L’abord des plaies chez le cheval : suturer ou non ?

La cicatrisation est un processus complexe divisé en trois phases. La première est la phase inflammatoire qui permet le débridement et conditionne les phases suivantes de réparation (prolifération cel­lulaire ou granulation) et de maturation (contraction et modification de la matrice extracellulaire).

SUTURER OU NON ?

La cicatrisation par première intention est généralement utilisée pour les plaies franches et récentes (la règle des 6 heures, “si on peut suturer, on s’adapte”, doit être adaptée au contexte et au cheval). Tout ce qui peut permettre de limiter la surface de cicatrisation par seconde intention est à considérer.

A contrario, en présence de plaies très abîmées, la suture est à éviter, car elle ne serait pas suffisamment solide et les germes ne seraient pas éliminés. Par ailleurs, laisser la plaie ouverte permet son drainage. La cicatrisation par première intention retardée consiste à gérer une plaie ouverte (plaies contaminées, contuses et œdématiées), puis à la suturer. La plaie est donc soignée pendant 5 à 8 jours, et sa fermeture retardée si cela est possible. Ce mode de traitement, pourtant intéressant, est peu utilisé.

LES CLÉS D’UNE BONNE SUTURE

Plusieurs principes sont à respecter pour la suture :

– bien apposer les marges de la plaie ;

– réduire les espaces morts et utiliser un drain ;

– ménager la vascularisation ;

– diminuer la tension sur les marges immédiates de la plaie. La suture s’effectue plan par plan, en veillant à ne pas utiliser une quantité excessive de matériel. Si la tension est faible, le fil sous-cutané n’est pas nécessaire. L’impératif, concernant le muscle, est de suturer le fascia à l’aide de fil résorbable. Cette membrane n’est pas immédiatement visible et le praticien est souvent amené à aller la chercher à l’arrière. Les points en X sont efficaces sur le muscle.

Sur la peau, le fil irrésorbable est préféré. Pour les plaies situées dans des zones sensibles telles que l’aine, l’utilisation de fil résorbable est néanmoins possible. Un retrait délicat peut ainsi être évité.

Par ailleurs, lors d’incision curviligne, les tensions sont mieux réparties. Il convient de garder cela à l’esprit au moment de la suture de la peau.

TECHNIQUES DE SUTURE AVEC RÉDUCTION DES TENSIONS

L’utilisation des tubulures est intéressante pour éviter l’effet incisif des sutures. Dans certains cas, une plastie, qui consiste à effectuer une nouvelle incision chez le cheval afin de fermer la plaie, peut être pratiquée.

Le point en huit permet d’apposer deux plans différents. Pour une plaie sur les naseaux, par exemple, les différentes couches sont apposées en un seul point.

Le chirurgien peut être amené à effectuer une suture de la boîte cornée, pour laquelle l’apposition est également possible. Une perceuse est nécessaire à cette intervention. La bande coronaire doit être préservée et apposée avec précision. L’utilisation d’une combinaison de points en U est possible. Il convient, pour ne pas léser les fibroblastes, de parer la paroi pour éviter la lacération.

Les sutures tendineuses constituent un autre cas particulier. Celles-ci n’étant cependant pas résistantes, le chirurgien y a rarement recours. La cicatrisation de l’extenseur est généralement efficace sans suture des extrémités. Dans le cas d’une plaie avec tendon, il convient de parer ce dernier et de l’apposer au tissu sous-cutané ou au périoste pour limiter ses mouvements.

Cicatrisation par seconde intention

Si la plaie ne peut pas être fermée ou lors de contamination sévère, la cicatrisation se fait par seconde intention. L’utilisation de compresses et de topiques adaptés présente alors un intérêt non négligeable¹.

Une plaie de boîte cornée peut être un exemple de cicatrisation par seconde intention en l’absence de corne. Si la corne est toujours attachée au corium lamellaire, il importe de la conserver.

• 1 La gestion des plaies sera abordée dans le prochain numéro de La Semaine Vétérinaire, daté du 17 avril.