Splendeur de la vie rustique

Dans la campagne bressanne des années 1970, une fermette où vit un couple d’octogénaires. Jules, forgeron, passe ses journées à créer des objets en fer. Sa femme, Félicie, s’occupe du potager, prépare le repas et partage avec lui le café dans la forge. Simplicité confondante d’une vie quotidienne qui transcrit l’intimité de toute une vie… avant que le passage du temps n’implique la disparition et la solitude.

Dominique Benicheti commence la réalisation du Cousin Jules en 1968. Tourné en CinémaScope(r) et en stéréo, son documentaire illumine la vie rurale par son exceptionnelle attention aux gestes, aux mains, aux objets et aux variations de la lumière. La splendeur du simple ordinaire rustique a été rarement aussi bien exposée : rituel matinal du rasage, repas du chat, cheval tirant des fagots… Images contemplatives, d’une grande modernité par la radicalité du parti pris, mais qui convoquent également les grands peintres du XIX^e siècle. En arrachant de l’oubli la vie humble et digne des campagnes d’autrefois, le film le ressuscite comme par magie. En 1973, Le Cousin Jules reçoit le prix spécial du jury au Festival international du film de Locarno mais, ne pouvant être projeté dans les salles d’art et d’essai non équipées pour ce format, il reste méconnu pendant quatre décennies. Sa superbe restauration numérique permet enfin de réparer cette injustice.

Le Cousin Jules de Dominique Benicheti, avec Jules et Félicie Guitteaux, 1973, version restaurée inédite, 1 h 31, sortie le 15 avril.