Une épizootie de grippe canine à Chicago - La Semaine Vétérinaire n° 1627 du 24/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1627 du 24/04/2015

ÉTATS-UNIS

Pratique canine

L’ACTU

Auteur(s) : Marie Sigaud*, Valentine chamard**

Un foyer d’influenza, provoqué par une souche du virus encore jamais décrite outre-Atlantique, sévit dans le Middle West américain.

La grippe a déjà touché plus de 1 000 chiens dans la région de Chicago depuis le début du printemps, et quatre États1 seraient concernés. « C’est une épizootie dont la presse fait ses gros titres, entraînant un sentiment de paranoïa chez les propriétaires », témoigne un confrère qui exerce en Pennsylvanie. Des chercheurs du collège de médecine vétérinaire de l’université Cornell ont montré que le virus à l’origine de cette épizootie est proche d’une souche asiatique de l’influenzavirus A de sous-type H3N2. Ce variant, identifié en 2006, est actuellement en circulation en Chine, en Corée du Sud et en Thaïlande. Pour le moment, aucun élément ne suggère une transmission possible à l’homme. Mais les virus influenza sont changeants et peuvent muter et permettre un passage chez l’homme. C’est pourquoi ces virus font l’objet d’un suivi rapproché, notamment de la part des centers for disease control and prevention (CDC) et de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

La grippe est enzootique dans certains États

Les États-Unis n’en sont pas à leur première épizootie de grippe canine. Elle a fait son apparition en 2004 chez des lévriers greyhound de course qui présentaient une maladie respiratoire alors inconnue. Les scientifiques ont détecté chez ces chiens la souche H3N8, habituellement présente chez des chevaux, mais qui a su franchir la barrière d’espèce. Depuis, elle s’est répandue dans le pays et a été mise en évidence dans 30 États différents. Elle est même considérée comme enzootique dans certains d’entre eux, tels que le Colorado ou encore la Floride, et touche également les chats. Le virus a également été identifié dans d’autres pays : Angleterre, Irlande, Australie, etc.

Une contagiosité élevée, un taux de mortalité faible

L’influenza canin est transmis par contact direct entre chiens contaminés, mais aussi indirect. En effet, le virus peut persister sur une surface jusqu’à 48 heures, 24 heures sur des vêtements et pendant 12 heures sur les mains. Il peut provoquer, après une période d’incubation de deux à quatre jours, fièvre, perte d’appétit, toux, jetage et léthargie. Le signe clinique le plus courant est une toux persistante, depuis 10 à 21 jours, malgré un traitement antibiotique et anti-tussif. 20 % des chiens atteints seraient asymptomatiques. Certains déclenchent une infection respiratoire aiguë avec des signes de pneumonie. Mais le taux de mortalité reste faible. Comme pour la plupart des agents viraux, le traitement est symptomatique : anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), fluidothérapie et, éventuellement, une antibiothérapie en cas d’infection bactérienne secondaire.

Un vaccin contre la souche H3N8

Les tests RT-PCR2 utilisés pour la détection des virus influenza de type A peuvent offrir aussi cet avantage pour la nouvelle souche H3N2, en revanche, ceux utilisés pour déceler le gène H3 des souches H3N8 canines et équines se sont révélés inefficaces. Un test sérologique spécifique à H3N2 est en cours de développement. Le vaccin disponible depuis 2009 contre H3N8 réduit la sévérité et la durée de la maladie clinique induite par les souches H3N8. Il diminue également la quantité de virus excrétée et la période d’excrétion. Il n’est pas utilisé de manière systématique et est réservé aux chiens à risque, comme ceux qui participent à des activités avec de nombreux congénères. Ce vaccin est probablement inefficace contre la nouvelle souche H3N2.

Éviter les regroupements de chiens

En guise de prévention, il est recommandé l’utilisation de désinfectants classiques pour nettoyer les surfaces au contact des animaux. Les mesures d’hygiène élémentaires, comme se laver les mains avant et après manipulation des animaux ou le nettoyage des cages, doivent être rigoureusement respectées pour éliminer le virus de l’environnement. De plus, les chiens exposés ou malades seront isolés pour éviter toute transmission. Dans la zone d’émergence de la souche H3N2, il est recommandé d’éviter les lieux où se concentrent les chiens.

  • 1 Illinois, Indiana, Wisconsin et Ohio.

  • 2 Reverse transcription-polymerase chain reaction.

LE MOT DES EXPERTS

« Un risque faible mais possible en France »

Le risque de voir apparaître un influenzavirus auquel serait sensible le chien (ou le chat) en France est faible, mais reste une réalité à laquelle il faut se préparer. L’importation en métropole d’un animal infecté et porteur du virus H3N2 ou H3N8 de manière asymptomatique, ou de matériels contaminés, représente une des sources potentielles d’introduction du virus grippal. De plus, le fait que ces sous-types de virus aient été identifiés dans de nombreux pays laisse à penser que ceux-ci sont déjà largement disséminés à travers le monde. Un nouveau saut de la barrière d’espèce (comme celui rapporté pour la souche H3N8 en 2004) reste également une possibilité, bien que ces événements soient rarissimes. La vigilance au niveau des éleveurs, des propriétaires et des acteurs de la santé vétérinaire est nécessaire. En cas de suspicion, des prélèvements respiratoires peuvent être effectués et adressés à des laboratoires capables de détecter les influenzavirus A. Un typage pour déterminer le sous-type de la souche (H3N2, H3N8, etc.) devra être réalisé dans un second temps.

Pour en savoir plus :

L’American Veterinary Medical Association met à disposition sur son site une documentation complète sur la maladie (www.avma.org).

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