Les vétérinaires sont les plus positifs et optimistes - La Semaine Vétérinaire n° 1627 du 24/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1627 du 24/04/2015

PROFESSIONS LIBÉRALES

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ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : Clarisse Burger

Les professions libérales de santé voient leur avenir plus sombre qu’avant, alors que le niveau d’exigence de leur clientèle a augmenté, que la concurrence s’accentue et que les budgets sont tendus. Les infirmiers et les vétérinaires sont, eux, beaucoup plus optimistes.

Dans un contexte économique difficile, les professions libérales de santé (PLS) ont une vision de plus en plus sombre de leur situation. Comme en témoignent les 45 % des professionnels sondés en 2014 (versus 37 % en 2013, soit un écart de 8 points), qui décrivent leur activité de façon peu encourageante. S’il fallait la noter sur dix, ils l’évaluent sous la moyenne (4,8 % versus 5,2 % en 2013). Seuls les infirmiers et les vétérinaires se montrent davantage optimistes. Alors que les pharmaciens (58 %), avec les biologistes (59 %), sont les plus pessimistes sur leur exercice actuel. La baisse des revenus notamment explique cet état d’esprit. 62 % des pharmaciens (et 74 % des biologistes) déclarent une baisse de chiffre d’affaires et de revenus (versus 27 % pour les vétérinaires et 22 % chez les infirmiers).

« Quant à leur avenir, nous observons un décrochage significatif, alors que les mieux lotis, les infirmiers, donnent tout juste la moyenne en ce qui concerne leur situation future », explique Ariane Govignon, directrice générale de CMV Médiforce, filiale du groupe BNP Paribas. Ainsi, une majorité des libéraux sondés (65 %) sont davantage inquiets pour leur avenir professionnel que l’année précédente (soit une note de 3,9 en moyenne versus 4,4 en 2013). Plus chanceux, les vétérinaires ne sont que 50 % (versus 65 % en moyenne) à voir leur horizon assombri. C’est ce que dévoile la quatrième étude de CMV Médiforce.

Déstabilisés par les réformes

Ce climat morose s’explique par plusieurs points. D’une part, l’année 2014 a été marquée en France par l’annonce de projets de lois et de réformes qui ont déstabilisé les libéraux. D’abord, la loi d’avenir agricole (loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014) qui touche les vétérinaires, puis le projet de loi Macron tant décrié, aujourd’hui en cours d’examen au Sénat. Ce texte législatif fourre-tout concerne les professions du droit et du chiffre, mais aussi le droit du travail. Quant au projet de loi de santé, voté à l’Assemblée le 14 avril en première lecture, il a provoqué une grande manifestation nationale, le 15 mars. L’un des points d’achoppement est la généralisation progressive du tiers payant, d’ici à 2017. D’autres phénomènes ont bouleversé le modèle économique des professions libérales de santé. Celles-ci se sont trouvées pénalisées par la concurrence sur Internet et étrangère, par la pratique des baisses de prix (low cost) et enfin par l’automédication.

Les libéraux face à la “mercantilisation”

Dans un contexte de crise, le budget serré des clients, devenus plus informés et plus autonomes, est désormais une composante à prendre en compte pour ces libéraux qui se sont parfois retrouvés désarmés face à ces évolutions. Certains de leurs clients veulent maîtriser la situation, ou bien rejettent l’autorité du praticien, ou encore deviennent infidèles. « Les patients sont devenus plus exigeants commercialement. Ils sont en quelque sorte davantage des clients que des patients », tient à préciser Ariane Govignon. Face à cette sorte de “mercantilisation”, les PLS n’ont plus vraiment d’autre choix que de s’adapter. Certaines d’entre elles ont dû ajuster leurs honoraires, maîtriser leurs coûts, offrir davantage de qualité et de technologies. Elles proposent également des services complémentaires (yoga, ostéopathie, par exemple), s’il le faut et selon la clientèle.

De leur côté, les vétérinaires sont fortement impactés par l’automédication (55 % versus 19 % pour la moyenne des sondés), par les forums de santé (40 % versus 25 %) et les ventes illégales de médicaments à l’étranger (37 % versus 18 %). Par conséquent, ils sont les moins nombreux, comme les pharmaciens, à dire que l’impact d’Internet sur leur exercice est positif (40 % contre 54 % pour la moyenne). D’autre part, pour une majorité des vétérinaires sondés (58 % versus 43 % en moyenne), « la crise économique rend les gens plus attentifs à leurs dépenses de santé ».

Les vétérinaires ne se découragent pas

Toutefois, les vétérinaires tiennent le cap, les notes d’évaluation de leur situation ne baissent pas. Non découragés, ils recommandent (pour 50 %) aux jeunes d’exercer leur métier en libéral. Plus d’un quart d’entre eux déclarent augmenter leur chiffre d’affaires et leurs honoraires au fil du temps (28 % versus 11 % pour la moyenne des sondés). Du côté des évolutions, ils s’opposent à l’extension des prérogatives de prescription des infirmiers et des opticiens (60 % d’entre eux contre 42 % en moyenne). Il leur reste à s’adapter au changement de comportement des clients et à moderniser leur offre. Des missions qui demeurent difficiles à mettre en œuvre.

TROIS QUESTIONS À ARIANE GOVIGNON

ARIANE GOVIGNON Directrice générale de CMV Médiforce.

À quels changements les professions libérales de santé (PLS) sont-elles aujourd’hui confrontées ?

À travers notre observatoire, nous avons relevé que l’offre médicale des PLS a évolué ces dernières années pour faire face à de nouvelles demandes de la clientèle. Elles sont conscientes qu’elles doivent s’adapter, compte tenu des difficultés de certains secteurs d’activité. La modernisation des équipements et des matériels de soins, l’ajout de nouvelles compétences sont nécessaires pour rester attractif auprès d’une patientèle devenue plus exigeante. Par ailleurs, les PLS se déclarent très préoccupées par le poids des charges fiscales et des contraintes administratives. C’est notamment le cas des vétérinaires.

Dans quel contexte avez-vous effectué votre observatoire ?

La loi de santé est venue télescoper notre enquête réalisée fin 2014. Les vétérinaires ne sont pas touchés par cette loi, mais ils se sentent très concernés par les réformes en cours en France. Je pense notamment au numerus clausus : ils font partie de ceux qui se déclarent les plus défavorables à cette déréglementation (78 % versus 71 % pour la moyenne des sondés). Ils sont prudents face à toutes ces évolutions qui pourraient les impacter prochainement. Une accumulation d’événements défavorables, la crise qui perdure, les tensions sur les budgets des clients et de leurs cabinets, la concurrence, les réformes sont venues perturber leur environnement de travail.

Quelles sont leurs principales préoccupations ?

La crainte de perdre leur liberté d’exercice est très forte. L’idée d’une financiarisation de leurs structures inquiète la plupart des libéraux de santé. Ils souhaitent rester indépendants : 90 % sont défavorables à l’ouverture du capital des sociétés d’exercice libéral (SEL). Être en libéral, c’est aussi savoir être confiant dans l’avenir. Certains oublient que des solutions d’investissement existent en France. Certes, il faut oser s’engager financièrement, par exemple sur une période de 5 à 7 ans. Pour notre part, nous proposons divers types de financement selon les besoins, pouvant notamment varier de 20 000 à 500 000 €, s’il s’agit d’investir dans des équipements onéreux, comme en radiologie.

Propos recueillis par C. B.

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