Le Régime social des indépendants, le boulet des chefs d’entreprise ? - La Semaine Vétérinaire n° 1630 du 15/05/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1630 du 15/05/2015

RÉFORME

Actu

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : Clarisse Burger

Pointé du doigt par ses affiliés, la Cour des comptes et le gouvernement, le Régime social des indépendants se concentre sur l’amélioration de ses services. Explications.

Deux mois après la manifestation des cotisants au Régime social des indépendants (RSI) dénonçant le dysfonctionnement de ses services et presque dix ans après sa création, les patrons des petites et très petites entreprises françaises, qui y sont affiliés, ont-ils de quoi se rassurer ? La réponse est mitigée. D’un point de vue optimiste, la création d’une nouvelle mission parlementaire sur le sujet pourrait améliorer le système actuel. Un rapport sur la gestion du RSI a été réalisé par la Cour des comptes en 2012 analysant les difficultés et les erreurs du RSI, suivi, en 2014, d’un rapport d’information au Sénat évoquant « une confiance à restaurer » auprès des cotisants. « Il apparaît comme nécessaire, voire même vital, de lever la “chape de plomb” qui pèse sur la gestion et le fonctionnement du RSI, en créant une commission d’enquête parlementaire chargée de dresser un bilan général des dysfonctionnements et des moyens d’y remédier », ont alors expliqué les députés chargés d’une proposition de résolution en 2013.

Un état des lieux du RSI

D’un point de vue beaucoup moins optimiste, le bilan n’est pas fameux. Et cela prendra du temps pour réparer. Le gouvernement parle de « désastre », d’un RSI « qui ne marche pas » et évoque un rattachement possible avec le régime général. C’est en 2006 que les pouvoirs publics créent la sécurité sociale des travailleurs indépendants, afin de simplifier les démarches administratives des indépendants et de réduire le coût de gestion des cotisations. Elle est issue d’une fusion de trois caisses de protection sociale des chefs d’entreprise. Deux ans plus tard, le recouvrement des cotisations du RSI se fait par un interlocuteur social unique (ISU). Mais un gros bug informatique (entre les systèmes d’information du RSI et de l’Urssaf1) génère d’importants dysfonctionnements, qui mettent en difficulté de nombreux affiliés. Ces derniers se plaignent encore aujourd’hui de l’inefficacité de ses services2 (appels de cotisations erronés, inscriptions inactives et versements d’indemnités absents, erreurs de calcul, doubles versements constatés, poursuites judiciaires sans motif, dossiers perdus, etc.) et des conséquences subies plus ou moins graves (dont des dépôts de bilan, des destructions d’emplois et des situations humaines et sociales dramatiques).

Le ras-le-bol des cotisants

Parmi les vétérinaires affiliés au RSI, si certains ont subi des dysfonctionnements, d’autres ont pu toutefois trouver des solutions : « ayant eu à supporter ces dysfonctionnements, dont une mise en recouvrement mal fondée, avec réception de menaces de recouvrement deux fois par mois pendant quatre ans, sans oublier l’absence de réponses à mes réclamations, mon problème s’est finalement réglé lorsque je l’ai signalé à l’organisme Acoss3 de Montreuil. Depuis, je travaille sans ces soucis », nous expliquait en mars dernier, une consœur affiliée au RSI. Une enquête, réalisée en 2014 par le Syndicat des indépendants et des PME (SDI), précisait que 74 % des indépendants auraient été touchés au moins une fois par ces problèmes.

Plus généralement, les cotisants au RSI ont affiché le 9?mars, leur ras-le-bol fiscal devant l’Assemblée nationale. Certains d’entre eux veulent quitter ce régime de protection sociale. Un mouvement, le collectif des “libérés”, réunissant entrepreneurs indépendants, artisans et commerçants, a décidé de contester le fondement légal de la protection sociale du RSI. Ils invoquent le principe de libre concurrence des régimes sociaux et donc la liberté de se « désaffilier » de ce régime. Or, selon la Cour de justice européenne, les États membres sont souverains pour organiser leur système de protection sociale. La France peut donc imposer l’affiliation obligatoire à un régime de protection sociale, dont le RSI. Dans la proposition de résolution de l’Assemblé nationale, il est rappelé que « la nature juridique du RSI relève du régime général de la Sécurité sociale, qui couvre les professions non salariées. Il garantit les frais inhérents à l’assurance maladie et à la retraite des commerçants, artisans et professions libérales. »

Les propositions de la CGPME

Face à ces mécontentements et à la dégradation des services du RSI, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) s’est également penchée sur ces problèmes, apportant des mesures d’amélioration. Elle propose notamment de « rouvrir le dialogue, permettre à la fois l’auto déclaration et l’auto liquidation pour supprimer les contestations, améliorer la gouvernance du régime et l’information du cotisant ». Elle reconnaît les diverses plaintes, dont l’absence d’appels de cotisations pendant plusieurs années, les inscriptions non prises en compte ou erronées, les poursuites judiciaires sans motif.

« La mise en place d’un rescrit RSI permettant de considérer qu’au-delà d’un certain délai, l’absence de réponse à un courrier adressé par lettre recommandée avec accusé de réception équivaut à une réponse positive, y compris en ce qui concerne les éventuels contentieux en cours, est une des solutions », évoque la CGPME. Pour faire avancer les choses, celle-ci préconise la solution d’un médiateur : « Au même titre qu’existent un médiateur du crédit, un médiateur des marchés publics et un médiateur des relations interentreprises, la confédération propose qu’au-delà des médiateurs internes au régime, soit nommé un médiateur RSI extérieur indépendant. »

  • 1 Union de recouvrement des cotisations de la Sécurité sociale et d’allocations familiales.

  • 2 Voir notre sondage en page 7 de ce numéro.

  • 3 Agence centrale des organismes de sécurité sociale.

UN SYSTÈME DE CALCUL JUGÉ TROP COMPLEXE

Jusqu’à présent, les cotisations dues au titre de l’année N sont calculées, à titre provisionnel, en pourcentage du revenu d’activité N-2, puis font l’objet d’une régularisation en fin d’année N+1, une fois connu le revenu de l’année N (selon l’article L. 131-6-2 du Code de la Sécurité sociale). À partir du 1er janvier 2015, l’écart entre le revenu de référence et l’année de versement des cotisations provisionnelles est réduit d’un an. Les cotisations provisionnelles seront calculées sur la base du revenu d’activité de l’année N-1. Un ajustement des cotisations pourra être demandé surla base de l’estimation du revenu d’activité de l’année en cours.

LES AXES DE PROGRÈS DU RSI

Le directeur général du RSI, Stéphane Seiller, rappelle dans le compte-rendu de la mission d’évaluation de la Sécurité sociale, que la réforme des régimes sociaux s’est effectuée dans la précipitation, que plusieurs mesures de simplification en matière de recouvrement des cotisations doivent être apportées. « Nous sommes aujourd’hui dans une dynamique d’amélioration du fonctionnement du RSI et de travail en commun avec les Urssaf. De ce point de vue, il ne nous paraît pas nécessaire d’ouvrir à nouveau la boîte de Pandore législative. Revenir au système préexistant constituerait une régression et serait très coûteux. » Autres propositions faites par le RSI, selon Stéphane Seiller : ne pas recouvrer les sommes des cotisants ayant arrêté leur activité en cours d’année et dématérialiser les déclarations des entrepreneurs, pour leur simplifier la tâche.

LE RÉGIME EN CHIFFRES

Plus de 5,4 millions de chefs d’entreprise indépendants et leurs ayants droit sont affiliés au RSI, né en 2006. Sa création avait pour but initial de regrouper l’ensemble des cotisations des professionnels indépendants en une seule, de diminuer les coûts de fonctionnement et de gestion des cotisations, et de séparer en trois régimes distincts les professionnels indépendants (commerçants, artisans, professions libérales).

Le RSI compte 2,7 millions d’adhérents au titre des cotisations retraites, dont 41 % de commerçants, 36 % d’artisans et 23 % de professions libérales, ainsi que 4,1 millions de bénéficiaires au titre de l’assurance maladie et 2 millions de retraités.

Le déficit du régime de base du RSI frôlerait les 2,5 milliards d’euros en 2014 (versus 2,15 milliards d’euros en 2013 et 2,7 milliards en 2012).

Sources : rapports de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr