La maltraitance animale, marqueur de violences domestiques - La Semaine Vétérinaire n° 1626 du 17/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1626 du 17/04/2015

SANTÉ PUBLIQUE

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ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : Bénédicte Iturria

La relation entre les violences familiales et la maltraitance animale sera cette année incluse dans la campagne de prévention des violences domestiques aux Pays-Bas. C’est ce qu’a annoncé récemment le secrétaire d’État à la Santé, Martin van Rijn, dans une lettre adressée au président de la chambre des députés.

Selon des travaux menés en Australie, au Canada, en Irlande et aux États-Unis, la violence au sein d’un foyer va souvent de pair avec la maltraitance des animaux de compagnie. La présence d’animaux maltraités est souvent un signal de violence entre les membres de la famille et, réciproquement, la violence familiale peut aussi signifier que l’animal subit de mauvais traitements. C’est ce qu’a confirmé une étude réalisée en 2012 par l’université d’Utrecht, en collaboration avec Kadera – organisation qui propose hébergement et soutien aux victimes de violences domestiques – et l’association de protection animale Hondenbescherming.

Les animaux maltraités, signaux de violence familiale

L’étude1, intitulée « Les relations entre la violence domestique et la maltraitance animale », s’appuie entre autres sur le témoignage de 51 femmes battues ayant séjourné dans des structures d’accueil (voir encadré).

Selon Martin van Rijn, les professionnels concernés doivent être en mesure de reconnaître ces signes de violence. Il souhaite les sensibiliser et renforcer leur expertise par le biais de formations telles que colloques, cours et dépliants, assurées par l’autorité de sécurité alimentaire en charge du bien-être animal. Il entend aussi leur offrir la possibilité de travailler en réseau pour un meilleur échange des informations. Ce lien entre violence familiale et maltraitance animale figurera sur le site internet de la campagne de prévention des violences domestiques, www.vooreenveiligthuis.nl.

Par ailleurs, le secrétaire d’État va étudier la possibilité d’adjoindre un protocole “maltraitance animale” aux mesures en vigueur relatives à la prévention des violences domestiques, que doivent suivre les accompagnants pour répondre de façon adéquate aux signaux de violence.

L’accueil des animaux

Un autre point important concerne l’accueil des animaux, sujet ayant fait l’objet d’un autre rapport intitulé « Violence domestique, animaux de compagnie et accueil »2, rédigé à la demande du secrétaire d’État et publié en novembre 2014. Ce document analyse la situation actuelle dans les centres d’accueil pour femmes. Il en ressort que les institutions ne demandent généralement pas aux victimes si elles possèdent un animal, et qu’inversement, ces dernières ne le signalent pas toujours. Les structures d’hébergement ont cependant de plus en plus conscience de cette problématique et de l’importance que revêt l’animal dans de telles situations de détresse.

Des projets pilotes

Des projets pilotes voient le jour, offrant aux victimes la possibilité d’une prise en charge de leur animal. Parmi eux figure « Garder mon animal », initiative de Kadera, en collaboration avec l’International Fund for Animal Welfare (IFAW), née en juillet 2014 pour une durée d’un an. Kadera dispose dans tout le pays d’un réseau de familles d’accueil qui peuvent proposer un hébergement sûr et adapté à un animal lorsque sa propriétaire quitte le domicile conjugal.

La sécurité des femmes étant primordiale, seule l’association a connaissance du lieu d’hébergement de l’animal. Les coordonnées de la propriétaire ne sont pas non plus révélées à la famille d’accueil. La victime n’a donc pas la possibilité de rendre visite à son animal, mais reçoit de la part de l’association, toutes les deux semaines, des nouvelles assorties de photos.

Dès que la victime est accueillie dans un foyer, son animal est examiné par un vétérinaire et, si besoin, par un comportementaliste afin d’évaluer une éventuelle agressivité. Tout est mis en œuvre pour que l’animal s’accorde le mieux possible avec sa famille d’accueil. La prise en charge est gratuite. Si elle le souhaite, la propriétaire peut cependant participer aux différents frais, tels que de nourriture. Elle demeure responsable de son animal et est toujours consultée lorsque des soins vétérinaires sont nécessaires. Lorsque la victime se sent prête à quitter le centre d’accueil, elle le signale à l’association qui se charge de lui restituer l’animal dans la semaine qui suit.

Le conseil municipal d’Amsterdam a également mis en place un projet, en partenariat avec un refuge de la ville, permettant un accueil des animaux pour une durée maximale de 28 jours. La propriétaire a ainsi le temps de trouver une solution d’hébergement pour son animal dans son entourage, de s’orienter vers les familles d’accueil Kadera, voire, dans certaines situations, de décider de son abandon.

Dans le courant de l’année, les résultats de ces projets pilotes seront évalués par la fédération des structures d’accueil et l’association des municipalités néerlandaises, qui décideront de les intégrer ou non dans leur programme régional destiné à lutter contre les violences conjugales.

  • 1 Garnier W., Enders-Slegers M.-J. Huiselijk geweld en dierenmishandeling in Nederland, Nov. 2012.

  • 2 Kriek F., Oude Ophuis R. Huiselijk geweld, huisdieren en opvang, Nov. 2014.

51 FEMMES BATTUES TÉMOIGNENT

• 33 % des (ex-) conjoints ont menacé de s’en prendre à l’animal du foyer.

• 55 % des (ex-) conjoints ont à plusieurs reprises maltraité, voire tué l’animal, et dans 60 % des cas les enfants ont été témoins de ces actes de cruauté.

• 11 % ont utilisé l’animal pour blesser leur épouse.

• 41 % des femmes ont attendu avant de fuir le domicile conjugal, craignant pour la sécurité de leur animal, celui-ci constituant un moyen de pression et de chantage. Leur appel à l’aide se fait en moyenne 52 semaines plus tard qu’une victime sans animal.

• Les femmes battues ont amené plus souvent leur animal chez le vétérinaire.

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