LE PROFIL DES VÉTÉRINAIRES EUROPÉENS - La Semaine Vétérinaire n° 1626 du 17/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1626 du 17/04/2015

L’enquête du mois

Auteur(s) : Clarisse Burger

Résultats annuels, salaires, objectifs prioritaires, tarifs des actes, temps de travail, satisfaction professionnelle, encours clients, etc. La deuxième étude internationale Vetspanel du cabinet CM Research apporte de riches enseignements. Comme l’an dernier, les praticiens d’Europe du Nord semblent les mieux lotis, affichent des revenus plus élevés que la moyenne et se plaisent vraiment dans l’exercice de leur activité. Explications.

Les praticiens européens et américains ont-ils réalisé une bonne année 2014, leurs profits sont-ils significatifs, leurs modèles économiques se ressemblent-ils ? Le climat économique a affecté différemment les structures des quelque 3 000 praticiens interrogés par le réseau Vetspanel. Toutefois, sur le panel étudié sur deux années consécutives (voir encadré ci-contre), davantage de vétérinaires considèrent avoir réalisé de meilleurs résultats (34 % d’entre eux le disent en 2014 versus 28 % en 2013, soit un écart de six points). Un peu plus de praticiens chanceux (8 % en 2014 versus 6 % en 2013) affirment avoir eu de bien meilleurs résultats financiers, tandis qu’un tiers affichent des résultats identiques, comme l’année précédente. Enfin, ils sont moins nombreux à dire que leurs résultats sont plutôt mauvais ou pires que l’année précédente (25 % des sondés sont dans ce cas en 2014, versus 34 % en 2013).

Le climat économique

Concernant la situation de leur structure, la majorité des praticiens (70 %) interrogés déclarent plutôt s’en sortir, sans pour autant décider de se développer et/ou de recruter. Près d’un quart doivent faire face à des difficultés, mais ne réduisent pas leur effectif. Enfin, peu d’entre eux (5 %) déclarent être vraiment en difficulté, prévoyant une fermeture de la structure ou une réduction d’effectif, si la situation ne s’améliore pas. Pour leur part, les praticiens français sont plus nombreux que la moyenne à tenir le cap, avec ou sans plan de recrutement. Comme l’avait révélé l’étude précédente de Vetspanel, ce sont les vétérinaires des pays du nord de l’Europe et des États-Unis qui apparaissent comme les mieux lotis. Ils sont plus nombreux à se déclarer satisfaits sur le plan financier, à pouvoir planifier leur développement et leurs recrutements (Grande-Bretagne, Suède, Danemark, entre autres). Les praticiens d’Europe du Nord s’en sortent également mieux que ceux du Sud, en termes de revenus et d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Pour preuve, les Danois, les Hollandais, les Suédois et les Américains regroupent le plus de vétérinaires « très satisfaits au travail ». Une majorité de confrères français (76 %) se sentent contents au travail (« un peu satisfaits et très satisfaits »), mais seulement 8 % se disent très satisfaits (versus 18 % pour la moyenne des pays sondés).

Les revenus par profil

Les vétérinaires exerçant en activité canine, tous profils confondus (propriétaires de cabinets, associés, salariés à plein temps) gagnent en moyenne 50 959 € par an (avant impôts) dans les pays européens étudiés (selon le taux de change au 31 août 2014). Les praticiens français se situent au-dessus de cette moyenne, avec un revenu moyen annuel de 54 427 € en 2014. Il était de 53 138 € en 2013. Ce sont les confrères hollandais qui perçoivent les plus hauts revenus annuels (82 045 €), suivis par les Allemands (72 609 €) et les Danois (69 582 €). Les confrères britanniques se situent à la quatrième place, avec un revenu moyen annuel de 67 189 €. En 2013, les Danois occupaient la première place du podium, avec des revenus annuels de 72 769 €. Du côté des États-Unis, les revenus des confrères canins se rapprochent de ceux des Hollandais (81 219 €).

Il convient de préciser que les salaires varient en fonction de l’expérience, du rôle et des missions du professionnel. Toujours à l’échelle européenne (selon le taux de change au 10 février 2015), les salaires des vétérinaires employés à plein temps s’élèvent en moyenne à 37 921 € (hors Belgique et Suède, dont les données n’ont pas été communiquées). Sur la même période, les salaires annuels des employeurs (propriétaires de cabinets et associés) sont en moyenne de 58 566 € en Europe (hors Suède).

Les tarifs des actes

Les tarifs varient d’un pays à l’autre et selon l’acte. Par exemple, le tarif horaire d’une chirurgie pour animal de compagnie varie du simple au double, parfois au triple, selon le pays. Le tarif moyen de cet acte en France (182 €) se situe sous la moyenne européenne (203,20 €). Le prix moyen d’une consultation canine est de 34 € dans l’Hexagone (hors traitement), ce qui est similaire au prix moyen européen (34,50 €), mais inférieur à la moyenne de 35,70 € de l’ensemble des pays sondés (États-Unis inclus). Le tarif moyen d’un détartrage (sous anesthésie) pour un chat de 4 kg est de 91 € en France (versus 112,80 € pour la moyenne européenne). Enfin, le tarif de jour d’un acte incluant déplacement, euthanasie et gestion du corps s’élève en moyenne à 159 € en France (versus 156,50 € en Europe). Un tarif de nuit moyen incluant un acte de chirurgie et une euthanasie est de 172 € en France (versus 167,60 € en Europe). Le tarif moyen d’une puce électronique et d’une dose de vaccin antirabique est de 101 € en France (versus 75,20 € en Europe).

La promotion des services

Concernant la promotion de leur cabinet, les Français ont majoritairement (84 % versus 85 % pour tous les pays sondés) utilisé le bouche à oreille et les référés. Ils sont en revanche les moins nombreux du panel européen à parler de leur offre via un site web (39 % versus 56 % pour la moyenne) ou via les réseaux sociaux (12 % versus 48 % pour la moyenne européenne). La majorité d’entre eux (74 %) n’utilisent pas ces outils pour promouvoir leurs services (versus 40 % pour la moyenne). Enfin, 12 % des Français sondés (versus 6 % pour la moyenne) ne font pas de promotion. Ces réponses ont été données avant la sortie de l’édition 2015 du Code de déontologie, qui autorise notamment la communication sur la structure. Cette liberté de communiquer reste toutefois encadrée : la publicité est permise sur les panneaux en ville ou sur les bus, mais pas sur sa voiture professionnelle, par exemple.

La clientèle

Près de la moitié des cabinets (49 %) déclarent avoir bien géré et augmenté leur clientèle (hausse moyenne de 10 % pour les pays sondés), tandis que 21 % mentionnent l’avoir diminuée (baisse moyenne de 13 %). Pour leur part, 48 % des Français ont augmenté leur patientèle de 8 % en moyenne (versus 21 % qui l’ont baissée de 9 %). Les confrères belges, danois, britanniques et suédois sont plus nombreux à afficher une clientèle en hausse (jusqu’à 13 %) en 2014. Ces Européens du Nord ont globalement moins d’encours clients que les autres. Les cabinets victimes de mauvais payeurs se situent en Espagne et en Italie, ainsi qu’aux États-Unis. Moins affectés, les vétérinaires français sont 53 % à déclarer que peu de leurs clients (de 5 à 10 %) ont des difficultés à payer leurs factures (versus 37 % de praticiens qui le reconnaissent, pour la moyenne des pays étudiés).

La cadence de travail aurait-elle augmenté en 2014, dans les cabinets et les cliniques ? Cela dépend du pays. Les praticiens (tous pays confondus) voient en moyenne 18 animaux de compagnie par jour (versus 17 par jour en 2013). La France est en dessous de cette moyenne (15 consultations par jour, comme en 2013). Ce sont les praticiens britanniques qui en reçoivent le plus (28 animaux par jour, soit quatre de plus qu’en 2013), tandis que ce rythme quotidien a baissé en Allemagne, au Danemark et en Suède.

Les principaux défis

La stratégie des cabinets varie d’un pays à l’autre, compte tenu du contexte économique et du pouvoir d’achat de la clientèle. Parmi les objectifs fixés en 2014, un tiers des praticiens sondés veulent augmenter les prix de leurs produits (dont les médicaments), 39 % sont préoccupés par les encours clients, 39 % également par la concurrence et 27 % font face à la rivalité des pharmacies sur Internet. Enfin, un peu plus d’un quart des confrères souhaitent attirer de nouveaux clients. En France, plus d’un quart des vétérinaires veulent augmenter leur clientèle, 45 % souhaitent faire payer leurs clients, et un tiers aimeraient inciter les propriétaires d’animaux à suivre leurs recommandations. Enfin, 41 % songent à augmenter le prix des produits. En termes d’organisation, le management et la satisfaction des équipes au travail sont moins prioritaires pour l’ensemble du panel sondé.

Le temps de travail et la pratique

Concernant la répartition des missions au sein du cabinet, un peu moins de temps (48 % du temps hebdomadaire en 2014 versus 52 % en 2013) est consacré aux consultations pour les praticiens sondés. Le même nombre d’heures est cependant toujours réservé à la chirurgie (22 % du temps en moyenne). Le temps imparti aux urgences et aux autres services est, quant à lui, en baisse (9 % en 2014 versus 11 % en 2013). En revanche, les praticiens consacrent davantage de temps aux tâches administratives (13 % versus 10 % en 2013).

Concernant le temps de travail, ce ne sont ni les Français ni les Belges qui appuient sur la pédale de frein. Ils sont en effet les plus nombreux à cumuler les semaines de plus de 60 heures, tandis que les Danois, par exemple, effectuent rarement plus de 50 heures. Un tiers des répondants (tous pays confondus) déclarent se situer dans la fourchette comprise entre 31 et 40 heures hebdomadaires (versus 35 % en 2013). Enfin, tous pays confondus, la moyenne des heures de garde hebdomadaires effectuées est de 32, la France en comptabilisant 31, la Belgique 69, le nombre le plus élevé.

MÉTHODOLOGIE

La deuxième enquête internationale du réseau Vetspanel (détenu par le cabinet d’études CM Research, spécialiste du marché vétérinaire) a été réalisée entre le 23 octobre et le 22 décembre 2014 auprès de 2 976 praticiens de dix pays d’Europe et des États-Unis. L’étude a porté sur des structures de vétérinaires (propriétaires de leurs cabinets, associés, salariés) exerçant principalement en canine et étant membres de Vetspanel. Les participants britanniques (721) et français (533) sont les plus nombreux du panel sondé. La majorité (58 %) des répondants sont indépendants ou associés et 31 % sont salariés (à temps partiel ou à plein temps). Les référés et les vétérinaires à domicile sont peu représentés. Enfin, ces structures sont majoritairement de petite taille : 46 % ont entre deux et quatre vétérinaires, 29 % en ont moins de deux, et un quart en regroupent plus de quatre.

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