse forcée : mise en place d’un cathéter en perfusion de cristalloïdes (240 ml/kg/j, soit 10 ml/kg/h) ;

– un anti-inflammatoire (méloxicam 0,5 à 1 mg/kg 2 fois/j) ;

– des rinçages vésicaux par sondage, jusqu’à l’obtention d’urines claires.

La dermatite est soignée par nettoyage au savon de Marseille, suivi de talc.

Les urolithiases nécessitent, le plus souvent, une cystotomie, voire une néphrotomie, une néphrectomie ou une urétrotomie (incision de l’urètre et cicatrisation par seconde intention pour limiter le risque de sténose), selon la localisation des calculs. Ensuite, il est essentiel de stabiliser l’animal à l’aide d’analgésiques, d’antibiotiques (triméthoprime-sulfamides en première intention) et d’une fluidothérapie intraveineuse, avant la mise en place éventuelle d’une réalimentation forcée.

Le pronostic est plutôt bon, à condition de bien faire comprendre au propriétaire l’importance de favoriser l’exercice et la consommation d’eau. Afin d’éviter les récidives, il est fondamental de préconiser des mesures nutritionnelles : bien choisir la verdure en privilégiant des légumes riches en eau, tels que le concombre, et en évitant les endives, le persil, la luzerne et l’eau calcaire.