« J’ai été sélectionné en raison de mon engagement »

Je ne suis pas obsessionnellement en quête d’exposition médiatique, et tout ce qui m’est arrivé avec les médias est lié à mes prises de positions pour faire comprendre qu’un animal est un être sensible et intelligent. Je condamne notamment l’élevage intensif, l’existence des systèmes d’abattage centralisé, et je refuse l’euthanasie de convenance.

Au cours de mes études, je me suis formé en médecine interne – ma première passion – en Amérique du Nord, où j’ai rencontré des confrères et d’autres scientifiques qui attribuaient le statut de personne à l’animal. Je me suis rendu dans des pays pauvres où j’ai été étonné de voir des chiens et des chats errants se nourrir de déchets sans chasser et adopter une vie sociale plus importante que nos animaux de compagnie.

En 1995, je me suis associé avec le premier vétérinaire devenu comportementaliste en France, Patrick Payancé, qui a ouvert la première consultation de comportement à l’École vétérinaire d’Alfort. En 1999, j’ai participé à des tables rondes à l’occasion de la loi de moralisation de l’élevage et je suis devenu formateur pour les auxiliaires vétérinaires, en comportement et zootechnie, puis pour les éducateurs et les éleveurs canins. J’ai écrit des centaines d’articles dans la presse généraliste ou cynophile, notamment sur le fait que j’étais opposé à la catégorisation administrative des races de chiens. C’est sans doute pour mes compétences en comportement et pour mes prises de position que j’ai été contacté par les médias au début des années 2000. En 2004, j’ai rencontré Bertrand Deputte, éthologiste, chercheur et primatologue recruté par l’école d’Alfort pour enseigner l’éthologie aux étudiants. Il a été mon maître et, depuis cinq ans, je soutiens et participe à différents travaux dans cette discipline en collaboration avec des chercheurs juniors, doctorants, et seniors, habilités à diriger des recherches.

Comprendre l’animal

En 2014, j’ai été casté par M6 pour l’émission Happy Dog. Mon objectif était de faire comprendre qu’un chien ne se comporte pas mal parce qu’il est atteint d’une maladie du comportement, mais parce qu’il réagit, dans la majorité des cas, à des éléments de son environnement qui ne lui sont pas favorables. Les médicaments et un diagnostic psychopathologique ne sont pas la solution : comprendre ses états mentaux, mieux communiquer avec lui, respecter ses besoins et adapter son environnement permet en général d’éliminer les comportements adaptatifs gênants pour les humains. J’ai été sélectionné en raison de mon engagement.

La société progresse grâce aux idées et à la pensée partagée. Ce sont actuellement des philosophes, des sociologues ou des éthologues qui se positionnent pour la reconnaissance des animaux comme êtres intelligents et sensibles. Le vétérinaire n’a pas pris la place qu’il devrait occuper : montrer aux gens que les animaux ont des capacités de cognition développées, car il est à l’interface entre la connaissance scientifique et le quotidien. Notre présence dans les médias en tant que professionnels engagés pour les animaux est d’une grande importance.