COURRIER

Pierre May, vétérinaire ostéopathe à Faverges (Haute-Savoie), a réagi à notre article en ligne, intitulé « Plan d’investissement des entreprises : les TPE oubliées ? » (13/4/2015).

Je suis bien d’accord sur ce point : une fois de plus, les petites entreprises sont oubliées. Et pourtant, nos structures vétérinaires investissent ! Pour notre part, nous avons investi depuis quatre ans dans une nouvelle clinique, notre activité affiche une croissance à deux chiffres, nous avons embauché deux auxiliaires spécialisés vétérinaires et deux vétérinaires salariés, sans la moindre aide financière, sans aucun avantage fiscal. Rien de tout cela !

Enfin, début 2015, notre comptable au moment du bilan annuel nous a fait comprendre que nous allons « nous faire massacrer par les impôts avec de tels résultats financiers ! » Nous vivons une époque formidable, on nous remercie de créer des emplois, c’est super-motivant !

Heureusement que nous ne travaillons pas, contrairement à ce que le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, pourrait croire, uniquement pour le dernier chiffre qui figure en bas à gauche…

Guillaume Collignon a réagi en ligne à notre dossier intitulé « Se regrouper, tout en gardant son indépendance », paru dans La Semaine Vétérinaire n° 1623, en pages 29 à 34.

Il y a matière à réagir sur le sujet. Pragmatiquement, peu de confrères apprécieront de faire une césarienne à 2 h du matin en se disant que ce sera un vil actionnaire inconnu ou un gérant en costume-cravate qui en palpera les bénéfices. D’un autre côté, aucun fonds de pension n’a envie d’investir dans nos structures peu rentables, qui peinent souvent à rémunérer décemment leurs salariés et leurs gérants.

L’un des piliers de notre indépendance, qu’il s’agisse de médecine, de prescription ou de domaines d’activités, tient justement au fait que ce sont les praticiens qui sont majoritairement propriétaires et gérants de leurs structures. Cela se comprend, car l’essence même de notre métier est l’implication à la limite de la passion, ce qui est bien plus en accord avec le statut de chef d’entreprise multi-compétent (et hyper-compétent !) qu’avec celui du salarié qui fait son travail de médecin, sans se préoccuper particulièrement des choix stratégiques à long terme de son entreprise. Et si le principe des hyper-structures regroupées a un avenir en canine, il en a beaucoup moins en mixte, où la relation humaine de proximité revêt une importance considérable, et où le praticien a besoin de maîtriser les tenants et aboutissants de tous ses choix.

Les deux modèles se tiennent, et d’ailleurs cohabitent, mais notre maillage territorial, un des piliers de notre profession, ne peut exister que par la présence de ces “petites” structures assurant le service de proximité en milieu rural.

On pourrait imaginer le gros voulant manger le petit, ou encore la ville qui veut manger la campagne, mais je préfère que ces deux modes d’exercice cohabitent et soient complémentaires.