Les antibiogrammes en 5 questions - La Semaine Vétérinaire n° 1634 du 12/06/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1634 du 12/06/2015

ANALYSE MÉDICALE

Pratique canine

L’ACTU

Auteur(s) : Charlotte Devaux

Dans quels cas et comment réaliser un antibiogramme, puis interpréter ses résultats ? Le point sur cette technique avec Kristine Kamosi, vétérinaire consultante diagnostic chez Idexx.

Quand réaliser un antibiogramme ?

En première intention sur une infection peu sévère au diagnostic assez évident, il est possible de s’en passer et de réaliser une antibiothérapie probabiliste ou un simple assainissement du milieu. Par exemple, lors d’un abcès chez un chat en bon état général, un débridement et une antisepsie locale suffisent. Si ce même chat est abattu et présente une hyperthermie, après vérification de son statut FIV et FelV1, une antibiothérapie empirique peut être effectuée.

Quand le tableau clinique est non spécifique ou s’il s’agit d’une récidive, lorsque le traitement risque d’être long ou que l’animal est immunodéprimé, un antibiogramme sera réalisé. En reprenant l’exemple précédent, si ce chat présente une ostéomyélite, le traitement sera long : il convient alors de réaliser un antibiogramme. Il est à noter que celui-ci est en passe de devenir obligatoire pour l’utilisation des fluoroquinolones et des céphalosporines de troisième et de quatrième générations.

Comment réaliser le prélèvement ?

– Où ? Le prélèvement s’effectue sur le site infectieux à la jonction du tissu sain et du tissu inflammatoire. Le pus en lui-même ne contient pas de bactéries vivantes, sauf dans les pyodermites, où elles sont présentes dans le pus du follicule pileux.

– Quand ? Il convient de procéder au prélèvement le plus tôt possible, de préférence avant toute antibiothérapie. Si un traitement a déjà été réalisé, il est conseillé de contacter le laboratoire qui fournira le temps d’interruption du traitement nécessaire en fonction du tissu concerné et qui prévoira d’utiliser un milieu d’enrichissement.

– Comment ? Le prélèvement doit se faire de façon aseptique (matériel stérile) pour éviter les faux positifs. Dans la majorité des cas, il se pratique par écouvillonnage (peau, œil, cavités). Le milieu le plus favorable à la survie du germe étant celui d’où il a été extrait, une biopsie peut se révéler une bonne option. Celle-ci sera alors humidifiée et placée dans le pot prévu par le laboratoire. Lorsque plusieurs organes sont prélevés, chacun devra avoir un pot distinct. En cas de prélèvement liquide faisant plus de 2 ml, il est possible de les transmettre avec un flacon stérile. Dans le cas contraire, l’écouvillon est trempé dans le liquide recueilli.

Quelles informations fournir au pathologiste ?

Les commémoratifs sont importants pour le pathologiste. La nature du prélèvement doit être spécifiée. La présence d’E. coli sera normale dans des selles mais pathologique dans des urines. Le mode de prélèvement est aussi indiqué : il n’est pas toléré le même nombre de bactéries dans un échantillon d’urine recueilli par cystocentèse ou par cathétérisme. En cas de recherche de bactéries anaérobies, cette précision sera apportée au laboratoire, car la procédure doit être adaptée.

Comment expédier l’échantillon ?

L’enveloppe contenant le prélèvement devra porter le sigle UN3373, inscrit dans un losange orthogonal pour prévenir que le contenu est une substance de catégorie B (germe pathogène pour l’homme et les animaux). Le laboratoire doit fournir les enveloppes sur demande.

Comment interpréter les résultats ?

La CMI2 représente la plus petite concentration d’antibiotique inhibant toute croissance de la bactérie. Il s’agit de rechercher une concentration supérieure à la CMI de la bactérie concernée sur le site de l’infection. S’il est déterminé que les concentrations d’antibiotique retrouvées in vivo seront comprises entre 5 et 40 µg/l, la bactérie sera dite sensible pour une CMI inférieure à 5, intermédiaire pour une CMI comprise entre 5 et 40 ou résistante pour une CMI supérieure à 40. Les valeurs seuil pour décider si la bactérie est sensible ou résistante en fonction de sa CMI sont établies par des comités (il n’existe pas encore de consensus international).

Si la molécule antibiotique est connue pour se concentrer fortement dans le milieu cible (comme la céfalexine dans les urines), celle-ci pourra être utilisée, même si sa sensibilité est classée comme intermédiaire. L’antibiogramme est particulier à la bactérie et au contexte ; l’antibiotique sera choisi en fonction de l’organe atteint.

  • 1 Virus d’immunodéficience féline et virus de la leucose féline.

  • 2 Concentration minimale inhibitrice.

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